Donald Trump est-il « black compatible » ?
Sous couvert de la foi chrétienne et de quelques faire-valoir à la peau noire, le candidat aux élections américaines Donald Trump tend la main à la communauté africaine-américaine. Il revient de loin…
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 7 septembre 2016 Lecture : 3 minutes.
Trump, 45e président des États-Unis
Donald Trump a remporté mercredi 9 novembre l’élection présidentielle américaine, coiffant au poteau sa concurrente démocrate Hillary Clinton et succédant ainsi à Barack Obama à la Maison Blanche.
On connaissait la caution de « l’ami noir », démonstration, à moindres frais, qu’on ne saurait être accusé de racisme, comme si la condescendance vis-à-vis d’une relation « de couleur » surlignée n’en était pas.
Il y a juste un an, après avoir choqué la France avec ses propos sur son « pays de race blanche », l’eurodéputée Nadine Morano avait dégainé une affection tchadienne comme un joker. Cette démarche qui amusa les satiristes –imaginant un service de location d’amis noirs– est utilisée, sans vergogne, par Donald Trump, le candidat républicain à la Maison Blanche. Dès le mois de juin dernier, lors d’un meeting à Redding, dans le nord de la Californie, le magnat de l’immobilier avait pointé du doigt un homme de couleur en s’exclamant « Regardez mon Afro-Américain là-bas ! ».
Retard dans les sondages
Au-delà de l’emploi du pronom possessif qui en ulcéra plus d’un, cette mise à l’index émerveillée était moins la justification de la proximité de Trump avec la communauté afro-américaine que la preuve que les Noirs –pour être aussi trivial que le candidat– sont rares dans son entourage…
Passée l’euphorie de l’investiture par le parti républicain, le candidat ne peut ignorer son retard dans les sondages à deux mois de la présidentielle américaine. Il ne peut mésestimer non plus le poids d’une population dite « afro-américaine » qui représente environ 13% de la population ; 13% logiquement acquis à celle qui fut secrétaire d’État du premier président noir des États-Unis.
Dédiabolisation
Or, il se trouve que Trump a entamé une démarche de dédiabolisation, mesurant désormais son langage, tant sur la forme que dans le fond. Alors sur quoi et sur qui s’appuyer pour séduire les Africains-Américains ? Sur quoi ? Sur la foi chrétienne, tant l’élection américaine a quelque chose de messianique. Sur qui ? Sur un autre « Noir de service », cadre du parti cette fois, tant il serait caricatural d’affirmer que les Républicains n’en comptent pas dans leurs rangs.
Ce samedi 3 septembre 2016, Donald Trump a donc donné rendez-vous à Ben Carson, le neurochirurgien black à la retraite qui fut candidat à l’investiture du parti. Le prétendant et le rallié se sont retrouvés dans l’église Great Faith Ministries International de la ville de Detroit, un lieu de culte « noir » de monde.
Bien content, déjà, d’être accompagné du ponte –noir ou blanc– d’un parti qui ne le soutient que du bout des lèvres, le trublion a prononcé une allocution à la tonalité étonnamment apaisée, promettant des emplois à cette contrée industrielle sinistrée, victime d’un taux de chômage désormais légendaire.
Hillary Clinton n’enthousiasme pas plus que ça
Si Hillary Clinton bénéficie censément d’un soutien « automatique » des « frères de couleurs » de Barack Obama, il est clair que l’ancienne première dame n’enthousiasme pas plus que ça. Et Trump a beau jeu de pointer à nouveau du doigt un « Black », Ben Carson ayant été le seul candidat noir dans la course présidentielle de 2016, tous partis confondus.
Bien sûr, le parti démocrate peut s’enorgueillir d’avoir payé son tribut à la mélanine. Mais l’élection du premier président américain noir de l’histoire pourrait apparaître cosmétique, a posteriori, nombre d’Afro-Américains se plaignant que leurs conditions de vie ont peu évolué au cours de ses deux mandats.
Pour autant, une prière dans la capitale de l’automobile suffira-t-elle à redémarrer le moteur de la machine Trump, au point de rallier les voix afro-américaines ? Les voies du Seigneur ne sont pas impénétrables à ce point. Un récent sondage de USA Today – Suffolk University indique que le candidat républicain ne recueille le soutien que de 4% des électeurs noirs.
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