Mahamadou Issoufou : « L’État islamique est à nos portes »
Il a sur la question un avis très tranché : il faut, explique le chef de l’État, intervenir en Libye pour empêcher le chaos de s’étendre. Entretien avec un homme auquel ni la situation internationale ni ses opposants n’ont ces derniers mois laissé beaucoup de répit.
En ce mois de décembre où la brume de saison sèche teinte l’horizon de sépia, Niamey se lève tôt. Dès l’aube, des dizaines de chantiers destinés à transformer le visage de la capitale se remettent à l’ouvrage, comme pour transcender les vicissitudes d’un destin qui a figé le Niger dans le peloton de queue des pays les plus pauvres du monde.
Une fatalité à laquelle Mahamadou Issoufou, chef de l’État depuis avril 2011, ne se résout pas : son programme dit de renaissance économique et sociale – naissance serait sans doute un mot plus juste – est à la fois ambitieux, volontariste et axé avant tout sur le développement des infrastructures. Cet ingénieur des mines, mathématicien de formation, social-démocrate convaincu et politicien du genre résilient (il a été élu à la présidence à son quatrième essai), est un adepte de la gouvernance par objectifs : il avance avec méthode et n’hésite pas à prôner une véritable révolution culturelle dont les Nigériens auraient, il est vrai, bien besoin pour entrer dans la modernité.
Dans sa ligne de mire : la présidentielle de 2016, à laquelle nul ne doute qu’il sera candidat pour un second (et dernier) mandat de cinq ans, face à une opposition pugnace incarnée par les ex-Premiers ministres Seyni Oumarou et Hama Amadou. En première ligne sur le front de la lutte contre les groupes jihadistes au Sahel, Mahamadou Issoufou doit aussi chaque jour veiller à la sécurité du Niger et maintenir un équilibre délicat entre le respect de la souveraineté nationale et l’indispensable appui militaire français et américain, tout en gardant un oeil sur les cours en berne de l’uranium et du pétrole, les deux sources de revenus du pays.
Autant dire que Zaki ("le lion" en haoussa) n’a rien d’un fauve endormi. L’entretien qui suit a été recueilli le 18 décembre à Dosso, à 150 km au sud-est de Niamey, le jour de la fête nationale nigérienne. Après avoir présidé un défilé de trois heures et avant de s’envoler pour un sommet régional en Mauritanie, Mahamadou Issoufou s’est livré à J.A. Sincère, mais aussi prudent.
Jeune Afrique : Quel a été votre rôle exact dans la libération, le 9 décembre, de l’otage français Serge Lazarevic ?
Mahamadou Issoufou : En marge du sommet Afrique-France de l’Élysée, il y a un an, François Hollande m’a explicitement demandé de l’aider. J’ai donc remis en place l’équipe qui avait agi avec succès pour les quatre otages d’Arlit, avec notamment Mohamed Akotey et le général Koré. Il a fallu douze mois de tractations extrêmement complexes avec les ravisseurs, lesquels ont à un moment exigé une contrepartie précise : la libération de quatre de leurs détenus à Bamako.
C’était une demande très difficile à satisfaire. Mon frère, le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), et moi-même en avons longuement conféré, avant de décider d’y répondre positivement. Mais je dois ajouter, parce que je sais que cette affaire a ému à juste titre une partie de l’opinion, qu’à la minute même où ces jihadistes ont été libérés, toutes les dispositions ont été prises pour les rechercher et les arrêter de nouveau.
Vous allez les traquer, comme l’a dit IBK ?
Je confirme. Ce sont des criminels. Nous les retrouverons. Leur liberté est le résultat d’une raison d’État, mais elle n’est que provisoire.
Lors du récent forum de Dakar sur la sécurité, le président mauritanien Ould Abdelaziz a demandé qu’on cesse de verser des rançons aux preneurs d’otages. Vous êtes d’accord ?
Évidemment. Et je précise que dans les deux dossiers dont je me suis occupé, celui d’Arlit et celui de Lazarevic, aucune rançon n’a, à ma connaissance, été versée.
En êtes-vous sûr ?
J’ai dit : à ma connaissance. Maintenant, si, dans mon dos, des choses ont été faites, comment voulez-vous que je le sache ?
