Score Congo ouvre le premier hypermarché du pays à Brazzaville
La filiale locale de Mercure International of Monaco vient d’ouvrir à Brazzaville le premier hypermarché du Congo. Mieux, elle met la dernière main au centre commercial Grand fleuve qui l’entoure et où sont déjà établies les boutiques de plusieurs marques du groupe et d’autres enseignes.
C’est une révolution dans le secteur de la grande distribution au Congo. Ouvert mi-avril, le Géant Casino de Brazzaville est le premier hypermarché du pays. Un mastodonte de 2 500 m2 qui est venu avantageusement remplacer l’ancien supermarché, détruit par un incendie fin 2014.
La nouveauté ne s’arrête pas là. L’hypermarché s’inscrit désormais dans un vaste mall de 10 000 m2, le centre commercial Grand fleuve, où sont déjà installées des boutiques, principalement de prêt-à-porter, dont Aldo, Lewis, New Port. En cours de finalisation (les travaux seront achevés d’ici à la fin de l’année), le centre accueillera également d’autres enseignes de mode (Celio, Kiabi, City Sport, I Am, etc.), des parfumeries, des restaurants et, cerise sur le gâteau, un magasin Fnac.
« C’est notre maison mère [Score, filiale du groupe monégasque Mercure International of Monaco (MIM)], qui a négocié avec ces enseignes déjà présentes sur le continent et auxquelles, en tant que propriétaire du centre commercial, nous louons des boutiques », précise Alphonse Missengui, le directeur adjoint Score Congo, qui, depuis 2010, est également propriétaire d’un supermarché de 1 500 m2 dans le centre-ville de Pointe-Noire.
La plupart des produits sont importés
Autre innovation de taille : un parking sur deux niveaux, l’un de 60 places, en surface, et l’autre de 100 places, en souterrain – lequel est encore quelque peu boudé par les clients peu habitués aux parkings en sous-sol. Ce double parking a nécessité un investissement d’1 milliard de F CFA à lui seul (environ 1,5 million d’euros) sur un montant total estimé à plus de 10 milliards de F CFA pour l’ensemble du centre commercial. Il constitue une grande première dans la capitale congolaise, où jusqu’à présent les seules aires de stationnement se limitaient aux trottoirs. Et c’est un argument de poids, qui a contribué à attirer les clients.
Le rayon alimentation est d’ailleurs la locomotive de l’hypermarché
Les Brazavillois sont aussi séduits par les produits proposés. « L’offre n’était pas assez diversifiée », fait remarquer une jeune femme. Pour de nombreux consommateurs, se ravitailler dans la capitale est en effet un casse-tête : la ville compte de nombreuses épiceries de quartier, en majorité tenues par des Ouest-Africains, mais qui ne vendent pas de produits frais, et ses quelques grands marchés sont difficiles d’accès et sans équipement moderne (notamment de réfrigération).
Le rayon alimentation est d’ailleurs la locomotive de l’hypermarché en termes de chiffre d’affaires, avant « l’espace DPH » (droguerie, parfumerie, hygiène). Mis à part quelques produits locaux – dont les bières, eaux minérales, yaourts, sucre, œufs, sans oublier le poisson, acheminé depuis Pointe-Noire -, la grande majorité des denrées, qu’elles soient brutes ou manufacturées, fraîches ou en conserve, sont importées. Depuis la France pour la plupart, notamment du grand marché de Rungis, en banlieue parisienne.
Le manque de visibilité de l’offre et l’irrégularité de l’approvisionnement expliquent la quasi-absence des fruits et légumes locaux sur les étals de Géant Casino. « Au Congo, à de rares exceptions près [comme les Brasco pour la boisson ou la Saris pour le sucre], il n’y a pas encore de sociétés structurées capable de fournir des produits en quantité suffisante et de manière régulière. Il y a un réel besoin d’organiser les filières agricoles depuis la production jusqu’à la commercialisation, en passant par le transport et le stockage », explique le directeur adjoint de Score Congo.
Il est également difficile d’importer depuis des pays de la sous-région, faute de listings accessibles sur internet, qui permette d’identifier les fournisseurs, les produits, les quantités disponibles, les délais de livraison, les prix… « On ne peut pas se permettre de rupture de stocks, c’est pour cela qu’on importe, principalement depuis la France. Ce qui n’est pas le cas en Côte d’Ivoire, où nos magasins sont largement approvisionnés en produits locaux, qu’ils soient frais ou transformés », ajoute Alphonse Missengui.
Rayon traiteur : un succès
L’hypermarché a aussi innové côté services, en proposant des plats cuisinés. Des grands standards internationaux que sont les poulets grillés, barquettes de légumes et pizzas, aux spécialités congolaises comme le saka-saka (feuilles de manioc, d’épinards et pâte d’arachide au poisson ou à la viande), le liboke (papillote de poisson) ou le madessou (haricots), tous sont concoctés sur place par des « mamans » brazzavilloises – « payées tous les deux jours en espèces, à la différence des autres fournisseurs », précise Alphonse Missengui.
C’est un véritable succès. Au point qu’après 17 heures, le rayon traiteur est souvent en rupture de stock. La vente de poulets entier a même due être limitée à 5 par client. « Il n’est pas question que des cantines ou des entreprises viennent dévaliser notre rayon pour leurs employés ou leurs cocktails, ajoute le directeur adjoint. Nous ne sommes pas là pour vendre à des sociétés, mais bien à des particuliers. » L’établissement dispose aussi d’une boulangerie-pâtisserie, proposant une gamme de pains, de viennoiseries et de pâtisseries, également tous fabriqués sur place par le boulanger maison, qui arrive à son fournil à 5 h du matin.
Horaires d’ouverture étendus
Outre la possibilité de paiement par carte visa – encore une première dans la grande distribution à Brazza -, l’établissement a également étendu ses horaires d’ouverture, obligeant la plupart de ses concurrents à lui emboîter le pas. « Brazzaville s’est agrandie et certains clients, qui travaillent en centre-ville, ne peuvent plus rentrer chez eux à l’heure du déjeuner. Il fallait s’adapter à leurs nouvelles conditions de vie et de travail. C’est pourquoi, en semaine, nous sommes ouverts désormais sans interruption de 8 h 30 à 20 heures et jusqu’à 21 heures le vendredi. Le dimanche, nous ouvrons de 9 h à 13 h. ». Depuis, le Géant Casino est devenu une destination pour les sorties en famille du dimanche matin, avant d’aller se détendre sur la nouvelle promenade de la Corniche, à moins de 300 m.
Compte tenu de la difficile conjoncture économique que traverse le pays, avec la chute des cours du pétrole, le volume de clientèle est en légère baisse. Mais la direction de l’hypermarché compte bien attirer de nouveaux clients, grâce à l’achèvement des travaux du centre commercial. « Nous sommes un magasin congolais pour les Congolais », insiste son directeur, qui compte sur sa politique de prix, les nouveaux services et le bouche-à-oreille pour battre en brèche l’image d’un supermarché réservé aux expatriés, aux fonctionnaires et aux « riches ».
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