« Timbuktu » reporté en banlieue parisienne, des « tensions » autour d’Hayet Boumeddienne
Le maire de Villiers-sur-Marne, commune de banlieue parisienne, dont est originaire Hayat Boumeddienne, la compagne du jihadiste Amédy Coulibaly, a reporté la diffusion du film « Timbuktu » d’Abderahmane Sissako, en raison, selon lui de « tensions », entre les jeunes et la population.
![Une scène du film Timbuktu. © Le Pacte](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2015/01/16/016012015153632000000timbuktubon.jpg)
Une scène du film Timbuktu. © Le Pacte
Selon Jacques-Alain Bénisti, maire (UMP) de Villiers-sur-Marne, il y aurait eu des tensions "importantes" dans sa ville après les attaques de la semaine dernière à Paris, notamment parce que la compagne d’Amedy Coulibaly, Hayat Boumeddiene, est originaire de cette commune.
"Le projeter actuellement serait une mauvaise chose"
"Il y a eu un certain nombre de jeunes qui ont dit que Hayat était leur héros", assure t-il à Jeune Afrique. "C’est un film qui véhicule un message et le projeter actuellement serait une mauvaise chose.
La projection de Timbuktu au cinéma municipal cette semaine a donc été annulée.
Encensé par la critique depuis sa présentation, à Cannes, en mai 2014, le film d’Abderahamme Sissako vient d’être nommé aux Oscars, dans la catégorie meilleur film étranger. Le drame raconte la prise de pouvoir des jihadistes dans un village proche de Tombouctou.
"Le film a simplement été reporté, il sera diffusé dans quinze jours. On va le projeter trois fois dans la semaine et il y aura un débat après une des projections", assure le maire.
"C’est moi qui ai demandé à ce qu’on le projette. On a pas mal de population malienne à Villiers-sur-Marne, il était important de le passer", ajoute t-il.
L’affiche de la ville annonçant la déprogrammation de Timbuktu #onattendladiffusionavilliers pic.twitter.com/hZkXYq8gKQ
— Frederic Massot (@fredericmassot) 16 Janvier 2015
"Un film qui apaise les tensions"
Une décision que ne comprend pas Frédéric Massot, élu PS de la ville.
"Je n’ai pas entendu parle de troubles ou de tensions liées à Hayat Boumeddiene ", explique t-il à Jeune Afrique. "Peut-être qu’il y a des jeunes qui ont dit qu’elle était leur héros, et alors ? Quel est le rapport avec le film ?".
"Je ne vois pas en quoi ne pas le diffuser exacerberait les tensions, au contraire, selon moi, il a plutôt tendance à les apaiser", ajoute t-il.
Frédéric Massot dit regretter que la "leçon de la semaine dernière" n’ait pas été entendue : "les enseignements de ce qu’on vient de vivre ces derniers jours en France c’était pourtant de ne rien céder sur la liberté d’expression."
>> Lire aussi l’interview d’Abel Jafri, l’acteur jouant le rôle d’un des fondamentaliste dans le film
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