Contrainte de fuir le Nigeria pour vivre sa transsexualité, elle est en finale de Miss Trans Star International

Miss Sahhara est née dans le mauvais corps et le mauvais pays. Persécutée au Nigeria, un temps au bord du suicide, elle est désormais l’une des heureuses finalistes d’un concours de beauté très spécial à Barcelone : Miss Trans Star International.

Une candidate lors des auditions de Miss Trans Star International en Israël le 3 mars 2016. © Ariel Schalit/AP/SIPA

Une candidate lors des auditions de Miss Trans Star International en Israël le 3 mars 2016. © Ariel Schalit/AP/SIPA

Publié le 19 septembre 2016 Lecture : 2 minutes.

« Nous sommes toutes gagnantes, nous avons gagné notre propre vie », a réagi l’Israélienne Tallen Abu Hanna, arrivée deuxième en 2010.

Discrimination

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Persécutées par leurs gouvernements, victimes de discrimination ou rejetées par leurs propres familles, les 25 candidates de ce concours ont emprunté un douloureux chemin de croix avant de trouver le courage de défiler en maillot de bain ou en robe de gala. Parmi les 300 spectateurs, beaucoup d’autres transsexuels les ovationnent à chaque apparition.

« La minorité trans-genre souffre toujours d’une énorme discrimination, et ce concours est une tentative de toucher la société. Nous voulons aller au-delà de la beauté et montrer l’histoire de vie derrière chacune des filles », explique Thara Wells, la fondatrice de Miss Trans Star International.

Parmi les candidates originaires des quatre coins du globe, notamment du Japon, d’Afrique du Sud, de Colombie ou de Turquie, la Nigériane Miss Sahhara – son nom de scène – se démarque par son discours revendicatif.

« Je ne me sentais pas à l’aise dans mon corps »

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Vêtue d’une robe crème décolletée, elle défile sans timidité, le pas ferme, séduisant le public avec son regard vert clair. Il ne reste pas grand-chose de la jeune fille de 19 ans qui avait fui le Nigeria pour Londres, il y a trois ans.

« Je souffrais d’une sévère dysphorie, autrement dit un trouble de l’identité sexuelle. Ma poitrine ne grossissait pas, je n’avais pas de vagin, je me regardais dans le miroir et je ne me sentais pas à l’aise dans mon corps », confie-t-elle à l’AFP avant le gala.

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Ayant toujours su qu’elle était une femme, elle se maquille et met des talons dans le dos de sa mère. Mais dans un pays qui punit de 14 ans de prison l’homosexualité et la transsexualité, difficile d’assumer.

« Au Nigeria, je n’avais aucune chance de survivre »

« Dans la rue, j’ai été agressée et harcelée. Ma famille aussi, lorsque je suis rentrée à la maison. Ils me disaient : c’est mal ce que tu fais, tu dois changer, te comporter comme un homme », se souvient-elle en montrant des cicatrices sur son dos et ses jambes.

Ses deux tentatives de suicide échouent. Elle affirme avoir été emprisonnée deux fois au Nigeria pour ses tenues féminines, avant de gagner Londres, comme immigrante clandestine puis comme réfugiée.

« Au Nigeria, je n’avais aucune chance de survivre. C’est pour cela que j’ai fuir. »

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