Livres : quand nos chefs d’État font leur rentrée littéraire

En cette période de sélection pour les prix littéraires, l’un de nos chefs d’État pourrait-il recevoir un prix des lecteurs ? Techniquement, c’est possible. Car sans remonter jusqu’à Léopold Sédar Senghor ou Nelson Mandela, plusieurs présidents africains en exercice sortent régulièrement leur plume.

Ouvrages écrits par des présidents africains en exercice. © Montage J.A.

Ouvrages écrits par des présidents africains en exercice. © Montage J.A.

MATHIEU-OLIVIER_2024

Publié le 23 septembre 2016 Lecture : 2 minutes.

Le saviez-vous ? Denis Sassou Nguesso a particulièrement à cœur de protéger l’environnement du bassin du Congo. Le chef de l’État a même écrit un livre sur le sujet, l’un de ses neuf ouvrages référencés (hors recueils de discours).

Difficile à trouver aujourd’hui en librairie, celui-ci s’intitule L’arbre du Gondwana. Il a depuis été décliné en cinq tomes de… contes et de paraboles, vendus dans la catégorie jeunesse. Vous pouvez donc commander via Internet Gondwana et l’arbre des ancêtres, Gondwana : où est passé le petit gorille, etc… Tous signés Denis Sassou Nguesso.

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Le président congolais est si présent dans le domaine littéraire qu’il s’était offert le luxe d’une préface de Nelson Mandela en 2009, dans Parler vrai pour l’Afrique. Problème, son éditeur avait utilisé un discours, élogieux certes, mais vieux de plus de dix ans, et surtout prononcé par « Madiba » dans de toutes autres circonstances. La fondation Nelson Mandela avait dénoncé une « utilisation éhontée du nom de Mandela », lequel n’avait en fait « ni lu le livre, ni écrit un avant-propos ».

Couverture illustrée du livre "Gondwana : où est passé le petit gorille", tiré de l'ouvrage de Denis Sassou Nguesso "L'arbre de Gondwana". © Éditions Portes du soleil.

Couverture illustrée du livre "Gondwana : où est passé le petit gorille", tiré de l'ouvrage de Denis Sassou Nguesso "L'arbre de Gondwana". © Éditions Portes du soleil.

« Ma vie pour »…

La plupart des œuvres des chefs d’État africains en exercice ne sont pas aussi surprenantes, loin s’en faut. Autobiographies (sous la forme Ma vie pour mon peuple, comme Teodoro Obiang Nguema), programmes électoraux mis en page (« Ce que je veux pour… », comme Alpha Condé), ou essais politiques et économiques, comme Macky Sall ou Alassane Ouattara (Pourquoi les dragons d’Asie ont-ils pris feu ?)… Les présidents africains font dans le classique.

Ainsi, le prochain livre du Tunisien Béji Caïd Essebsi ne sera pas un roman d’aventures. L’octogénaire, auteur d’un témoignage politique sous le titre Habib Bourguiba, le bon grain de l’ivraie en 2011, doit publier prochainement, en co-signature avec la journaliste française Arlette Chabot, un ouvrage intitulé Tunisie : la démocratie en terre d’islam. À paraître le 17 novembre, celui-ci est en partie adressé à la classe politique française et à ses polémiques sur l’islam.

Des « jeunes » présidents plutôt discrets

Sans surprise, le plus prolifique des  chefs d’État africains est également l’un des plus anciens au pouvoir (il cumule plus de 32 ans à la tête de l’État) : Denis Sassou Nguesso, avec neuf ouvrages, en comptant les déclinaisons de L’arbre du Gondwana. Il devance de très loin d’autres dinosaures du marigot d’Afrique centrale, comme Paul Biya (Pour le libéralisme communautaire et Pour une Afrique forte) ou Teodoro Obiang Nguema – lesquels préfèrent sans doute la marche à pied à l’écriture.

Le seul qui aurait pu tenir tête à Denis Sassous Nguesso, avec huit livres, est un certain Laurent Gbagbo

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Le seul qui aurait pu tenir tête au président congolais, avec huit livres, est un certain Laurent Gbagbo, qui n’entre plus dans la catégorie des présidents en exercice. Les plus « jeunes » des présidents, au sens politicien du terme, sont en revanche plus en retrait. Macky Sall n’a écrit qu’un ouvrage, La tyrannie du développement, en 2014, tandis que Patrice Talon ou Mahamadou Issoufou restent absents des librairies.

Quant au président français François Hollande, qui a côtoyé les mêmes cercles qu’Issoufou à Paris, il en est déjà à son sixième livre signé de sa main (hors recueils de discours). Son prédécesseur Nicolas Sarkozy en compte quant à lui huit – pour l’instant. Faut-il dès lors envier aux personnalités politiques françaises leur capacité à mobiliser les imprimeries, sans forcément marquer les esprits ?

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