Le Niger est devenu l’un des hubs des opérations antijihadistes dans le Sahel. Des forces spéciales françaises et américaines équipées de drones sont basées à Niamey, mais aussi ailleurs sur le territoire. Cela ne risque-t-il pas d’entraver votre souveraineté ?
Non. Car sans les renseignements que nous délivrent Français et Américains, notre armée est sourde et aveugle face aux menaces. On peut certes regretter qu’un demi-siècle après les indépendances nous soyons toujours dépendants de pays amis pour assurer notre sécurité. J’en suis conscient et j’ai fait, depuis le début de mon mandat, beaucoup d’efforts pour relever le niveau opérationnel de nos forces, mais cela ne suffit pas encore. N’oubliez pas que le Niger est grand comme deux fois la France, avec 5 700 km de frontières à surveiller. Nous sommes ici sur un front de la bataille mondiale contre le terrorisme. Il est normal que nous mutualisions nos moyens.
Défilé d’une unité méhariste de l’armée nigérienne à Dosso,
le 18 décembre, jour de la fêe nationale. © Vincent Fournier pour J.A.
Les Français vous préviennent-ils des opérations qu’ils mènent sur votre territoire ? Exemple : le raid qu’ils ont effectué le 10 octobre contre un convoi de véhicules d’Al-Qaïda au Maghreb islamique, dans le Nord…
Bien sûr, puisqu’il s’agit d’opérations conjointes. Celle à laquelle vous faites allusion participait du verrouillage de la passe de Salvador, par laquelle transitent des cargaisons d’armes en provenance de Libye et à destination du Mali. Nous l’avons conçue avec nos partenaires français.
Les groupes jihadistes trouvent refuge et s’approvisionnent dans le sud-ouest de la Libye, à vos portes. Faut-il y intervenir militairement ou souhaitez-vous privilégier une solution politique, c’est-à-dire une stabilisation interne de la Libye ? Quelle est votre position dans ce débat ?
Vous parlez de débat. Mais quand les Occidentaux sont intervenus pour renverser Kadhafi en 2011, y a-t-il eu débat ? Nous a-t-on demandé notre avis ? En aucun cas. Mon opinion est claire : nous ne pouvons pas laisser la situation dans le Sud libyen continuer de se dégrader indéfiniment. La Libye n’a pas d’autorité centrale, elle est aux mains de milices rivales et son Sud est devenu un sanctuaire pour les terroristes. À trop hésiter, c’est tout le Sahel qui, dans quelques mois, risque de se transformer en chaudron. Il faut donc une intervention militaire pour réparer les dégâts liés à la chute de Kadhafi, sinon nous aurons Daesh à nos portes.
Nous savons que des terroristes s’entraînent dans cette partie de la Libye avant de repartir combattre en Irak et en Syrie. Il y a urgence. Et c’est à ceux qui ont créé cette situation de faire le job, sous l’égide de l’ONU. Qu’on me comprenne bien : le but est de parvenir à une réconciliation nationale entre tous les Libyens, mais tant qu’il y aura des terroristes sur le sol de ce pays, ce sera mission impossible. Quand ces derniers auront été neutralisés – et le plus tôt sera le mieux -, un gouvernement d’union pourra enfin exister à Tripoli avec la participation de tous, y compris des kadhafistes.
Dans l’immédiat, ce sont surtout les réfugiés nigérians qui nous préoccupent : ils sont plus de 100 000.
Les dirigeants libyens – ou ce qui en tient lieu – vous ont longtemps suspecté de tolérer les activités d’anciens proches de Kadhafi réfugiés au Niger. Était-ce exact ?
C’était et cela reste faux. Ce n’est pas parce que mon pronostic sur l’avenir de la Libye, formulé dès mai 2011 lors du sommet du G8 à Deauville, s’est hélas vérifié que je me suis livré à ce type de manoeuvre.
Pourtant, vous avez dû, sous la pression, consentir à l’extradition de l’un des fils Kadhafi, Saadi, réfugié à Niamey…
Oui. Je l’ai acceptée la mort dans l’âme, et s’il est une décision que je regrette d’avoir prise, c’est sans doute celle-là. Mon ministre des Affaires étrangères s’est longuement expliqué sur les circonstances qui y ont présidé. Je n’y reviendrai pas.
Le Niger est-il menacé par Boko Haram ?
