Guinée : l’épidémie d’Ebola terminée, la vigilance reste de mise

La période de surveillance est terminée, mais la fausse joie du 29 décembre 2015 reste dans tous les esprits.

Une femme célèbre la fin du virus Ebola en novembre 2015 en Sierra Leone. © Aurelie Marrier d’Unienv / AP / SIPA

Une femme célèbre la fin du virus Ebola en novembre 2015 en Sierra Leone. © Aurelie Marrier d’Unienv / AP / SIPA

DIAWO-BARRY_2024

Publié le 1 septembre 2016 Lecture : 3 minutes.

Au siège de l’Agence nationale de la sécurité sanitaire qui a remplacé depuis le 4 juillet 2016 la Coordination nationale de lutte contre Ebola, à Conakry, le ministre guinéen de la Santé et de l’hygiène publique, Abdourahmane Diallo, a présidé ce mercredi, en présence des partenaires internationaux, la cérémonie de célébration de la fin de la période des 90 jours de surveillance active renforcée contre cette épidémie de fièvre qui a causé 2544 décès sur 3814 cas, soit un taux de létalité de 66.7 %, selon les sources sanitaires.

À coup de déclarations, de chansons et de pas de danse, la Guinée avait dit au revoir, le 29 décembre 2015, à Ebola, qui avait notamment fait 115 morts parmi les professionnels de santé. Ce qui n’a pas empêché l’épidémie de resurgir le 17 mars 2016 dans la sous-préfecture de Koro-para, dans le sud-est du pays, où des échantillons prélevés sur les corps d’un couple s’étaient révélés positifs au virus Ebola. Donnant ainsi raison aux experts de la santé qui recommandaient la vigilance, en raison de la persistance du virus qui pourrait survivre jusqu’à neuf mois dans le sperme, après la guérison du malade.

la suite après cette publicité

Depuis juin 2016, la Guinée était dans une phase de surveillance renforcée active de trois mois qui a pris fin mercredi 31 août 2016, à la grande satisfaction de l’ex-coordinateur national de lutte contre Ebola, devenu direction de l’Agence nationale de sécurité sanitaire. Depuis Washington, où il est allé recevoir un prix qui récompense ses efforts, le docteur Sakoba Keita a adressé ses félicitations à l’ensemble des acteurs qui ont participé à la lutte contre l’épidémie. « Chers tous, écrit-il, recevez mes félicitations pour la bonne conduite de la surveillance renforcée dans toutes les préfectures. Cette date historique pour nous marque la fin de l’épidémie la plus meurtrière de la Guinée ». Et de renchérir : « Une nouvelle époque commence. Nous devons resserrer les rangs non seulement pour gérer les flambées de certaines maladies qui surviennent de temps en temps mais aussi nous préparer à affronter d’autres maladies émergentes ».

Le sens de la surveillance

La surveillance active renforcée ou phase 3 « reposait sur le renforcement de la surveillance active en ceinture, explique le Dr Bouna Yattassaye, directeur général adjoint de l’Agence nationale de sécurité sanitaire, l’engagement communautaire et la vaccination des survivants et leurs proches, car ceux-ci semblent contagieux longtemps après leur guérison, comme nous l’a d’ailleurs fait constater la résurgence de la maladie à Korokpara. Cette phase a permis à la Coordination nationale de lutte contre la maladie à virus Ebola de mesurer la capacité de riposte de la Guinée face à toute maladie à potentiel épidémique ».

la suite après cette publicité

Pour le ministre guinéen de la Santé et de l’hygiène publique, Abdourahmane Diallo, la période de surveillance renforcée qui avait été recommandée par l’OMS a permis d’accentuer la sensibilisation auprès des communautés et la formation des agents de santé. Les autres acquis portent sur le renforcement du système de santé guinéen qui auparavant n’était pas prêt à faire face à une telle épidémie, au point que les premiers échantillons prélevés n’avaient pu être analysés qu’aux cliniques Pasteur de Dakar, au Sénégal et de Lyon, en France. « Hormis l’expérience du personnel sanitaire, nous disposons désormais des laboratoires pour faire le test en Guinée et des Centre de traitement épidémiologique pour faire face non pas à Ebola seulement mais aux autres éventuelles épidémies. C’est ce qui est le plus important ». Un mécanisme de riposte rapide a été mis en place via des Équipes régionales d’alerte et de riposte aux épidémies (ERARE) implantées dans les régions administratives de l’intérieur du pays et la zone de Conakry, assure-t-on.

« Pas de risque zéro »

la suite après cette publicité

« ll n’y a, à date, aucun risque de résurgence de l’épidémie », confie un membre de la cellule de communication de l’ancienne Coordination nationale de lutte contre Ebola, dont le dernier slogan est : « La maladie, oui ! L’épidémie, plus jamais en Guinée ! » Le ministre de la Santé rappelle toutefois qu’il n’y a pas de risque zéro, en terme d’épidémie. Personne ne maîtrise tous les contours des maladies épidémiques. Par exemple, personne n’avait prévu que le virus pouvait rester jusqu’à dix mois dans l’organisme ». D’où l’appel à « ne pas baisser les bras.

Les populations doivent rester vigilantes et alerter les services de santé à la première manifestation d’événements inhabituels. Il y a des acquis qu’il ne faudrait pas perdre, notamment le respect des mesures d’hygiène de base qu’on doit observer en toutes circonstances. La fin d’une épidémie ne signifie nullement qu’elle ne reviendra plus si nous ne prenons pas les mesures pour qu’elle ne revienne pas ».

L'éco du jour.

Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.

Image

La rédaction vous recommande

Contenus partenaires