Soudan du Sud : un quotidien fermé après avoir publié un rapport sur la corruption des élites
Le gouvernement sud-soudanais a ordonné la fermeture du principal journal en langue anglaise du pays, qui avait consacré sa première page à un rapport américain accusant l’élite politique et militaire de s’être enrichie en profitant de la guerre civile.
« Nous avons été convoqués par les services de la Sécurité nationale, et ils nous ont donné un document officiel nous ordonnant de fermer », a déclaré à l’AFP Simon Aurelious, le rédacteur en chef du Nation Mirror, précisant que l’ordre de fermeture avait été émis mardi. Selon lui, les responsables de la Sécurité nationale ont indiqué à sa rédaction que « le journal s’est livré à des activités incompatibles avec son statut », sans pour autant fournir d’explication plus précise.
« Foutaise absolue »
Mardi et mercredi matin, le quotidien avait consacré sa première page à un rapport de la fondation américaine The Sentry, co-fondée par l’acteur George Clooney, accusant l’élite politique et militaire du Soudan du Sud de s’être enrichie en profitant de la guerre civile qui ravage le pays depuis décembre 2013.
Le rapport, dont la présentation à Washington avait été couverte par de très nombreux médias à travers le monde, épingle en premier lieu le président Salva Kiir et son ancien vice-président devenu son ennemi à la tête de la rébellion, Riek Machar. Le gouvernement a quant à lui qualifié le rapport de « foutaise absolue ».
« C’est une nouvelle choquante », a de son côté réagi Alfred Taban, président de l’Association pour le développement des médias au Soudan du Sud. Journaliste respecté, Alfred Taban avait lui-même été détenu au secret pendant 13 jours en juillet après la publication d’un éditorial au vitriol dénonçant l’échec complet des deux têtes de l’exécutif sud-soudanais.
Quelques jours avant l’annonce de la fermeture de journal, l’ONU s’était inquiétée de menaces ciblant des représentants de la société civile ayant rencontré les membres du Conseil de sécurité de l’ONU à Djouba le 3 septembre.
Menace d’embargo sur les armes
Par ailleurs Washington a une nouvelle fois menacé mercredi de demander un embargo sur les armes contre le Soudan du Sud si Djouba ne respecte pas son engagement à accueillir sur son sol une force africaine de 4000 hommes qui doit venir renforcer la MINUSS (Mission des Nations unies au Soudan du Sud) actuellement présente sur place.
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