Tunisie : premiers jours agités pour Youssef Chahed à la tête du gouvernement
Réunions, rencontres, conseils ministériels restreints : Youssef Chahed démarre sa première semaine à la tête de la primature sur les chapeaux de roue.
Le nouveau chef du gouvernement tunisien ne bénéficiera pas d’un délai de grâce ; depuis que son prédécesseur lui a remis les clefs de la Kasbah, des voix et des éléments contraires freinent la dynamique qu’il souhaite instaurer.
Des menaces à peine voilées
Le gouvernement d’union nationale, qui rassemble sept partis et trois organisations nationales, repose sur un terreau fragile. Sans même attendre les premiers pas de l’exécutif, Rached Ghannouchi, président d’Ennahdha, ainsi que Houcine Abassi, secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) montent au créneau. Ce dernier assurait sur Shems FM le 29 août que « la présence de figures syndicales au sein du gouvernement de Youssef Chahed ne signifie pas que le syndicat est concerné par le pouvoir et la gouvernance », ce qui veut dire au contraire que la Centrale ne tolérera pas que l’austérité annoncée affecte les revenus des travailleurs. Des arguments largement repris par d’autres dirigeants syndicalistes.
Des consignes
Mais le premier coup – et le plus inattendu – vient de Rached Ghannouchi. Celui-ci a choisi le bassin minier de Gafsa, là où l’économie tunisienne souffre le plus, pour tirer sa première salve. Dans une déclaration à la radio Gafsa, le leader islamiste a soutenu le 28 août que « la région était marginalisée et laissée pour compte, [qu’il comprenait] les protestations de ses habitants, et qu’il fallait la faire bénéficier d’une part des bénéfices du phosphate ». Assez pour raviver les tensions et alimenter les revendications d’une région où la production est à zéro depuis trois jours. Certains avaient également relevé qu’au moment même de la prestation de serment du gouvernement, la route de Meknassy était bloquée.
Terrorisme
Mais la déclaration la plus surprenante, aux fausses allures de prophétie, vient de Hamadi Jebali. L’ancien chef du gouvernement avait prédit sur sa page Facebook « une flambée certaine et prochaine de violence et de terrorisme ». Et il avait vu juste : depuis le 29 août les confrontations avec des cellules terroristes se multiplient, avec trois morts dans les rangs des forces de l’ordre sur le mont Sammema et des affrontements à Kasserine.
Les extrémistes donnent de la voix
Hizb Ettahrir, parti salafiste dont les activités avaient été gelées avant d’être a nouveau autorisées, use de la provocation et s’oppose en place publique aux forces de l’ordre venues démanteler les enseignes installées par le parti. Dans un communiqué publié le 30 août, la formation, qui souhaite l’instauration d’un califat, avait menacé les Tunisiens, le gouvernement et tous ceux qui lui seraient opposés « de mains et pieds coupés ».
Une agitation qui ne semble pas troubler Youssef Chahed. Pour le moment, le Premier ministre met en place son cap et ses équipes sans réagir aux attaques des uns et des autres. Il a pour première responsabilité le sauvetage du pays et une obligation de résultats.
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