Football : Arnold Bouka Moutou, un joueur qui a pris son temps

Depuis le mois de juillet, Arnold Bouka Moutou a rejoint le club français de Dijon, tout juste promu en Ligue 1. Passé professionnel alors qu’il avait déjà 24 ans, le footballeur n’a pas eu un parcours classique et a découvert le Congo en 2014, à l’occasion de sa première sélection avec les Diables rouges.

Le Congolais Arnold Bouka Moutou joue à Dijon depuis juillet 2016. © Arnaud Finistre pour JA

Le Congolais Arnold Bouka Moutou joue à Dijon depuis juillet 2016. © Arnaud Finistre pour JA

Alexis Billebault

Publié le 22 septembre 2016 Lecture : 3 minutes.

Aîné des cinq enfants d’un père éducateur spécialisé originaire de Pointe-Noire et d’une mère aide-soignante native de Dolisie arrivés en France dans les années 1980, Arnold Bouka Moutou est né à Reims en novembre 1988. Il a joué au RC Épernay (2006-2007), puis au Amiens SC (2007-2010), où, malgré un contrat professionnel, il doit se contenter de matches avec l’équipe B. Il rejoint le Calais RUFC (2010-2011), puis l’AC Amiens, l’autre formation de la ville picarde (2011-2012). Fin du parcours amateur.

Car le destin tient parfois à pas grand-chose. Pour Arnold Bouka Moutou, il tient à l’un de ces matchs de 4e division qui pullulent chaque week-end en France. Ce jour d’automne 2011, alors que l’AC Amiens affronte l’équipe réserve du Paris-SG, il occupe le côté gauche de la défense amiénoise et tape dans l’œil d’un recruteur de l’Angers SCO, un club alors en Ligue 2 (revenu en Ligue 1 en 2015).

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Posé, intelligent, il a du recul sur son métier

« On m’a proposé d’aller faire un essai là-bas. J’ai accepté, l’essai a été concluant et j’ai signé un contrat professionnel. Pour moi, c’était un peu ma dernière chance de jouer à ce niveau. À Amiens, je gagnais un peu d’argent, mais j’avais presque 24 ans et c’était le moment de faire un choix : soit je ne faisais que du foot, mais à un niveau professionnel ; soit je trouvais un emploi et je continuais à jouer mais dans un petit club, vers chez moi, à Épernay », explique le joueur. « Mes parents étaient d’accord pour que je fasse du foot, mais il fallait que je donne la priorité aux études. J’ai obtenu un bac pro commerce, et j’avais commencé un BTS par correspondance. Si je n’avais pas été recruté par Angers, je pense qu’aujourd’hui j’occuperais un poste dans le secteur de la vente. »

On connaît la suite. Arnold Bouka Moutou est resté à Angers jusqu’au 30 juin 2016, avant de s’engager pour trois ans avec le club de Dijon, tout juste promu parmi l’élite, en Ligue 1. Dijon, qui a déboursé quelques centaines de milliers d’euros pour racheter sa dernière année de contrat à Angers, le suivait depuis déjà un certain temps. « Pour nous, c’était l’un des meilleurs à son poste en Ligue 2. Nous savions aussi qu’il n’était pas vraiment satisfait de son sport la saison dernière. Nos contacts sur place nous ont également donné des gages sur son état d’esprit : c’est un joueur posé, intelligent, qui a pas mal de recul sur son métier. Sa venue chez nous a rapidement fait consensus », explique Sébastien Larcier, le responsable de la cellule recrutement de Dijon.

« C’est un garçon facile à vivre »

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Son passage à Angers lui a aussi ouvert les portes de la sélection congolaise, en août 2014, à l’occasion d’un match qualificatif pour la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2015, face au Rwanda. « J’avais déjà été convoqué quelques mois plus tôt par Kamel Djabour, le prédécesseur de Claude Le Roy, mais j’étais blessé… Quand Le Roy m’a appelé, je n’ai pas hésité un seul instant, se souvient le joueur. C’est à cette occasion que j’ai pu me rendre pour la première fois dans le pays de mes parents, y rencontrer ma grand-mère paternelle, des oncles… »

Le football a rapproché Arnold Bouka Moutou de son pays d’origine. « Je lis davantage de livres sur les relations entre la France et l’Afrique, par exemple, dit-il. Et j’espère renforcer ce lien prochainement, d’une façon ou d’une autre. Peut-être dans le domaine de l’écologie. » En attendant, Bouka Moutou est devenu l’un des cadres des Diables Rouges, même si le Congo, toujours en lice pour se qualifier pour la Coupe du Monde 2018, manquera la CAN 2017 au Gabon. « Je suis étonné qu’il n’ait pas joué plus tôt au plus haut niveau. C’est un bon footballeur et un garçon facile à vivre », confirme Claude Le Roy, qui entraîne désormais le Togo et a été remplacé par Pierre Lechantre. Lequel veut faire de Bouka Moutou l’un de ses hommes de base.

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