Jusqu’ici, il n’y a pas eu d’incursion de ces gens chez nous. Mais Boko Haram sévit à quelques kilomètres de notre frontière avec le Nigeria, non loin de Diffa. Nous avons donc pris toutes les dispositions pour les repousser. Dans l’immédiat, ce sont surtout les réfugiés nigérians qui nous préoccupent : ils sont plus de 100 000.
Les Français vous aideront-ils si Boko Haram vous attaque ?
Nous sommes en relation avec eux et je crois que, dans cette hypothèse, l’opération Barkhane et l’armée nigérienne travailleront ensemble.
La chute de Blaise Compaoré vous a-t-elle surpris ?
Oui et non. La rapidité du processus m’a surpris, c’est vrai. Mais s’il y a une leçon à tirer de ces événements, c’est que même si l’on est une grande figure régionale et que l’on a rendu de vrais services à son peuple, comme Blaise Compaoré, tout cela passe au second plan si l’on ne sait pas partir à temps.
Lui aviez-vous dit que s’il s’obstinait dans son projet il allait dans le mur ?
Les situations ne sont pas transposables d’un pays à un autre. On évite donc généralement, entre chefs d’État, de s’ingérer dans les affaires des voisins. Ce que je souhaite aujourd’hui pour le Burkina, c’est une bonne transition, suivie de bonnes élections, avec en toile de fond une vraie réconciliation. Je ne ferai aucun autre commentaire, pas plus aujourd’hui qu’hier.
L’Algérie vient d’expulser plusieurs milliers de Nigériens, dont beaucoup de femmes et d’enfants. Un coup de balai qui a ému l’opinion ici. Aviez-vous été prévenu de cette opération ?
Tout à fait. Mon ministre de l’Intérieur s’est rendu pour cela en Algérie, et c’est même à notre demande que ces jeunes et ces femmes, partis pour se livrer à la mendicité, ont été rapatriés au Niger. C’était pour nous une question de dignité. Il n’y a aucun problème entre Alger et nous.
L’année 2014 a été quelque peu tendue en politique intérieure : manifestations, interpellations dans les rangs de l’opposition en juin et juillet, fuite de l’ancien président de l’Assemblée Hama Amadou… Pourquoi cette crispation ?
Ne dramatisons pas. Il y a eu des frictions, sans doute. Mais rien qui remette en question le dynamisme et la vitalité de notre démocratie. Le Niger est un pays libre, avec une opposition qui s’oppose sans entraves et des médias qui s’expriment. Les interpellations auxquelles vous faites allusion ont sanctionné certains débordements violents, dans le strict respect de la loi. Quand cela se passe en France ou aux États-Unis, tout le monde trouve cela normal. Quand c’est en Afrique, on s’en étonne. Pourtant, il n’y a pas deux conceptions de l’État de droit.
>> Lire aussi : tensions politiques et arrestations de manifestants au Niger
Le slogan de la manifestation du 15 juin à Niamey, avec Hama Amadou et Seyni Oumarou en tête, était pour le moins direct : "Non à la dictature !"
Soyons sérieux. Interrogez donc les Nigériens : 90 % d’entre eux tomberont des nues si vous leur parlez de dictature. Le Niger est l’un des pays les plus libres du continent. Un pays où la presse privée a remis en 2013 un prix au chef de l’État pour son respect de la liberté d’expression. J’ai 63 ans, dont vingt passés dans les rangs de l’opposition démocratique. Ce n’est pas maintenant que je vais commencer une carrière de dictateur !
L’une des principales organisations de la société civile a pour nom Sauvons le Niger. Cela vous interpelle-t-il ?
Cela ne me dérange pas. Sauver le Niger : c’est exactement ce que je suis en train de faire.
Hama Amadou (au centre), en juin dernier, aux côtés de deux autres figures de l’opposition, Mahamane Ousmane (à g.)
et Seyni Oumarou. Recherché pour son implication supposée dans l’affaire dite des "bébés volés",
l’ex-président de l’Assemblée s’est depuis réfugié en France. © Boureima Hama/AFP
Hama Amadou, qui est devenu votre principal opposant, a fui le Niger pour se réfugier en France. Il répète que l’affaire dite des bébés volés, pour laquelle il est poursuivi, relève du complot politique. Qu’en dites-vous ?
Rien. Cette affaire est entre les mains de la justice. Je n’interfère pas.
