McKinsey vante à nouveau le potentiel économique africain malgré la conjoncture
Le prestigieux cabinet de conseil américain présente jeudi la deuxième édition de son rapport d’analyse très attendu sur les économies africaines. Si la conjoncture est moins favorable qu’en 2010, lors de la première publication, le cabinet continue de plaider pour le potentiel africain dont il préconise certaines réformes.
Six ans après la première édition de son rapport, qui a depuis fait figure de totem de l’afro-optimisme, McKinsey rend public jeudi 15 septembre son rapport très attendu sur les économies africaines, dont quelques conclusions avaient déjà été distillées au Forum économique de Kigali en mai dernier.
Intitulé « Lions on the Move II : Realizing the Potential of Africa’s Economies » dont le patron de McKinsey à Johannesburg, Acha Leke, est toujours l’un des artificiers, il prend acte d’une conjoncture économique plus défavorable.
Une situation moins porteuse dont il fait état à la première ligne du rapport : « la photographie est aujourd’hui plus complexe ». Et pour cause : alors que les PIB africains avaient bondi de +4,9% entre 2000 et 2008, doublant le score moyen des années 1980 et 1990, « la croissance s’est depuis significativement ralentie », note le rapport qui fait état d’une croissance moyenne de +3,3% entre 2010 et 2015.
Jusque-là rien de tonitruant ou qui ne soit déjà connu, mais le rapport s’illustre ensuite dans l’effort de différenciation qu’il entreprend sur les situations économiques divergentes d’un pays à l’autre. Et les consultants répartissent les pays africains selon trois groupes : ceux qui surnagent et dont la croissance se maintient à leur niveau des années 2000 au-delà de +4% par an, et les pays secoués par les Printemps arabes ainsi que les pays pétroliers qui eux subissent le ralentissement économique beaucoup plus durement.
Des indicateurs de dynamisme
Pour preuve que l’essor africain ne se tarit pas, McKinsey cite les dépenses des ménages et des entreprises qui devraient bondir de 645 et 970 milliards de dollars respectivement d’ici 2025, pour faire des pays africains un méga-marché à 5 500 milliards de dollars.
Quoique, du côté des foyers et des sociétés, le bond se concentrera en Afrique du Sud, en Afrique de l’Est, en Égypte et au Nigeria, les 15 pays d’Afrique francophone de l’Ouest et Centrale, ainsi que le Maroc, l’Algérie et la Tunisie joueront un rôle mis en avant par le rapport.
Cette croissance sera notamment tirée par l’urbanisation — le PIB par habitant étant en règle générale deux fois supérieur à celui des zones rurales — qui verra 187 millions de personnes supplémentaires rejoindre les villes en 10 ans. Les urbains africains dépasseront même leurs homologues chinois à échéance 2045 avec plus d’un milliard de personnes.
Pour y répondre, les 700 entreprises africaines dont le chiffre d’affaires dépassent les 500 millions de dollars ont de nombreuses cartes à jouer. Pourtant, elles n’ont atteint qu’un tiers de leur potentiel, estime le cabinet de conseil.
Couplée à une hausse des exportations, la capacité des groupes africains à capter une part grandissante de la demande intérieure pourrait doper les industries manufacturières (chimie, machines, caoutchouc, filière agroalimentaire, bois, métaux…) de 500 milliards de dollars en 2015 à 930 milliards de dollars en 2025. McKinsey évalue de 6 à 14 millions les emplois qui seraient ainsi créés.
Les préconisations de McKinsey
Pour se donner les moyens de ses ambitions, le rapport invite les pouvoirs publics à s’ajuster à plusieurs « impératifs », à commencer par une capacité renforcée à lever des impôts. Dix pays collectent à l’heure actuelle 80% des 300 milliards de dollars de revenus fiscaux africains : Afrique du Sud, Nigeria, Algérie, Maroc, Kenya,..
Un autre moyen pointé par le rapport pour développer les ressources d’épargne et d’investissement passe par les assurances-vie et les fonds de pension.
McKinsey invite enfin les exécutifs à aller plus loin dans la diversification de leurs économies et dans le renforcement des infrastructures (80 milliards de dollars par an qui devraient être doublés).
Lions on the Move 2 by jeuneafrique on Scribd
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