Entre l’Aïd et la rentrée scolaire, les Tunisiens doivent se serrer la ceinture
L’Aïd El Adha (« Fête du sacrifice »), ou Aïd El Kebir (« Grand Aïd »), coïncide cette année avec la rentrée scolaire. Et pour satisfaire toute la famille, nombreux sont les Tunisiens à s’endetter.
Au casse-tête des fournitures scolaires s’ajoute donc celui du mouton, dont le traditionnel sacrifice a été fixé au lundi 12 septembre et qui met les bourses des ménages à rude épreuve. Tradition ou raison, est le dilemme qui se pose alors pour certains.
Un mois de septembre difficile
Car à l’issue d’une saison de grande consommation, rythmée par une succession d’événements et de fêtes (vacances, soldes d’été, mariages, ramadan…), la plupart des bourses sont quasi-vides. « L’été a impacté sur le budget des Tunisiens, d’autant plus que nous sommes dans une phase particulièrement difficile économiquement, explique Tarek Ben Jazia, directeur de l’Institut national de consommation (INC). Pourtant, cela n’empêche pas les dépenses pour la fête de l’Aïd, quitte à s’endetter encore plus.»
55% des Tunisiens achètent le mouton du sacrifice peu importe le prix, d’après une étude de l’INC menée en juin 2016 sur un panel de 2002 personnes. 70% d’entre eux déboursent ainsi entre 300 et 500 dinars (entre 121 et 202 euros) pour ledit mouton, selon cette même étude. Sans compter le prix du boucher, du foin, et d’autres courses pour la fête musulmane.
Quant à la rentrée scolaire, elle coûtera légèrement plus cher aux parents cette année avec une hausse de 11 à 16% des prix des fournitures scolaires de base (cahiers non subventionnés, cartables et tabliers). « Au total, pour chaque élève, il fait compter environ une centaine de dinars cette année, en comptant aussi les frais d’inscription, de transport, et autres nécessités », précise Tarek Ben Jazia. Ce qui reviendrait à un budget d’environ 600 dinars (242 euros) pour une famille avec deux enfants… et un mouton. Une somme conséquente dans un pays où le salaire minimum mensuel est de 338 dinars (137 euros).
Convictions religieuses et pressions sociales
Et plus le grand jour de l’Aïd approche, plus les prix des bêtes augmentent. « Les Tunisiens procèdent de moins en moins au sacrifice du mouton, mais plus par contrainte financière que par conviction », d’après le directeur de l’INC. Souvent aussi, une pression sociale se fait ressentir, au sein même des familles ou dans le quartier. « Un chef de famille se sentira obligé de sacrifier un mouton si son frère le fait aussi par exemple, ou d’autres le feront pour faire plaisir aux plus âgés. Pour certains, le fait de ne pas avoir de mouton est mal vu, ça fait pauvre », explique Meriem, 30 ans.
Pour d’autres, comme Samia, la solution est toute trouvée : « Les prix sont ridiculement élevés pour un mouton, et personne ne raffole de cette viande dans la famille de toute façon. Cette année, ce sera poisson ! » D’autant que, le rappelle-t-elle, le sacrifice est recommandé mais pas obligatoire, d’un point de vue religieux.
À en croire l’INC, la principale raison avancée par les Tunisiens pour le sacrifice d’un mouton est la croyance religieuse. Viennent aussi la question de l’habitude, l’envie de faire plaisir aux enfants, et le sentiment de devoir imiter ses proches.
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