Tunisie : à Hammamet, la saison estivale s’achève sur une note positive
La station balnéaire de Hammamet, très prisée ces derniers mois, donne le pouls d’une saison estivale qui s’achève.
Les Tunisiens semblent en effet avoir obéi à un mot d’ordre : « cet été, tous à Hammamet », avec pour preuve des embouteillages jamais vus sur l’autoroute Tunis-Hammamet. Mais cet engouement pour l’ancien petit port de pêche est plus le fait de nationaux que de touristes étrangers.
Nouvelle clientèle
Le commissaire régional du tourisme à Nabeul, Ezzedine Grami, a confirmé fin août lors d’une conférence de presse une hausse de 85 % du tourisme intérieur. Il estime à 172 000 le nombre de locaux venus en villégiature dans la région mais spécifie que les visiteurs étrangers, au cours du mois de juillet 2016, ont opéré un retour notable, leur nombre ayant augmenté de 18% par rapport à 2015. 105 000 visiteurs étrangers et 440 000 nuitées sur la période ont ainsi remonté le moral des opérateurs, confrontés à une nouvelle clientèle.
La révolution de 2011, l’instabilité politique et les attaques terroristes de 2015 ont provoqué une défection des marchés traditionnels, notamment français, anglais, italien et allemand, au point que la Tunisie avait disparu des programmes de certains Tours Opérateurs (TO). Cette situation a néanmoins profité aux Russes qui ont été 156 000 à apprécier les prestations hôtelières et touristiques en juin 2016, soit une évolution de 420% par rapport à 2015. Mais la station peut compter aussi sur ses fidèles comme les Algériens, qui étaient comme chaque année au rendez-vous : sur l’été 2016 ils étaient près de 50 000 autour du golfe de Hammamet. « Pourquoi changer nos habitudes ? Nous venons chaque année et nous apprécions d’être là. Le séjour est agréable et il faut soutenir la Tunisie » déclare Hamid, un avocat algérois venu en famille. Néanmoins le plus important soutien au tourisme reste celui des Tunisiens. « La mer est belle, l’endroit est agréable, on ne s’y ennuie jamais » précise un adepte des week-ends à Hammamet.
« Se sentir libre et s’éclater »
Hôteliers et restaurateurs ont vu venir la tendance et ont équipé les plages de lounge, bars et guinguettes pour satisfaire toutes les demandes, la plupart possédant une licence pour servir de l’alcool. « Notre clientèle est jeune et vient ici pour se sentir libre et s’éclater sans avoir à subir le regard des conservateurs », explique le tenancier d’un restaurant qui a fait le plein.
Mehdi Allani, patron de l’hôtel Sultan, est aussi satisfait : sa saison a été bonne avec pourtant à peine 5 % de touristes étrangers. Refusant de brader ses prix en faveur des Russes, il estime que « le temps des TO est révolu et que l’avenir est à l’individuel. D’où la nécessité pour la Tunisie d’ouvrir son ciel aux compagnies low cost ». Et l’un de ses clients d’ajouter : « Hammamet sera toujours Hammamet ; jeunes et moins jeunes, en famille ou entre amis chacun peut y trouver les loisirs qu’il souhaite ».
Effectivement la station offre de nombreuses prestations pour changer d’air, la bonne programmation du festival international étant cet été un élément attractif supplémentaire pour les Tunisiens. Les locaux, qui ne sont toutefois pas toujours satisfaits des hôtels qui affichent des prix élevés par rapport à ceux négociés avec les TO, leur préfèrent souvent la location d’une villa. « On a l’impression que les hôteliers veulent rattraper leur manque à gagner des saisons précédentes. Pour les Tunisiens un séjour à l’étranger revient moins cher et inversement pour les touristes. Il faut rééquilibrer ce phénomène », s’insurge Ilhem, qui n’a pu s’offrir qu’une semaine de vacances mais compte bien revenir en arrière-saison. Selon Ezzedine Grami, les russes aussi seront là, au moins jusqu’en décembre.
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