Arabie saoudite : « Je suis Raef Badaoui », trois questions sur une injustice

Condamné en mai 2014 pour avoir critiqué les autorités religieuses d’Arabie saoudite, Raef Badaoui a été fouetté en public le 9 janvier. Une flagellation qui sera renouvelée chaque vendredi pendant vingt semaines, jusqu’à atteindre 1 000 coups.

Rafef Badaoui est incarcéré depuis 2012. © AFP

Rafef Badaoui est incarcéré depuis 2012. © AFP

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Publié le 14 janvier 2015 Lecture : 2 minutes.

Raef Badaoui est un blogueur saoudien de 31 ans. Il était l’animateur du site Internet Liberal Saudi Network et militait pour les droits de l’Homme dans son pays. L’homme qui animait aussi un forum sur internet est le lauréat 2014 du prix Reporters Sans Frontières (RSF) pour la liberté de la presse. Emprisonné depuis le 17 juin 2012, Raef Badaoui avait été condamné en mai 2014 à dix ans de prison, une amende de 267 000 dollars et à 1 000 coups de fouets échelonnés sur 20 semaines. La première séance de flagellation a eu lieu le 9 janvier près de la mosquée Al Jafali de Djedda et a duré un quart d’heure pendant lesquels Badaoui a reçu 50 coups en public. Badaoui doit recevoir les prochains 50 coups le 16 janvier.

  • Que lui reproche-t-on ?

Selon l’organisation non gouvernementale Human Rights Watch (HRW il est reproché à Raef Badaoui d’avoir critiqué plusieurs dignitaires religieux de son pays, notamment le grand mufti. Il avait aussi exprimé des réserves sur la police religieuse, très puissante en Arabie saoudite, et certains édits islamiques. Un temps évoqué, l’accusation d’apostasie (reniement public de sa foi), qui pouvait entraîner la peine de mort, a été abandonnée. 

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Dans une Arabie Saoudite conservatrice, les critiques à l’encontre de la famille régnante, des institutions religieuses et de l’islam sont passibles de lourdes condamnations. 

  • Quelle mobilisation pour la libération du blogueur ?

Les associations de défense des droits de l’Homme et les organisations de journalistes se battent depuis l’incarcération du blogueur pour obtenir sa libération. Béatrice Vaugrante, directrice d’Amnesty International Canada, a souhaité se servir de l’émotion suscitée dans le monde par l’attaque de "Charlie Hebdo" pour appeler les États occidentaux à se pencher sur le cas Badaoui. La représentante de HRW a insisté sur le contexte particulier, lié aux attaques contre Charlie Hebdo. "On parle beaucoup de liberté d’expression ces jours-ci : je suis Charlie, je suis Raef Badaoui", a-t-elle fait valoir.

Appel entendu par l’Union européenne qui a demandé il y a quelques jours le gouvernement saoudien à "suspendre toute nouvelle punition corporelle". Les États-Unis appellent de leur côté au réexamen du dossier et à l’annulation de la sentence.

L’épouse de Raef Badaoui qui s’est réfugiée au Canada avec ses trois enfants, participant le 13 janvier à un rassemblement de soutien organisé à Montréal, a également appelé les autorités saoudiennes à libérer le blogueur pour lui éviter une nouvelle séance de flagellation.

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(Avec AFP)

>> Lire aussi Arabie saoudite : une Éthiopienne décapitée pour avoir poignardé une fillette

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