Présidentielle au Gabon : pouvoir et opposition s’accusent mutuellement de rachat de cartes d’électeurs
À la veille de l’élection présidentielle, les partisans du président sortant Ali Bongo Ondimba et son principal rival Jean Ping s’accusent mutuellement d’organiser le rachat de cartes d’électeurs, un document pourtant non-obligatoire pour aller voter. Samedi 27 août, chaque électeur pourra en effet se rendre au bureau de vote muni une simple pièce d’identité.
Les soupçons portent sur des rachats de cartes électorales que les quelque 628 000 électeurs inscrits pouvaient retirer jusqu’à vendredi midi (11h00 GMT) en vue de la présidentielle à un tour prévue samedi 27 août.
« À Oyem, dans le nord du pays, où je suis en ce moment, des équipes pro-Ali Bongo font du porte-à-porte pour racheter les cartes aux gens », a déclaré à l’AFP une figure de la société civile, l’opposant Marc Ona. « Surtout dans les villages, ils profitent de la pauvreté des gens qui ne comprennent pas le sens du vote », accuse-t-il, avançant un prix entre 10 000 et 50 000 FCFA (15 et 75 euros). Au Gabon, le salaire minimum s’élève à 80 000 FCFA par mois.
« Certaines équipes de Jean Ping dans le 4e arrondissement de Libreville achèteraient des cartes d’électeurs. Ils veulent organiser l’abstention dans des fiefs d’Ali Bongo. Ces gens-là (qui vendent leur carte) ne voteront pas », assure de son côté le porte-parole du gouvernement et du président-candidat, Alain-Claude Bilie-By-Nze.
Beaucoup d’accusations de fraudes
« Nous savons qu’il y a beaucoup d’accusations dans ce sens et nos observateurs sur le terrain suivent cela, mais ils ne font leur rapport que sur les preuves qu’ils récoltent eux-même », a déclaré la porte-parole de la mission des observateurs de l’Union européenne (UE), Sarah Crozier.
« Nous savons qu’Ali Bongo va essayer de tricher, tout comme il l’a fait en 2009 », a déclaré Jean Ping, au quotidien américain USA Today.
« Mais nous savons comment il va tricher et nous ferons tout pour prévenir cela », a ajouté l’ex-patron de l’Union Africaine, qui a reconnu avoir été lui-même témoin de fraudes électorales quand il était au cœur du système avec l’ancien président et père de l’actuel, Omar Bongo Ondimba.
Dernière ligne droite
Franceville, Port-Gentil et enfin Libreville : Ali Bongo va multiplier les sauts de puce en jet privé pour terminer sa campagne par un rassemblement qui s’annonce massif dans le stade d’un quartier populaire de la capitale.
L’équipe de campagne d’Ali Bongo a prévu des « points d’embarquement » annoncés dans la presse pour le « transport des populations » vers ce meeting de clôture au stade de Nzeng-Ayong à partir de 14h00 (13h00 GMT).
De son côté, Jean Ping, va également tenir une réunion publique dans la capitale, avant une « messe d’action de grâce ».
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