Tunisie : l’Assemblée approuve le gouvernement Chahed
Avec 167 voix sur 217 et au bout d’une séance marathon de 15 heures, Youssef Chahed a obtenu, le 26 août, la confiance de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) pour le nouveau gouvernement dont il est le chef désormais.
Déterminé et sans langue de bois, Youssef Chahed semble décidé à rompre avec les codes et à se faire comprendre de tous. Il a d’ailleurs employé le dialecte tunisien dans son discours.
Il a rappelé les chiffres alarmants sur la situation socio-économique de la Tunisie, annoncé une entrée en austérité en 2017 si rien n’était fait à très court terme et remis les pendules à l’heure notamment sur les relations du pays avec les bailleurs de fonds internationaux, en particulier le Font monétaire International (FMI).
Ce ton nouveau, décomplexé et plein d’assurance pour annoncer les objectifs du gouvernement a néanmoins soulevé des critiques tant chez les élus que dans l’opinion publique.
Attendre pour voir
Échaudés par les promesses de six gouvernements successifs depuis 2011, les Tunisiens ont pris note d’un changement de stratégie en termes de communication, apprécient l’effort mais évitent les démonstrations d’enthousiasme. « J’attends de voir avant de juger ,» écrit Sami Ben Sassi, un médecin dont les opinions comptent sur les réseaux sociaux.
Zeineb Turki, du parti Afek Tounes, abonde dans le même sens à titre personnel bien que son parti ait finalement soutenu le gouvernement Chahed.
Des nominations qui ne passent pas
Les principales réserves ont émises contre le nouveau Ministre de la Culture, Mohamed Zine El Abidine, qui avait soutenu Ben Ali, ainsi que celui de la Fonction publique et de la bonne gouvernance, Abid Briki, à qui l’on reproche d’avoir été un leader de l’UGTT quand la centrale syndicale était à la botte de Ben Ali. Mais le plus contesté des ministres est celui des Affaires Religieuses, Abdejalil Ben Salem, qui avait déclaré lors d’une conférence en 2011 : « Nous sommes persuadés que Dieu nous fera vaincre et que l’islam politique s’emparera de chaque foyer. Entre-temps, il faut faire preuve de leadership et de patience pour réaliser ce projet. »
Controverses
Lors de la séance, les députés sont largement revenus sur la lutte contre le terrorisme et la corruption en considérant que le gouvernement devait déclarer une guerre sans merci à ces deux fléaux. Nombre d’entre eux ont rappelé les attentes des régions déshéritées et celles des jeunes qui ont perdu tout espoir d’embauche. Beaucoup se sont insurgés sur l’austérité qui se profile à l’horizon 2017 et ont réclamé des mesures urgentes en direction des démunis en matière d’approvisionnement notamment en eau potable.
Mabrouk Hrizi, de Harak Tounes Al Irada, s’est distingué en déchirant devant les caméras une copie du document de Carthage, feuille de route de l’exécutif établie par les concertations préalables et approuvée par 9 partis et 3 instances nationales
Pas de période de grâce
Youssef Chahed, dont l’équipe a été approuvée avec le même nombre de voix que celle présentée par son prédécesseur Habib Essid en février 2015, a gagné cette première manche face à l’ARP mais il sait que les élus ne l’épargneront pas. Aucun d’entre eux n’a toutefois relevé les deux engagements importants de Chahed : accélérer la promulgation des décrets d’application des lois – un point essentiel aux réformes relevant du Premier Ministère – et la mise en place d’une nouvelle loi portant sur les médias.
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