Maghreb : une rentrée scolaire sous le signe de la réforme
Les élèves marocains, algériens et tunisiens reprendront le chemin de leurs écoles à partir du 6 septembre. Plusieurs nouveautés les attendent.
Au Maroc, la rentrée scolaire sera accompagnée d’un grand nettoyage dans les programmes d’enseignement. Sur instructions royales, le gouvernement a décrété la révision des manuels scolaires afin d’en enlever toute représentation sexiste ou contraire à l’esprit de l’islam tolérant. Près de 364 ouvrages, du primaire au lycée, ont été évalués pour vérifier leur conformité avec les valeurs de la Constitution de 2011 et avec les conventions internationales signées par le Maroc. Sur cet ensemble, 164 manuels ont été révisés car contenant effectivement des représentations dégradantes de la femme, de l’islam et du vivre-ensemble.
Le 19 septembre, jour de la rentrée des classes, les élèves auront de nouveaux manuels islamiques nettoyés des expressions incitant au jihad ou au rejet de l’autre et des autres croyances. Porte-voix de la réforme de l’islam, Mohammed VI veut donner l’exemple chez lui. « L’enseignement de cette matière respectera l’âge de l’enfant et sa capacité d’absorption. Fini le bourrage de crâne ! Dans le primaire, on n’enseignera aux enfants que la pratique élémentaire de l’islam. Au fur et à mesure qu’ils progressent dans leur cursus, ils pourront alors approfondir la connaissance de leur religion, mais toujours dans le respect du vivre-ensemble », explique un responsable du ministère de l’Éducation nationale.
Algérie : lutter contre la médiocrité
En Algérie, où plus de 8,1 millions d’élèves rejoindront leurs classes le 6 septembre, Nouria Benghbrit, la ministre de l’Éducation nationale, résiste aux islamo-conservateurs qui l’accusent de vouloir « occidentaliser » l’école algérienne. « Notre ennemi aujourd’hui, c’est la médiocrité », leur a-t-elle rétorqué. Elle veut construire un école algérienne de qualité avec un contenu qui fait appel à la capacité d’analyse des élèves et non à la mémorisation. Cette année, près de 50 millions de manuels seront distribués dans les établissements scolaires algériens, dont 16 millions dits de «2e génération» avec une pagination réduite et un contenu simplifié.
Pour le baccalauréat, frappé cette année par des fraudes massives, le département de l’Éducation nationale mettra en oeuvre une réforme à l’horizon 2020 qui prône une réduction du nombre de jours d’examen et un contenu qui poussera le candidat à développer une réflexion au lieu de réciter les leçons qu’ils a apprises par cœur. Objectif : diminuer les tentatives de triche. Mais rien ne filtre pour le moment au sujet de la logistique qui sera mise en oeuvre pour effacer les couacs du bac 2016, où le gouvernement en est arrivé à couper Internet pour éviter la fraude.
Tunisie : qui financera la rénovation des écoles ?
Concernant la rentrée scolaire en Tunisie, prévue le 14 ou le 15 septembre en fonction de la fête du sacrifice, celle-ci se fera sans réforme majeure, le pays étant absorbé par son nouveau gouvernement. L’année scolaire verra cependant l’abandon du régime des trimestres et l’entrée en vigueur du système des semestres avec 7 jours de vacances toutes les 5 semaines afin de permettre d’évaluer d’une façon continue les élèves du collège et du lycée.
À part le renouvellement de six manuels scolaires destinés aux élèves de la 1e et 2e année de l’enseignement de base, la rentrée scolaire ne sera pas trop différente de la précédente. La principale préoccupation du gouvernement tunisien reste la rénovation des établissements scolaires qu’il ne peut plus financer tout seul. Le ministère de l’Éducation nationale en appelle à la bonne volonté des entreprises et de la société civile pour l’aider à rénover les écoles.
L'éco du jour.
Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Économie & Entreprises
- La Côte d’Ivoire, plus gros importateur de vin d’Afrique et cible des producteurs ...
- Au Maroc, l’UM6P se voit déjà en MIT
- Aérien : pourquoi se déplacer en Afrique coûte-t-il si cher ?
- Côte d’Ivoire : pour booster ses réseaux de transports, Abidjan a un plan
- La stratégie de Teyliom pour redessiner Abidjan