Mais il vous accuse, vous, de vous acharner contre lui. Voire de chercher à l’empoisonner. C’est très grave !
Je ne répondrai pas. Je ne polémiquerai pas. Il y a un dossier qui est pendant devant les tribunaux, et le Niger est une démocratie où la séparation des pouvoirs est une réalité. Ce monsieur a des problèmes avec la justice de son pays, pas avec le président de la République ni avec le gouvernement.
Hama Amadou estime qu’à travers cette affaire vous voulez empêcher votre principal adversaire de se présenter à la présidentielle de 2016. Est-ce exact ?
Cela n’a aucun sens. Il est arrivé troisième en 2011 et ce n’est pas lui que j’ai battu au second tour. Il n’est donc pas mon adversaire principal.
Interrogé dans J.A. en juillet 2011, quelques mois après votre investiture, vous nous disiez à propos de votre cohabitation avec Amadou : "Cela se passe très bien, on travaille main dans la main." Que s’est-il donc passé ?
Posez-lui la question. Ce n’est pas moi qui l’ai fait partir, c’est lui qui a décidé de rompre l’alliance.
Pour remplacer Hama Amadou à la présidence de l’Assemblée, votre formation a fait élire l’ancien opposant Amadou Salifou. Était-ce le prix de son ralliement ?
Non, c’est la conséquence logique de la décision du bureau politique de son parti, prise en 2013, de répondre favorablement à ma proposition de gouvernement d’union nationale. Je suis convaincu que dans nos pays en transition démocratique le président élu a pour obligation de rassembler au-delà de son camp. Amadou Salifou n’est donc pas un dissident, contrairement à ce que l’on a prétendu : il est fidèle à l’orientation fixée par son parti, même si certains ont voulu par la suite la remettre en question.
Lors de la même interview, en 2011, vous aviez qualifié d’"excellentes" vos relations avec le chef de l’opposition Seyni Oumarou, qui fut votre adversaire à la présidentielle. Le rediriez-vous aujourd’hui ?
Tout à fait. Je n’ai de problème ni avec lui ni, d’ailleurs, avec Hama Amadou. Je suis au-dessus de la mêlée.
Mon objectif, c’est la corruption zéro.
L’achat d’un nouvel avion présidentiel à 20 milliards de F CFA (30,5 millions d’euros) était-il indispensable ?
Pourquoi chaque fois qu’un chef d’État africain achète un avion faut-il qu’il y ait polémique ? Quand François Hollande ou Barack Obama le font, qui parle ? L’avion est un outil de travail indispensable pour un président. Le précédent datait des années 1970 et n’était plus en état de voler. Il y a eu inscription de dépense au budget, débat au Parlement, le FMI n’a pas protesté car il n’y avait pas lieu, bref, tout a été fait dans la transparence. Encore une fois : que l’on cesse ce genre de faux procès, ou alors qu’on le fasse à tout le monde !
C’est d’ailleurs cet avion qui a récemment transporté l’un de vos prédécesseurs, Mamadou Tandja, au Maroc pour y recevoir des soins…
Absolument. Tandja jouit de tous ses droits et prérogatives d’ancien chef de l’État. Mes rapports avec lui sont excellents.
Malgré le fait que la justice ait levé son immunité dans l’affaire dite des 400 milliards disparus ?
Vous avez dit la justice. Pas moi. Ne revenons pas sur ce type de détails. La page est tournée.
L’opposition accuse votre gouvernance d’être entachée par le népotisme, la corruption, les contrats de gré à gré…
C’est l’inverse de ce que préconisait votre programme de 2011 ! Et c’est l’inverse de la réalité ! Lorsque je suis arrivé aux affaires, le Niger était 134e au classement de Transparency International. Nous avons gagné 31 places depuis. Et nous allons continuer. Mon objectif, c’est la corruption zéro.
Lors de l’entretien, le 18 décembre. "Je ne suis pas un accro du pouvoir.
Je ne me suis jamais pris pour un homme providentiel."
© Vincent Fournier pour J.A.
Où en est-on de l’accord signé fin mai avec Areva ?
Cet accord est appliqué. Areva et le Niger sont désormais dans une relation gagnant-gagnant. La société française est soumise aux dispositions fiscales du code minier de 2006, ce qui permet à l’État de percevoir des recettes accrues du secteur de l’uranium. Le directeur général nigérien de la Somaïr a été nommé et celui de la Cominak le sera dans deux ans. C’est un accord équilibré.
