Dialogue politique en RD Congo : avec qui et pour quoi faire ?
Le jeudi 1er septembre s’ouvre à Kinshasa le « dialogue national politique inclusif », sous la facilitation du Togolais Edem Kodjo. Qui a finalement décidé de prendre part à ces nouveaux pourparlers et quels sont les résultats escomptés ? Jeune Afrique fait le point.
Lors des travaux du comité préparatoire du dialogue politique en RD Congo, du 23 au 29 août à Kinshasa, les participants se sont accordés sur la représentation de chaque composante aux pourparlers proprement dits.
La Majorité présidentielle (MP), coalition au pouvoir, sera représentée par 68 délégués. Ce même quota a été alloué à l’opposition politique contre 39 représentants pour la société civile et 25 « personnalités » congolaises qui seront désignées par le facilitateur Edem Kodjo.
- Participe, participe pas
Au sein de l’opposition congolaise en revanche, les voix sont plus que jamais discordantes. Certains de ses leaders – à l’instar de Vital Kamerhe, ancien président de l’Assemblée nationale, et Léon Kengo wa Dondo, président du Sénat – ont choisi d’appeler leur parti et regroupement politique à prendre part au dialogue.
D’autres boudent ces pourparlers. Parmi eux, Étienne Tshisekedi, leader de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS, principal parti de l’opposition) ; Moïse Katumbi, candidat déclaré à la présidentielle à venir ; et le Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba. Conséquence : des alliances nouées ces derniers mois entre ces principaux opposants volent en éclats. Redessinant au passage le nouveau paysage politique congolais.
Passez la souris et cliquez pour voir les leaders de l’opposition congolaise qui ont choisi de participer, ou pas, au dialogue et leur interconnexion.
D’un côté, l’on retrouve l’opposition pro-dialogue regroupant principalement :
- l’Union pour la nation congolaise (UNC) et ses alliés dont Vital Kamerhe est leader,
- quelques élus du groupe parlementaire UDPS et alliés,
- l’Opposition républicaine (OR) de Kengo wa Dondo.
Même si la place de ce regroupement politique est contestée par d’autres opposants. « En vertu de la loi sur le statut de l’opposition, dès lors que ses membres ont accepté des postes ministériels, on ne peut plus considérer que cette plateforme fait partie de l’opposition », rappelle le sénateur Florentin Mokonda Bonza.
De l’autre côté, campe l’opposition anti-dialogue « made in Kabila », rangée derrière Étienne Tshisekedi, chef de file du Rassemblement des forces acquises au changement. Un regroupement né du conclave de Genval, dans la banlieue bruxelloise, dans lequel l’on retrouve, entre autres, le G7 et l’Alternance pour la République (AR).
« Au-delà de la récusation d’Edem Kodjo qui est notre préalable de forme, le facilitateur ayant démontré qu’il était venu pour exécuter le plan de Kabila, nous avons présenté des préalables de fond liés directement à notre participation au dialogue : la libération des prisonniers politiques et des médias et la cessation des poursuites contre Moïse Katumbi« , explique le député Delly Sesanga, président de l’AR.
- Sur la table du dialogue
Une « divergence sur un détail », assure-t-on à l’UNC. « Nous sommes d’accord avec le Rassemblement sur le fond : le dialogue doit se passer dans le respect de la Constitution et de la résolution 2277 du Conseil de sécurité. Mais quant aux préalables, s’ils n’ont pas été remplis avant les pourparlers, nous estimons qu’il faut aller à la table des discussions pour fléchir la position du pouvoir et obtenir satisfaction quant à ces exigences légitimes », explique Pierre Kangudia, proche et conseiller de Vital Kamerhe.
Mais sur le papier, « le présent processus de dialogue a été engagé pour traiter principalement de la problématique spécifique de l’organisation, dans le pays, d’élections apaisées, crédibles et transparentes, conformément aux principes énoncés dans la Constitution » de la RDC, rappelle la feuille de route de ces pourparlers.
Dans cette optique, 11 points ont été inscrits à l’ordre du jour. Il s’agit entre autres de l’évaluation du processus électoral, du fichier électoral, de la séquence des élections, du calendrier électoral et d’un accord politique à conclure à la fin des négociations.
« Si les conclusions de ce dialogue vont violer la Constitution, nous ne les accepterons pas », avertit Delly Sesanga. Pour lui, le président Joseph Kabila qui arrive le 19 décembre au terme de son second mandat, « ne cherche qu’à se repositionner grâce à une transition et une redistribution des postes ministériels pour rendre ensuite légitimes les questionnements sur le changement de Constitution. » Un « procès d’intention », rétorque le camp présidentiel.
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