Niger : les enseignants contractuels fictifs, ces ombres qui coûtaient 3 milliards à l’État
L’organe gouvernemental de lutte contre la corruption (Halcia) au Niger a publié lundi les résultats d’une étude consacrée aux enseignants « fictifs ». Il soupçonne des fonctionnaires de gonfler les listes des professeurs contractuels engagés par l’État, afin de détourner de l’argent.
« L’État nigérien verse chaque mois plus de 3 milliards de francs CFA, soit 4,5 millions d’euros à 2565 enseignants fictifs dans cinq des huit régions du Niger », a révélé lundi 19 septembre la Haute Autorité de lutte contre la corruption et infractions assimilées (Halcia).
Ces enseignants sont contractuels : « 1917 qui n’existent pas du tout » sur les listes officielles d’émargement et 648 qui y figurent « deux ou trois fois », explique Salissou Oubandoma, vice-président de l’organisation, qui a publié les résultats provisoires d’une enquête diligentée depuis le 30 mai par le gouvernement.
« 70 000 enseignants ont été passés au peigne fin dans la capitale, à Dosso, Agadez, Diffa et Tahoua », a-t-il indiqué. L’enquête a été menée « école par école » par des gendarmes et des civils. Les résultats des régions de Zinder, Maradi et Tillabéri seront divulgués prochainement.
Des listes truquées
Faute de budget pour recruter et payer des enseignants titulaires, comme en atteste encore la grève des universités cette semaine, les autorités font appel depuis une dizaine d’années à des « contractuels ». Moins onéreux, ceux-ci sont souvent sans formation et exercent dans le primaire, le secondaire et dans les écoles professionnelles.
Selon les syndicats, les contractuels, payés de 75 000 à 100 000 francs CFA (114 à 152 euros), représentent environ 80% du corps enseignant aujourd’hui. Pour leur seule rémunération, l’État nigérien débloquerait ainsi chaque mois quelque 7 milliards de francs CFA.
Les dérives n’ont donc pas mis longtemps à voir le jour. D’après les soupçons des autorités, certains fonctionnaires s’arrangent ainsi pour gonfler les listes de ces contractuels en inventant des noms ou en les inscrivant plusieurs fois, afin de détourner de l’argent public. Une pratique jusqu’ici difficilement vérifiable, explique un responsable d’une institution financière internationale. « À ce jour, les autorités ignorent jusqu’au nombre exact de contractuels et les sommes qui leur sont précisément consacrées », a-t-il confié.
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