Thierno Amadou Omar Hass Diallo : « Laïque et républicain, le Mali garde un œil sur la chose religieuse »

Thierno Amadou Omar Hass Diallo, ministre malien des Affaires religieuses et du Culte, revient sur l’organisation du Hajj 2016 et la gestion du drame de Mina lors du pèlerinage à La Mecque en 2015. Interview.

Thierno Amadou Omar Hass Diallo, ministre malien des Affaires religieuses et du Culte. © Capture d’écran Youtube

Thierno Amadou Omar Hass Diallo, ministre malien des Affaires religieuses et du Culte. © Capture d’écran Youtube

Publié le 1 septembre 2016 Lecture : 3 minutes.

Au mois de septembre 2015, la bousculade meurtrière de Mina, près de La Mecque, a causé la mort à plus de 300 pèlerins venant du Mali, un pays qui occupe ainsi la deuxième place en nombre de décès après l’Iran -sur un total qui dépasse les 2 000 victimes. Une année après, neuf mille pèlerins maliens reprennent le chemin de la Mecque pour le Hajj 2016 qui commence le 7 septembre prochain.

À cette occasion, Thierno Amadou Omar Hass Diallo, ministre malien des Affaires religieuses et du Culte, revient pour Jeune Afrique sur l’affaire de la bousculade de Mina, mais aussi sur les mesures sécuritaires prises au Mali pour protéger les pèlerins.

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Jeune Afrique : Où en est-on de la question de l’indemnisation des victimes maliennes de la bousculade de Mina ?

Thierno Amadou Omar Hass Diallo : Ce n’est pas le Mali qui indemnise et je n’ai pas appris que l’État saoudien avait décidé d’indemniser des victimes. Nous suivons la situation via notre ministère des Affaires étrangères.

Est-ce que vous avez demandé à l’État saoudien d’indemniser les victimes maliennes ?

Le Mali n’est pas le seul pays touché, c’est une question de la Oumma islamique. Oui, il y a eu un drame, mais je ne voudrais pas qu’on fasse porter cette couronne d’épines aux Saoudiens. Au regard des bénéfices spirituels et économiques que le pèlerinage apporte à l’Arabie Saoudite, cet État ne peut pas faire preuve de laxisme et permettre qu’un tel drame arrive encore. Je crois plutôt qu’il faut être dans une logique de soutien psychologique à l’État Saoudien, qui est meurtri que la bousculade ait eu lieu sur son sol en de telles circonstances.

Nous nous sommes donné le temps de bien vérifier les bulletins de santé des 9 000 pèlerins, dont 1 500 de la filière gouvernementale et 8 500 de la filière privée

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Comment a-t-on comptabilisé les victimes maliennes ?

Je préfère ne pas trop me hasarder là-dessus. Les agences privées ont fait leurs évaluations, c’est un secteur très libéral. Que nous sommes d’ailleurs en train de réglementer depuis mon arrivée à la tête de ce ministère.

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Quels sont les mesures de sécurité qui ont été prises pour protéger d’avantage les pèlerins maliens ?

D’abord nous avons obligé tous les pèlerins à se munir d’un passeport biométrique afin d’éviter d’éventuelles infiltrations [de non Maliens notamment, NDLR]. Nous avons ouvert l’enregistrement des pèlerins quatre mois avant la période du pèlerinage, pour se donner le temps de bien vérifier les bulletins de santé des 9 000 pèlerins, dont 1 500 de la filière gouvernementale et 8 500 de la filière privée.

En Arabie Saoudite, les travailleurs de notre consulat sont désormais impliqués activement dans l’organisation du Hajj sur place, et l’État saoudien a mis en place un système de bracelet électronique rigide qui n’est pas facile à couper même en cas de bousculade.

Un ministère chargé des Religions est quelque chose de nouveau au Mali. À quoi cela sert-il puisque le pays est un État laïc ?

Il faut sortir de cette vision de la laïcité qui a poussé au laïcisme, presque à la mort de Dieu. L’islam au Mali a été laissé sans égard et sans un regard de la part de nos administrations qui se sont rétractées dans cette conception béate de la laïcité. C’est parce qu’il est resté livré à lui-même sans moyen que le champ religieux a été infiltré par des idéologies étrangères. Nous sommes en train de tirer notre islam de cet obscurantisme et de ce besoin de tendre la main ailleurs. Lorsque nous voulons que nos États participent à la lutte contre le radicalisme, encore il faudrait-il que l’État vienne se substituer aux sources financières qui permettent l’infiltration de radicaux. Nous ne devrons pas avoir de gêne à être un État laïque et républicain mais qui garde un œil sur la chose religieuse.

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