Togo : Alberto Olympio condamné à 60 mois de prison

Après 18 mois de procédure judiciaire, l’opposant Alberto Olympio a été condamné mercredi à 60 mois d’emprisonnement ferme et au remboursement de près de 6 milliards de francs CFA à l’investisseur Cauris Management, qui avait investi dans la société Axxend, spécialisée dans les systèmes d’information qu’avait dirigée Alberto Olympio.

Alberto Olympio, leader du Parti des Togolais © Vincent Fournier / J.A.

Alberto Olympio, leader du Parti des Togolais © Vincent Fournier / J.A.

ProfilAuteur_EdmondDalmeida

Publié le 21 septembre 2016 Lecture : 3 minutes.

La main de la justice togolaise a été lourde. Alberto Olympio a écopé mercredi 21 septembre de 60 mois de prison ferme, avec obligation de rembourser 5,9 milliards de francs CFA en plus de 1,3 milliard de dommages et intérêts.

Au tribunal de Lomé mercredi matin, seuls quelques-uns de ses fidèles sont venus écouter le délibéré des juges. Une décision lue si rapidement qu’elle est passée inaperçue dans le lot d’audiences prévues ce 21 septembre au Palais de justice de Lomé.

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« Nous ne sommes pas surpris de cette décision », a commenté Gnimdéwa Atakpama, délégué national aux Affaires intérieures du Parti des Togolais, fondé par Alberto Olympio il y a deux ans.

« Tout semble être organisé pour, délibérément, vouloir la condamnation de monsieur Olympio », a déclaré Me Léon Lef-Foster, le conseil français d’Olympio, annonçant qu’un « un appel sera interjeté ».

Depuis quelques semaines, les partisans de l’opposant dénoncent un « procès politique » destiné à bloquer les ambitions de leur champion.

« la cause du différend est politique »

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« Le différend en lui-même est commercial, la cause du différend purement politique. Ne nous voilons pas la face », a récemment indiqué Alberto Olympio lui-même.

Pourtant, Cauris Management a été rejoint dans son action contre lui par le groupe Axxend, spécialisée dans les systèmes d’information et qui a été dirigée par Alberto Olympio, qui aurait des difficultés à se relever des « malversations » de ses anciens dirigeants.

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« L’objectif du fonds Cauris, de ses actionnaires comme de la société Axxend est avant tout de récupérer les fonds détournés par Alberto Olympio dans l’exercice de ses fonctions de PDG », ont indiqué à l’issue du délibéré les responsables de la société d’investissement.

Pour eux, « le concours financier de Cauris n’est jamais allé manifestement sur les projets ni les investissements au profit de la société Axxend comme initialement convenu avec Alberto Olympio ».

Cauris Management a apporté au moins 5 millions d’euros et est devenu l’un des principaux actionnaires d’Axxend.

Après son entrée en politique en avril 2014, Alberto Olympio devait abandonner progressivement le management de son entreprise et rembourser dès le mois de juin 2014 une somme de 2 millions d’euros à Cauris.

Suite à plusieurs relances et échanges n’ayant pas abouti, Cauris et les autres actionnaires de la société Axxend démettent Alberto de ses fonctions de PDG en novembre 2014 et portent l’affaire en justice. Il est question de faux en écriture bancaire, de détournement de crédits et d’abus de bien sociaux. En clair, Axxend et ses partenaires ne retrouvent pas la trace des fonds alloués par Cauris.

Mandat d’arrêt international

Invisible au Togo depuis mai 2015, Alberto Olympio n’a pas participé aux deux audiences de son procès. Le mandat d’arrêt délivré contre lui antérieurement pour délit de fuite a donc été confirmé par la justice togolaise. L’appel que comptent interjeter ses avocats n’aura pas d’effet suspensif vis-à-vis du mandat d’arrêt indique-t-on de sources judiciaires.

Dans les rangs du Parti des Togolais, on estime que « le combat pour la démocratie » se poursuivra « avec Alberto Olympio ». Va t-il rentrer au Togo dans le cadre de la procédure annoncée d’appel ? Il assure poursuivre son combat et sort cette semaine un nouveau livre pour confirmer son engagement politique. Loin de jubiler, ses anciens partenaires espèrent tout simplement que la justice fera son travail et que les « sommes détournées » seront remboursées pour servir « au financement et au développement des entreprises de la zone UEMOA ».

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