RDC – CPI : la grève de la faim de Bosco Ntaganda exaspère les juges
L’ex-chef de guerre congolais Bosco Ntaganda a entamé lundi son 12e jour de grève de la faim dans sa cellule aux Pays-Bas, refusant toujours de comparaître à son procès pour crimes contre l’humanité à la Cour pénale internationale (CPI).
Bosco Ntaganda à la CPI le 26 mars 2013. © Peter Dejong/AP/SIPA
Publié le 19 septembre 2016 Lecture : 3 minutes.
L’accusé, qui avait assuré récemment être prêt à mourir, proteste contre ses conditions de détention et accuse la Cour de ne pas lui accorder un procès équitable. Il n’est pas apparu devant les juges de la CPI depuis le 7 septembre.
« Non coupable »
Bosco Ntaganda avait plaidé « non coupable » de treize crimes de guerre et cinq crimes contre l’humanité, dont meurtres, pillages, attaques contre des civils, viols et esclavage sexuel, commis par ses troupes en 2002-2003 en Ituri, dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC).
L’ancien chef de guerre congolais, né le 5 novembre 1972, est le premier accusé a avoir entamé une grève de la faim dans les prisons de la CPI.
« Combien de temps cette situation va-t-elle durer ? »
Le juge Robert Fremr a prévenu la défense que sa patience était presque à bout et estimé que le comportement de l’accusé était inacceptable.
« Combien de temps cette situation va-t-elle durer ? Est-ce là le type de justice que nous voulons avoir devant la CPI ? », a déclaré pour sa part son avocat Stéphane Bourgon, dans un communiqué publié lundi. « Nous ne pouvons ignorer l’absence de l’accusé dont la santé actuelle ne cesse de se détériorer », a-t-il ajouté.
La Cour a ordonné que le procès se poursuive en son absence, malgré le fait que Bosco Ntaganda ait ordonné à son équipe de défense d’arrêter de le représenter en son absence.
En état d’être transféré devant la Cour
Après sa nouvelle absence lundi, le juge Robert Fremr a indiqué qu’un officier du centre médical pénitentiaire avait estimé dans la matinée que Ntaganda montrait des signes de fatigue, sans symptôme alarmant du point de vue physique ou mental. Cet expert médical a conclu que Ntaganda était en état d’être transféré devant la Cour pour assister à son procès.
Dénonçant de nouveau le comportement de Ntaganda, le juge Fremr a ajouté que le tribunal n’avait pas d’autre alternative que de poursuivre les auditions.
Dans une longue déclaration lue le 13 septembre par son avocat, l’ancien chef rebelle avait assuré ne plus avoir aucun espoir de voir ses enfants dans des conditions normales.
« On ne le forcera pas à s’alimenter »
Cette déclaration intervenait alors que les juges avaient refusé de lever les restrictions imposées sur ses contacts avec l’extérieur, après des inquiétudes au sujet d’intimidations présumées de témoins. Les juges ont néanmoins répété que rien dans ces conditions de détention n’empêchait les visites familiales.
Des responsables de la CPI ont indiqué à l’AFP qu’ils ne forceraient pas l’ex-rebelle à s’alimenter.
« La Cour suit un protocole international. Bosco Ntaganda est régulièrement vu par des médecins et on ne le forcera pas à s’alimenter », a indiqué la CPI.
Terminator
Souvent surnommé « Terminator », Bosco Ntaganda, aurait joué avec ses troupes des Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC) un rôle central dans les violences ethniques et attaques menées contre les civils en Ituri.
Général dans l’armée congolaise de 2007 à 2012, il était le fugitif le plus recherché dans la région des Grands Lacs jusqu’à ce qu’il se rende, de manière inopinée, à l’ambassade américaine de Kigali, au Rwanda, en mars 2013, pour demander son transfert à la CPI.
Les conflits dans le nord-est de la RDC, qui ont impliqué les armées d’au moins six nations africaines dans cette région riche en minerais, ont entraîné des violences inouïes sur les civils, causant la mort de trois millions de personnes, selon les ONG, et créé une instabilité profonde dans l’Est congolais.
