Côte d’Ivoire : Abidjan et les autres

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Publié le 5 janvier 2015 Lecture : 2 minutes.

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Abidjan, le retour

La capitale économique ivoirienne commence à se remettre des longues années de crise politique. Les chantiers sont lancés pour qu’Abidjan redevienne le centre névralgique de l’Afrique de l’Ouest.

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À sa construction, au début du XXe siècle, pendant la colonisation française, Abidjan n’était qu’une petite bourgade située autour de l’actuel quartier du Plateau et occupée par des pêcheurs. Pêcheurs rapidement "déguerpis" (déjà…) pour les premiers travaux de la future capitale économique et du chemin de fer. Un millier d’habitants tout au plus. Un siècle et quelques plus tard, ils sont près de 5 millions. Ils dépasseront les 10 millions vers 2035…

"Dieu fit la campagne et l’homme fit la ville", écrivait le poète britannique William Cowper. Il va falloir à ce dernier, l’homme, et aux Africains en particulier, affronter l’un des défis les plus complexes des temps modernes : imaginer les cités de demain en tentant de se débarrasser du carcan induit par une conception originelle, celle généralement élaborée par un colonisateur loin d’envisager un développement démographique hors norme, qui rend les fondations de nos villes obsolètes. Et, donc, limite idées et projections sur l’avenir.

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Abidjan, comme Dakar, Kinshasa ou Libreville, loin de Yamoussoukro ou d’Abuja, sorties de nulle part ou presque, n’a cessé de s’étendre pour absorber l’afflux permanent de populations. Ici comme ailleurs, le même schéma "directeur" : anarchie et mise en danger des habitants, en multipliant par exemple les logements précaires ou insalubres ; non-satisfaction des besoins les plus élémentaires (eau, électricité, assainissement, transports) ; absence de vision à long terme ; bricolage permanent.

>> Lire aussi : l’urbanisme au coeur de la croissance économique

Ces mutations, l’Europe, l’Amérique ou l’Asie les ont opérées bien avant nous, en plusieurs décennies. Nous n’avons pas ce luxe : le temps presse, car nous sommes parvenus à la limite du supportable. Fort heureusement, cette prise de conscience, ici et là en Afrique, a déjà eu lieu. Difficile de nier qu’à Abidjan, depuis l’élection d’Alassane Ouattara, on se préoccupe de cet avenir. Cela ne se fait pas sans poser de problèmes – travaux permanents, embouteillages monstres, déguerpissements humainement mal gérés, etc. -, mais on progresse. De nombreux programmes de logement ou d’assainissement sont en cours, les infrastructures poussent à vue d’oeil (le fameux pont Henri-Konan-Bédié, pour la plus récente), la loi est de plus en plus respectée, la lagune, ce cloaque à ciel ouvert, draguée.

Depuis longtemps, c’est-à-dire depuis la fin de la crise postélectorale, la vie a repris ses droits, à Abobo, à Yopougon ou à Adjamé comme au Plateau, à Cocody, dans les très résidentiels quartiers Riviera ou en Zone 4, fief des loisirs nocturnes ou "gastronomiques".

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Les défis sont légion, mais, fort ­heureusement, les solutions aussi. De l’avantage d’être le dernier continent à mener sa révolution urbaine… Parmi les piliers de cette dernière, sécurité, paix, égalité, dynamisme économique, développement durable, accès aux services de base, ­gouvernance, identité, mixité sociale, etc.

Reste une gageure, dans ce maelström d’écueils à surmonter et de concepts à confronter : l’identité africaine de nos villes, qui ne doivent pas devenir les vitrines d’un avenir où les fondements de nos sociétés disparaissent sous le feu d’oukases venus d’ailleurs ou par simple réflexe pavlovien. Soyons nous-mêmes, africains et intelligents, modernes et authentiques, bref, "entrés dans l’Histoire", comme dirait l’autre…

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