Guinée : Alpha Condé – Cellou Dalein Diallo, un si long dialogue

Alpha Condé doit recevoir son principal opposant, Cellou Dalein Diallo, jeudi dans l’après-midi au Palais Sékhoutouréya. Une rencontre visant à relancer le dialogue national afin d’organiser des élections communales et communautaires apaisées.

Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo, le 6 novembre 2010 à Conakry. © Jerome Delay/AP/SIPA

Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo, le 6 novembre 2010 à Conakry. © Jerome Delay/AP/SIPA

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Publié le 31 août 2016 Lecture : 3 minutes.

Les Guinéens commencent à s’habituer aux rencontres Alpha Condé – Cellou Dalein Diallo, censées dénouer les crises plutôt que les prévenir. Il y a plus d’un an déjà, le 20 mai 2015, les deux hommes s’étaient retrouvés en tête-à-tête à Sékhoutouréya, après de nombreuses et violentes manifestations de l’opposition qui s’étaient soldées par des morts et des blessés par balle ainsi que plusieurs condamnations pour « attroupement illégal ». L’opposant était sorti du palais présidentiel « déçu » d’avoir parlé seul, son hôte ayant préféré l’écouter.

Les rôles risquent d’être inversés lors de la rencontre du 1er septembre. « Nous allons l’écouter [Alpha Condé, NDLR]. Si ses engagements sont rassurants, nous irons au dialogue », a confié à Jeune Afrique le chef de file de l’opposition guinéenne et leader de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG).

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De vieilles revendications

Comme en 2015, les mêmes revendications reviennent : la recomposition de la Commission électorale nationale indépendante et la tenue des élections communales et communautaires. Les délégués des partis politiques ont beau prêter le serment de neutralité imposé par la loi, le cordon ombilical continue à lier les commissaires de la Ceni à leur ancienne base politique. En témoigne le cri du cœur de l’opposition qui a dénoncé à de multiples reprises la rupture de la parité au sein de l’institution au gré des alliances et fréquents volte-face. Pour le scrutin présidentiel d’octobre 2015, faute d’avoir obtenu la recomposition de la Ceni, l’opposition s’était consolée avec deux postes de commissaires cédés par la mouvance présidentielle. Aujourd’hui, c’est le rapprochement entre l’Union des forces républicaines (UFR) de Sidya Touré et le pouvoir qui remet en avant la question de la parité de la Ceni.

L’attente des élections locales 

Cela fait six ans que la Guinée tente d’organiser des élections communales et communautaires. En 2010, faute d’unanimité, les partisans de la présidentielle avant les législatives et les locales l’avaient emporté. La priorité, à leurs yeux, était d’en finir avec la transition militaire. Si avec le régime civil les législatives ont pu avoir lieu trois ans plus tard, les locales continuent à se faire désirer. En 2015, Alpha Condé craignait de tomber dans une situation d’illégalité où l’aurait entraîné tout éventuel report du scrutin présidentiel. Il n’a ainsi pas cédé à la pression de son opposition qui dénonçait (et continue à le faire) l’expiration du mandat des élus locaux et l’installation des délégations spéciales jugées « illégales et à la solde du pouvoir ».

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Le 17 août, au sortir d’un tête-à-tête entre Alpha Condé et Sidya Touré, le leader de l’UFR, l’opposition, désespérée, renonce à exiger les locales avant la présidentielle au profit d’une solution facile : la recomposition de 128 communes sur 342 (38 rurales et 90 urbaines) au prorata des résultats obtenus par chaque parti politique lors des législatives de 2013, pour remplacer les 28 délégations spéciales du pouvoir et les autres élus au mandat échu. La signature trois jours plus tard, le 20 août, d’un accord politique après deux mois de dialogue présidé par le ministre guinéen de la Justice, Cheick Sako, en présence de la communauté internationale, renforce l’espoir d’aller vers une présidentielle apaisée.

Promesse non tenue

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Le point 12 de l’accord politique du 20 août 2015 prévoyait la tenue des élections communales et communautaires au 1er semestre de l’année 2016. L’irrespect de cette disposition a ramené la crise sur le devant de la scène. Le 16 août dernier, des centaines de milliers de militants et sympathisants de l’opposition battaient le pavé à Conakry pour demander, entre autres, la tenue des élections locales que la Ceni avait voulu renvoyer à la fin de l’année. C’est dans ce contexte très tendu qu’Alpha Condé et son principal opposant envisagent de se retrouver à nouveau ce jeudi.

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