Soudan du Sud : des militants s’estiment menacés en raison de leur collaboration avec l’ONU
Plusieurs membres de la société civile sud-soudanaise qui avaient rencontré au début du mois à Djouba les représentants du Conseil de sécurité de l’ONU ont fui le pays, craignant les représailles du gouvernement après la disparition de l’un d’eux, ont affirmé vendredi à l’AFP certains militants.
Le but de la rencontre avec la délégation onusienne venue à Djouba du 2 au 4 septembre était de convaincre le gouvernement du président Salva Kiir d’accepter le déploiement d’une force régionale chargée de sécuriser la capitale, après les violents combats de juillet.
Climat de terreur
Depuis cette rencontre, au moins un des membres de la société civile présents ce jour-là a disparu et au moins deux ont fui le pays, les autres craignant désormais pour leur sécurité.
Edmund Yakani, le directeur de la CEPO, une organisation de défense des droits de l’Homme basée à Djouba, qui avait participé à cette rencontre, a qualifié la situation de très grave.
Un membre de la société civile présent à la rencontre avec la délégation onusienne, Emmanuel Wani, n’a plus été vu depuis le 6 septembre. Les médias locaux ont rapporté qu’il aurait été tué par des membres des services de sécurité.
« Jusqu’à présent son corps n’a pas été retrouvé », a expliqué à l’AFP Edmund Yakani. « D’autres militants ont commencé à fuir. Ils se cachent parce qu’ils craignent pour leur vie », a-t-il souligné.
Menaces et harcèlement
Jeudi 8 septembre, la Mission des Nations unies au Soudan du Sud (Minuss) s’était déclarée très inquiète des informations faisant état de menaces et harcèlement à l’encontre de certains membres de la société civile ayant rencontré la délégation du Conseil de sécurité.
Pendant cette réunion, ces militants avaient notamment déploré le non-respect des droits de l’homme au Soudan du Sud, la fréquence des viols et exécutions extra-judiciaires.
Ils avaient apporté leur soutien au déploiement d’une force de protection forte de 4 000 Casques bleus pour renforcer la sécurité dans Djouba, que le président Kiir a fini par accepter à contrecœur, après avoir longtemps estimé qu’elle porterait atteinte à la souveraineté de son pays.
Le gouvernement a démenti ces accusations. « Ce sont des mensonges sans fondement. Nous croyons en la liberté d’expression », a déclaré à l’AFP le vice-ministre de l’Information Akol Paul Kordit.
Enquête
Une commission onusienne est arrivée vendredi à Djouba pour enquêter sur les violences (saccage, meurtres de civils, viols collectifs d’employées d’organisations internationales…) qui ont éclaté lors de ces combats près d’un camp de réfugiés dans la capitale. Elle devra également déterminer comment la Minuss, accusée d’avoir assisté sans réagir à ces exactions, s’est comportée lors de ces événements.
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