Mali : Guida Landouré, un neurologue à la pointe de la génétique

Formé à Bamako, aux États-Unis et en Grande-Bretagne, ce neurologue malien est dans sa spécialité le seul chercheur et praticien hospitalier de son pays à travailler sur les maladies génétiques rares.

Guida Landouré, neurologue malien de 44 ans, spécialisé dans les maladies héréditaires. © Emmanuel Daou Bakary pour JA

Guida Landouré, neurologue malien de 44 ans, spécialisé dans les maladies héréditaires. © Emmanuel Daou Bakary pour JA

Publié le 30 août 2016 Lecture : 3 minutes.

Il nous a donné rendez-vous en face du nouveau bâtiment du service de neurologie du Centre hospitalier universitaire (CHU) du Point G, perché sur la colline éponyme du Nord de Bamako, à 9 h du matin. Alors que les malades s’entassent déjà dans la salle d’attente, Guida Landouré nous guide jusqu’à son bureau, une grande pièce où s’accumulent des centaines de dossiers de patients, version papier. Le neurologue de 44 ans est spécialisé dans les maladies héréditaires.

Formé à la faculté de médecine de Bamako, il est le récipiendaire d’une bourse de plus de 1,27 million de dollars (plus de 1,12 million d’euros) sur quatre ans du fonds Human Heredity and Health in Africa (H3 Africa), une initiative américano-britannique destinée à soutenir la recherche génétique sur le continent. « Ce qui est intéressant pour l’avancée génétique mondiale quand on travaille sur le Mali, c’est que les fratries étant plus nombreuses qu’en Europe, par exemple, l’échantillonnage est plus conséquent, explique le médecin. On peut détecter les gènes défaillants plus rapidement et, donc, mieux traiter les maladies héréditaires. »

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Protocole de recherche

C’est en 2002, au sortir de sa thèse, alors qu’il est médecin bénévole au CHU du Point G, que Guida Landouré rencontre des collaborateurs américains du National Health Institute (NHI) basé à Bethesda, dans le Maryland, aux États-Unis, alors qu’ils étaient en visite au CHU. Ces derniers le convainquent de venir occuper un poste de chercheur postdoctoral (PhD) à Bethesda. Il avait surtout envie de faire de la neurologie clinique, mais jusqu’en 2013 sa spécialité n’était pas enseignée dans le pays (il fallait aller en Côte d’Ivoire ou en Algérie pour suivre une formation diplômante complète).

Par défaut, Guida Landouré opte donc pour la recherche et s’envole pour le Maryland fin 2004. En accord avec l’équipe du NHI, à partir de 2007, il poursuit son PhD à l’University College of London (UCL), au Royaume-Uni, avant de revenir quelques mois aux États-Unis pour finaliser ses techniques de recherche. « J’étais à l’étranger mais mon cœur était au Mali. J’ai toujours eu envie de revenir », précise-t-il.

Guida Landouré partage son temps entre ses nombreux patients de l’hôpital et les 123 familles qui font partie de son protocole de recherche

En 2010, il rentre au pays, où il reste pour le moment le seul chercheur et praticien hospitalier à travailler sur les maladies génétiques rares dans sa spécialité. Aujourd’hui, le neurologue partage son temps entre ses nombreux patients de l’hôpital et les 123 familles qui font partie de son protocole de recherche, dont le H3 Africa finance le bon déroulement.

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Des équipements high tech… mais un laboratoire à refaire

Guida Landouré s’est cependant trouvé contraint de « détourner » une partie de ces fonds pour palier les déficiences de l’hôpital. « Un espace laboratoire était prévu au sein du nouveau bâtiment du service de neurologie, qui devait servir pour mes recherches. Mais comme il n’a pas été fait appel à des constructeurs spécialisés dans le médical, il n’est pas aux normes ! déplore-t-il. J’ai dû utiliser une partie de l’argent de ma recherche pour le réaménager. »

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Des travaux qui incluent de sceller certaines fenêtres pour en construire d’autres, de refaire la porte du laboratoire pour assurer l’étanchéité des lieux afin qu’ils soient hermétiques notamment à la poussière, ou encore d’installer un système de ventilation pour empêcher la propagation des solutés cancérigènes qui pourraient s’évaporer… Résultat : le laboratoire n’est toujours pas opérationnel, ce qui rend pour le moment impossible l’utilisation des machines achetées grâce au fonds H3 Africa, notamment un microscope Zeiss d’un montant de 188 000 dollars canadiens (environ 129 000 euros), reçu en décembre 2015.

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