Jeux paralympiques 2016 : la délégation tunisienne à la conquête de Rio
Trois semaines après les Jeux olympiques, une nouvelle délégation tunisienne vise les sommets à Rio.
Quelque 31 athlètes tunisiens ont atterris le 31 août dans la capitale brésilienne pour participer aux 15è Jeux paralympiques d’été, qui se tiendront du 7 au 18 septembre. Bien qu’ils ne représenteront qu’une seule discipline, ils espèrent rapporter plus de médailles à leur pays que ne l’ont fait les valides aux JO. Et surtout, gagner en soutien et en reconnaissance.
Hania Aïdi, porte-drapeau
À la tête de la délégation tunisienne cette année, Hania Aidi, qui portera haut et fier le drapeau tunisien lors de la cérémonie d’ouverture. Atteinte d’un traumatisme médullaire (lésion au niveau de la moelle épinière) en 1997 suite à une erreur médicale, elle débute l’athlétisme à l’âge de 26 ans. Triple championne du monde du lancer de javelot (en 2011, 2013 et 2015) elle a également remporté deux médailles d’argent aux Jeux paralympiques d’été, à Pékin (2008) et à Londres (2012).
« La championne Hania Aïdi a été choisie pour sa place de leader au sein de la délégation, ainsi que pour sa discipline irréprochable », a indiqué à Jeune Afrique Mohamed Mzoughi, président de la Fédération tunisienne des sports paralympiques et handisport (FTSH). Un bel exemple pour les 3330 licenciés de la FTSH, dont 59 pratiquant le haut niveau. Si un des objectifs de la Tunisie est de se classer « dans les 5 premiers mondiaux en athlétisme », un autre serait de représenter également d’autres disciplines, multipliant ainsi les chances de réussite.
Restrictions budgétaires… et donc sportives
« La Tunisie ne participe qu’à une seule discipline sur les 23 présentes aux Jeux », ne cesse de rappeler le président de la FTSH. Trop peu. La raison ? « Un manque de moyens », donc pas de quoi payer des entraîneurs, des salles, du matériel ou des déplacements. Car loin de passionner les foules, le handisport a du mal à attirer les sponsors, malgré la réussite internationale des athlètes. Pourtant, certains d’entre eux gagnent autant, voire plus de médailles que les valides. « Pour la première fois cette année, l’État tunisien nous a accordé un budget spécial de 200 000 dinars pour les Jeux paralympiques. Ce qui est bien, mais ce budget s’est élevé à près de 4 millions de dinars pour les JO… » fait remarquer Mohamed Mzoughi, qui admet néanmoins que les choses ont évolué dans le bon sens ces dernières années, et que la Tunisie peut et doit « montrer l’exemple » concernant le handisport.
« Chaque athlète ayant obtenu une médaille d’or a eu droit au titre d’animateur, sensé lui garantir un avenir après sa retraite sportive », explique-t-il.
Soumaya Boussaïd, double championne paralympique au 800 et au 1500 mètres, possède par exemple ce statut avec un salaire mensuel de 750 dinars et d’une prime mensuelle d’entraînement de 500 dinars, d’après la FTSH.
Rediffusion télé
Grâce notamment aux bons résultats et aux records mondiaux enregistrés par ces athlètes, les mentalités ont donc commencé à évoluer et leur intégration est devenue « beaucoup plus facile » dans la société. « Mais il reste encore du chemin », fait remarquer Mohamed Mzoughi, qui a dû longuement discuter avec les autorités tunisiennes pour espérer obtenir la rediffusion télévisée des Jeux paralympiques de Rio. Des discussions qui ont fini par payer, puisque la télévision nationale tunisienne a annoncé samedi que les téléspectateurs pourront suivre la compétition en direct sur les chaînes Watanya 1 et Watanya 2… Avec l’espoir de nouvelles médailles !
Accueil de la délégation tunisienne à Rio, dans une belle ambiance.
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