France : pourquoi la « marche républicaine » de Paris est historique
Une foule immense de près de 4 millions de personnes s’est mobilisée dimanche en France en hommage aux victimes des attentats contre « Charlie Hebdo » et une supérette casher à Paris. Une journée historique à laquelle ont participé une cinquantaine de dirigeants internationaux, dont 8 chefs d’État et de gouvernement africains.
Une mobilisation historique en France…
La France n’avait pas connu un telle foule dans ses rues depuis la Libération, à la fin de la Seconde guerre mondiale. Dimanche 7 janvier, une marée humaine record de plus de 3,7 millions de personnes a communié en province, en outremer et dans les rues de Paris, devenue le temps d’une journée la capitale du monde. Venus exprimer, entre larmes et sourires, la souffrance d’une folle semaine de violence, 1,2 à 1,6 million de personnes ont défilé dans les rues de la "Ville lumière". Parmi eux, des "Charlie", des "musulmans", des "juifs" ou encore des "policiers", en référence aux 17 morts des attentats à Charlie Hebdo et dans une supérette casher de la porte de Vincennes. Tous étaient venus dire leur refus du terrorisme islamiste qui a frappé pendant trois jours la capitale française.
Marche républicaine le 11 janvier 2015 à Paris. © AFP
Épicentre des rassemblements depuis l’attentat contre "Charlie" mercredi, la place de la République, d’où partait la manifestation, s’est trouvée congestionnée avant même le début de la marche à 15h00, avec un flot continu de centaines de milliers de personnes, rues bloquées, métros saturés et bus à l’arrêt. Fait également exceptionnel : avec près de 4 millions de manifestants, aucun incident n’a perturbé les défilés à Paris et en province.
Face à l’ampleur de la mobilisation, le ministère de l’Intérieur n’a pu établir un comptage précis à Paris. La foule parisienne, grave et frondeuse à la fois, a probablement dépassé le record de 1,5 million de personnes réunies après la victoire au Mondial de football de 1998. Dans la France entière, c’est sans l’ombre d’un doute un record historique depuis la Libération. Après une mobilisation importante dès samedi, des centaines de villes de France ont en effet connu dimanche des rassemblements sous les drapeaux tricolores et les bannières "Je Suis Charlie", réclamant "Liberté, Fraternité" entre Marseille, Lyon, Grenoble, Rennes ou Perpignan.
… et dans le monde
Marseillaise à Madrid, drapeau français à Londres, "ensemble contre la haine" à Bruxelles et des pancartes "We are Charlie" à Washington : des dizaines de milliers de personnes se sont mobilisées dimanche dans le monde pour exprimer leur solidarité avec la France. 25 000 personnes à Montréal, 20 000 à Bruxelles, 18 000 à Berlin…
"Ich bin Charlie" sur des écriteaux brandis par des manifestant le 11 janvier 2015 à Vienne. © AFP
Sur le continent aussi, les gens se sont mobilisés. En Afrique, 200 à 300 personnes ont manifesté à Bujumbura, la capitale du Burundi. "Ceux qui ont attaqué les collègues français nous ont attaqué aussi et ont attaqué le monde", a souligné Alexandre Niyungeko, le président de l’Union burundaise des journalistes (UBJ), au nom des médias qui ont organisé le rassemblement.
En Côte d’Ivoire, 500 personnes se sont rassemblées devant l’ambassade de France à Abidjan. "Le gouvernement ivoirien se sent aujourd’hui français car il a été atteint dans sa dignité", a déclaré Affoussy Bamba, la ministre de la Communication, à la double nationalité franco-ivoirienne. Plusieurs centaines de personnes ont aussi manifesté à Conakry.
Une cinquantaine de dirigeants internationaux réunis contre le terrorisme…
La journée a aussi été exceptionnelle d’un point de vue diplomatique. Jamais une cinquantaine de dirigeants internationaux ne s’étaient réunis de la sorte en si peu de temps pour une marche. Venus des quatre coins du monde, les chefs d’État et de gouvernement présents dans la capitale française ont été accueillis par des applaudissements nourris de la foule à leur arrivée sur les lieux de la "marche républicaine". Tous arboraient une mine grave et solennelle, avançant en rangs serrés.
Les chefs d’État défilent à Paris le 11 janvier. © AFP
Bras dessus, bras dessous, le président François Hollande et ses invités ont avancé derrière les familles et proches des victimes le front ceint d’un bandeau blanc, personnalités de tous bords, partis, syndicats, artistes, associations, groupes religieux, avançant du même pas lent, souvent même statiques vu l’ampleur de la foule. Aux côtés de François Hollande se tenaient la chancelière allemande Angela Merkel et le président malien Ibrahim Boubacar Keïta, lui-même à la gauche du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, se tenant tous par les bras. À quelques mètres se tenait également le président palestinien Mahmoud Abbas, ainsi que le couple royal de Jordanie, Abdallah II et Rania. C’est la première fois depuis longtemps qu’Abbas et Netanyahou, dont le dernier tête-à-tête remonte à quatre ans, se retrouvaient aussi proches physiquement.
Deux autres "adversaires" du moment étaient aussi présents : le président ukrainien Petro Porochenko et le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov. Participaient également les plus hauts dirigeants européens, tels David Cameron, Mariano Rajoy, Matteo Renzi, et Jean-Claude Juncker. Des dirigeants plus controversés, peu réputés pour leur respect de la liberté d’expression, tels le Hongrois Viktor Orban ou le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu, ont aussi fait le voyage.
… dont huit chefs d’État et ministres africains
Outre le président malien IBK, présent sur les caméras du monde entier à droite de François Hollande pendant la marche, huit autres chefs d’État ou ministres du continent étaient présents à Paris ce dimanche. L’Afrique de l’Ouest était bien représentée avec les présidents sénégalais, Macky Sall, nigérien, Mahamadou Issoufou, béninois, Boni Yayi, et togolais, Faure Gnassingbè. Le chef de l’État gabonais Ali Bongo Ondimba était également de la partie.
L’Afrique du Nord était elle représentée par des chefs de gouvernement et des ministres des Affaires étrangères. Le Premier ministre tunisien Mehdi Jomâa était ainsi dans le défilé, aux côtés des chefs de la diplomatie algérienne et égyptienne, Ramtane Lamamra et Sameh Choukry. Ces derniers auraient du être accompagnés par leur homologue marocain Salaheddine Mezouar, présent à Paris, mais qui a annulé sa participation à la dernière minute pour cause de caricatures du Prophète présentes dans la manifestation.
(Avec AFP)
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