Présidentielle au Nigeria : Goodluck Jonathan lance sa campagne à Lagos
Le président nigérian Goodluck Jonathan, candidat à sa réélection à la mi-février, a lancé sa campagne électorale ce jeudi avec un grand meeting organisé à Lagos.
Goodluck Jonathan a choisi Lagos, capitale économique du Nigeria et fief de ses opposants, pour lancer sa campagne. Le premier meeting du président sortant intervient dans un climat politique extrêmement tendu, à cinq semaines d’une élection présidentielle annoncée comme la plus serrée depuis le retour à la démocratie, en 1999, dans le pays le plus peuplé d’Afrique.
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Tous les grands axes menant à l’immense place Tafawa Balewa, dans le centre de la mégapole nigériane, avaient été bloqués jeudi matin avant le début du meeting. Des centaines de militants vêtus de tee-shirts verts, rouges et blancs – les couleurs du Parti démocratique populaire (PDP, au pouvoir) – et à l’effigie du président ont convergé à pied vers la place, où policiers et soldats étaient présents en grand nombre.
Goodluck Jonathan, 57 ans, dirige le Nigeria depuis la mort de son prédécesseur Umaru Yar’Adua en 2010. Il demande un second mandat aux électeurs afin de pouvoir mener à terme ce qu’il appelle son "programme de transformation" du pays. "Du bon travail en cours. Votez pour le bon travail ("good work" en anglais), votez pour Goodluck", proclamait ainsi une publicité affichée en double page dans plusieurs quotidiens nationaux en vente ce jeudi.
"Promesses non tenues"
Le candidat du Congrès progressiste (APC, le principal parti d’opposition), l’ex-général Muhammadu Buhari, 72 ans, a rétorqué par publicité interposée que "sous le mandat (de Goodluck Jonathan), le Nigeria est devenu le champion des promesses non tenues".
Au moment où, dans le nord-est, l’insurrection du groupe islamiste armé Boko Haram semble être totalement hors de contrôle, avec une vingtaine de localités tombées aux mains des insurgés et des attaques sanglantes quasi-quotidiennes, l’ex-dictateur Buhari, qui a dirigé une junte dans les années 1980, s’est engagé à rétablir l’ordre. Il a également promis de faire de la lutte contre la corruption, qui gangrène l’économie et l’administration, un de ses grands chevaux de bataille, alors que les recettes de l’État ont fondu avec la chute historique des cours du pétrole, sa principale source de revenus.
De son côté, Femi Fani-Kayode, le chef de campagne de Goodluck Jonathan, a durci le ton mercredi, qualifiant Buhari de "danger immense" pour l’unité du Nigeria. "Nous ne croyons pas que le Nigeria puisse être gouverné par un homme incapable de tolérer des dissidents, ou par un parti comme l’APC qui n’a aucun sens du remords, de la retenue ou de la décence", a-t-il souligné dans un communiqué.
"Le vrai danger pour la démocatie, c’est Jonathan"
Selon plusieurs experts, l’APC, une coalition de quatre partis d’opposition, a cette année des chances de déloger le PDP, pour la première fois depuis la fin des dictatures militaires il y a 16 ans. L’opposition, qui crie à la chasse aux sorcières depuis plusieurs semaines, notamment après le saccage de ses locaux à Lagos par les services secrets, a dénoncé mardi l’attaque de militants blessés par balles alors qu’ils se rendaient à un meeting de M. Buhari dans la ville pétrolifère de Port Harcourt (sud).
Lai Mohammed, le porte-parole de l’APC, a répondu mercredi à Femi Fani-Kayode, estimant que "le vrai danger pour la démocatie, c’est Jonathan". "Avant qu’il ne prenne ses fonctions en 2010 le Nigeria était uni, ce n’est plus le cas aujourd’hui, a-t-il poursuivi. Nous n’avons pas moins de 20 000 km carrés de notre territoire qui est aujourd’hui aux mains de Boko Haram".
La commission électorale a promis cette semaine que la présidentielle était maintenue au 14 février, même si de nombreux observateurs doutent de la crédibilité du scrutin s’il ne peut se tenir dans tout le nord-est du pays, aux mains des islamistes des Boko Haram.
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(Avec AFP)
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