Pourquoi la mise en exploitation par Areva de la mine d’Imouraren, qui devait faire du Niger le deuxième producteur mondial d’uranium, a-t-elle été reportée sine die ?
Parce que cela aurait été brader nos ressources. Depuis la catastrophe de Fukushima, le marché de l’uranium est entré en dépression. Ouvrir Imouraren n’aurait fait que contribuer à la baisse des cours.
Votre message à la nation du 18 décembre est pour le moins surprenant : vous y dénoncez la "situation d’arriération prononcée" du Niger sur le plan culturel, vous stigmatisez "le recul de l’éthique du travail", "le développement d’une mentalité d’assistés", "la nonchalance" de vos compatriotes, etc. Pourquoi prenez-vous ainsi les Nigériens à rebrousse-poil ?
Les révolutions industrielles du monde occidental ont été portées par une superstructure culturelle sans laquelle elles n’auraient jamais vu le jour. Ici, au Niger, l’évolution indispensable de notre rapport à la modernité se résume en trois ou quatre questions : Comment mettre les gens au travail ? Comment les rendre ponctuels et responsables ? Comment leur apprendre à respecter les biens publics ? Comment leur faire prendre conscience que la richesse vient de ce qu’ils sont susceptibles de produire par eux-mêmes et non de l’assistanat ou de la charité ?
Depuis trois ans, mes efforts buttent sur ces défis-là. Plus qu’à une révolution, c’est à une renaissance culturelle que j’appelle les Nigériens : c’était là le sens de mon discours.
La population nigérienne croît de 3,9 % par an, avec le taux de natalité le plus élevé au monde : 7,6 enfants par femme. C’est un frein terrible au développement. Et là aussi, le problème est culturel…
Absolument. Plus grave encore : une enquête récente a révélé que le nombre d’enfants désirés, tant par les femmes que par les hommes, est supérieur au taux de fécondité. Il est de neuf enfants chez les femmes et de onze chez les hommes ! Vous voyez donc l’ampleur de la tâche. Notre population double tous les dix-huit ans. Il faut impérativement créer les conditions d’une transition démographique : cela passe par la scolarisation des filles jusqu’à 16 ans et l’acceptation par chacun de ne faire que les enfants que l’on peut nourrir, éduquer et soigner.
je ne suis pas un accro du pouvoir et que je ne comprendrai jamais ceux qui veulent s’y éterniser.
Vous avez promis aux Nigériens de créer 50 000 emplois par an. Promesse tenue ?
Tenue et au-delà. Nous en sommes à plus de 400 000 emplois créés, permanents et saisonniers reconductibles. Et votre programme 3N, "les Nigériens nourrissent les Nigériens" ? Il fonctionne. Trois ans et demi depuis la mise en oeuvre du 3N et trois ans et demi sans poche de famine malgré la sécheresse. Une vraie réussite dont nous sommes fiers.
L’alternance au pouvoir est-elle, selon vous, une des conditions de la démocratie ?
À la fois une condition et une conséquence. Ma position sur la limitation des mandats est claire : deux, cela suffit. Ce que l’on n’a pas fait en dix ans, on ne le fera plus.
Vous serez donc candidat en 2016 pour un nouveau mandat de cinq ans ?
Encore faut-il que mon parti en décide ainsi. Si tel est le cas et si je suis réélu, ma mission s’arrêtera en 2021. Nous sommes 17 millions de Nigériens et l’un d’entre eux me succédera. Je ne me suis jamais pris pour un homme providentiel et indispensable, encore moins pour un président à vie.
Quitterez-vous le pouvoir plus riche qu’en y ayant accédé ?
Je pourrais vous répondre non, je pourrais vous répondre oui : quelle preuve auriez-vous de ce que j’avance ? L’important, c’est que j’ai déclaré l’état de mes biens à mon investiture et que depuis, chaque année, je déclare mes revenus. Cela dit, si vous tenez à une réponse : je ne pense pas que je serai plus riche en partant qu’en arrivant.
Plus fatigué, sans doute…
Certainement. Le pouvoir exige, le pouvoir oblige, le pouvoir use. C’est pour cela que je ne suis pas un accro du pouvoir et que je ne comprendrai jamais ceux qui veulent s’y éterniser.
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