RD Congo : Moïse Moni Della reste introuvable après son interpellation lundi à Kinshasa
Interpellé lundi à Kinshasa lors de la manifestation de l’opposition exigeant la convocation de la présidentielle dans les délais constitutionnels, Moïse Moni Della est introuvable. L’opposant serait détenu dans un cachot à Ndolo, selon ses proches.
Dans l’entourage du président des Conservateurs de la nature et démocrates (Conade), c’est l’inquiétude. Vingt-heures après son arrestation musclée lors de la manifestation de l’opposition qui a dégénéré le 19 septembre en affrontements avec les forces de l’ordre, Moïse Moni Della n’a toujours pas été relâché.
Proche de l’opposant Moïse Katumbi et cadre du Rassemblement de l’opposition dirigé par Étienne Tshisekedi, « Moïse Moni Della n’a fait que répondre à l’appel de sa plateforme politique pour réclamer le respect de la Constitution », explique un de ses proches qui dit craindre que « des charges montées de toute pièce – incitation à la violence, atteinte à la sûreté nationale ou autres – lui soient imputées ».
Le téléphone de Moni Della ne passe plus. »
Touché par un projectile à la tempe, Martin Fayulu lui a été relâché après avoir été interpellé par le service de renseignement de la police. Il en est de même du député Kovo Ingela. Mais où est passé Moïse Moni Della ? « Il a été d’abord détenu au cachot du camp militaire Kokolo avant d’être transféré vers quatre heures du matin à la prison militaire de Ndolo », croit savoir un proche.
« Le téléphone de Moni Della ne passe plus. Il est injoignable », ajoute Joseph Olenghankoy, leader des Forces novatrices pour l’union et la solidarité (Fonus) et l’un des organisateurs de la manifestation du 19 septembre à Kinshasa.
« Mais c’est difficile de dire où Moni Della se trouve ou qui sont les leaders de l’opposition qui ont été arrêtés jusqu’ici. Nous avons tenté de sortir aujourd’hui [20 septembre] pour canaliser les manifestants qui sont descendus encore aujourd’hui dans les rues de la capitale, mais ça tire de partout », renchérit-il.
Contacté par Jeune Afrique, le général Célestin Kanyama, commandant de la police à Kinshasa, se refuse de tout commentaire sur cette arrestation. « Je ne suis ni le procureur général de la République ni le ministre de la Justice », dit l’officier, se contentant d’accuser les manifestants d’avoir été lundi « les premiers à incendier des bus et à s’attaquer aux biens privés dès 7 heures du matin. »
La police n’a pas tiré sur des manifestants, selon son commandant
Le bilan provisoire avancé par Kinshasa fait état de 17 morts alors que l’opposition estime qu’il y a plus de 50 morts dont Fortuna Ngimbi, un jeune étudiant de 25 ans, militant du Peuple au service de la nation (PSN). « Il a été lâchement abattu par la police sur le Boulevard Triomphal alors qu’il participait à une manifestation pacifique », dénonce Rudy Mandio, chef de ce parti constitué essentiellement de jeunes.
« La police n’a pas tiré à balles réelles sur les manifestants », martèle de son côté le général Kanyama. « Je n’ai même pas un pistolet », prétend-il. À l’en croire, des « assaillants » auraient ravi des armes aux agents de l’ordre qui gardaient des boutiques et autres établissements privés et ont tiré sur des policiers et d’autres manifestants.
« C’est archi-faux », rétorque le député Albert Fabrice Puela qui dit s’être « évanoui hier [le 19 septembre] après l’explosion de quatre grenades assourdissantes sous ses pieds ».
« Tout au long de notre marche, nous avons formellement interdit à nos militants de s’attaquer aux biens publics et aux sièges des partis de la majorité. Mais c’est lorsque la police a commencé à réprimer qu’il y a eu des actes de représailles », explique-t-il, accusant à son tour le pouvoir d’avoir infiltré des casseurs parmi les manifestants de l’opposition.
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