Boycott sportif contre Israël : la fédération de tennis tunisienne reconsidère sa position

Le tennisman tunisien Malek Jaziri a remporté dimanche le tournoi d’Istanbul face à un joueur israélien, coupant court aux polémiques qui avaient précédé le match. La Fédération tunisienne de tennis, qui le soutient dans son choix, revient sur ce sujet sensible qui fait bien des remous.

Le tennisman tunisien Malek Jaziri, vainqueur du tournoir d’Istanbul 2016. © Michel Euler/AP/SIPA

Le tennisman tunisien Malek Jaziri, vainqueur du tournoir d’Istanbul 2016. © Michel Euler/AP/SIPA

Publié le 22 septembre 2016 Lecture : 3 minutes.

En battant l’Israélien Dudi Sela le 18 septembre au tournoi ATP Challenger d’Istanbul, Malek Jaziri s’est doublement illustré, à la fois pour la Tunisie et pour le sport. C’est ce qu’estime Salma Mouelhi, présidente de la Fédération tunisienne de tennis (FTT), membre de la Fédération internationale de tennis et du Comité olympique tunisien.

« Il est temps que les choses changent »

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Grâce à cette victoire, le champion tunisien est passé de 70ème à 55ème mondial. Une belle progression saluée par les autorités sportives et les supporteurs tunisiens. Mais  il n’en a pas toujours été ainsi.

Qualifié en 2013 pour le quart de finale d’un tournoi en Ouzbékistan, Malek Jaziri s’était retiré de la compétition sur recommandation de la FTT, pour éviter d’affronter l’Israélien Amir Weintraub. Un choix qui a valu à la Tunisie d’être suspendue de participation à la Coupe Davis 2014. Et en 2015, rebelote. À Montpellier, Malek Jaziri abandonne son match contre Denis Istomin à cause d’une douleur au bras droit… et en sachant qu’il devrait affronter Dudi Sela au tour suivant.

« J’ai réagi en tant que citoyenne et non en tant que présidente sportive, j’ai été punie et j’assume », reconnaît Salma Mouelhi, interrogée sur la position de la fédération. « Mais aujourd’hui, il est temps que les choses changent », affirme-t-elle, précisant se référer désormais aux valeurs de la charte olympique. « Laissons nos joueurs jouer, a-t-elle déclaré à Jeune Afrique. C’est sur le court de tennis que les adversaires doivent s’affronter, qu’importe leur nationalité et leur religion. »

S’il était coutume jusque-là pour la Tunisie d’éviter ce type de rencontres, en soutien à la cause palestinienne, les règlements internationaux sont clairs : refuser de participer à une compétition peut entraîner de lourdes pénalités sportives.

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Le sport avant tout

Si le tennisman tunisien a cette fois-ci décidé seul de disputer la finale à Istanbul, la présidente de la fédération le soutien et l’encourage dans son choix.  « La cause palestinienne est dans notre cœur, mais elle ne doit pas avoir sa place sur le court. Le sport et ses valeurs doivent être au-dessus de toute considération politique. » Les sportifs ne devraient pas subir ce genre de dilemme, considère Salma Mouelhi, qui souligne que Malek Jaziri brandit aujourd’hui haut et fort le drapeau tunisien et participe au rayonnement international du sport tunisien. « Sur le terrain, nous sommes tous frères, tous amis. Et que le meilleur gagne (…) J’espère que ce sujet ne sera bientôt plus un problème en Tunisie. »

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Pas de réaction de la part du nouveau gouvernement tunisien à ce propos depuis la victoire du tennisman tunisien, qui s’est qualifié le 22 septembre pour les quarts de finale du tournoi indoor de Metz, a affirmé Salma Mouelhi.

Précédents tunisiens et arabes

Dans le monde du sport, les incidents diplomatiques contre Israël ne sont pas rares. Des questions s’étaient aussi posées concernant la Tunisienne Ons Jabeur, qui avait abandonné un tournoi de tennis (officiellement pour blessure) avant de rencontrer une joueuse israélienne. Aux mondiaux de 2011, l’escrimeuse Sarra Besbes avait choisi non pas de se retirer, mais de rester passive face à Noam Mills, pour éviter toute sanction.

Un boycott plus catégorique pour nombre d’autres sportifs arabes, comme l’Iranien Mohammad Ali Rezaei qui avait refusé de prendre le départ aux mondiaux de natation de 2009 puis de 2011, à cause de la présence d’un Israélien dans un couloir voisin. Plus récemment, aux Jeux Olympique de Rio 2016, un judoka égyptien avait refusé de serrer la main de son adversaire israélien, une judoka saoudienne s’est subitement retirée pour blessure avant de rencontrer son homologue israélienne, et la délégation olympique libanaise aurait refusé que la délégation israélienne monte dans le même bus qu’elle pour se rendre au stade Maracana.

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