Somalie : l’interdiction des importations de khat provoque l’incompréhension
Depuis le début de la semaine le gouvernement somalien a décidé d’interdire temporairement l’importation de cette plante dont les effets euphorisants sont très prisés dans toute la Corne de l’Afrique. Une décision accueillie avec stupéfaction par les producteurs, les vendeurs et les consommateurs.
Depuis lundi, aucun avion transportant du khat en provenance du Kenya ou de l’Éthiopie n’a pu entrer dans l’espace aérien somalien, à la suite d’une circulaire du ministre somalien de l’aviation.
Le khat représente pourtant un marché important en Somalie, où beaucoup mastiquent longuement ces feuilles amères qui procurent une sensation euphorisante comparable aux amphétamines.
A Mogadiscio, on le consomme dans le cadre de pratiques sociales, culturelles et religieuses. Mais il conduit aussi à de nombreux abus et à des phénomènes d’accoutumance. Les « accros » au khat peuvent dépenser tout leur argent dans l’achat de cette plante.
Également connu sous le nom de « miraa », l’arbuste est cultivé principalement en Éthiopie et au Kenya, où il fait vivre des communautés entières dans la région de Meru. Là-bas cette semaine, le khat, qui doit être mâché frais car ses effets diminuent au fil des heures, a fané dans des sacs.
Une perte importante
Le ministre somalien des Transports, Ali Ahmed Jama Jangeli, a refusé d’indiquer les raisons de cette interdiction. Aucun autre responsable gouvernemental n’a fourni d’explication, provoquant le mécontentement des vendeurs de Mogadiscio, où le commerce est au point mort.
Les réactions sont similaires du côté des producteurs kényans. « C’est une grosse perte pour nous », s’est inquiété Dave Muthuri, président de l’association des producteurs et commerçants kényans de khat. « Les cultivateurs se lamentent sur leurs pertes. Ça a pris tout le monde par surprise ». Des dizaines de tonnes ont été perdues, selon Dave Muthuri.
Aucun gouvernement ou autorité n’a jamais réussi à interdire durablement le khat en Somalie, que ce soit l’ancien dictateur Siad Barré, les chefs de guerre qui lui ont succédé ou même les islamistes radicaux shebab. Dans un contexte de relations diplomatiques tendues entre le Kenya et la Somalie, cette interdiction pourrait également revêtit un aspect politique.
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