Haïti bouscule les Francophonies en Limousin

En s’emparant de l’espace public et en proposant de nouvelles formes, poètes, plasticiens, danseurs et musiciens haïtiens entendent dynamiter la 33e édition du festival francophone de Limoges.

L’écrivain Lyonel Trouillot. © Vincent Fournier pour J.A.

L’écrivain Lyonel Trouillot. © Vincent Fournier pour J.A.

leo_pajon

Publié le 22 septembre 2016 Lecture : 2 minutes.

« Ce que vous allez voir maintenant, je ne peux pas vous dire ce que c’est, car les artistes haïtiens que nous avons invités ne m’ont rien dit de ce qu’ils allaient faire ! » Marie-Agnès Sevestre, directrice des Francophonies, paraît aussi démunie qu’amusée lorsqu’elle doit présenter « Chérir Port-au-Prince », l’un des premiers spectacles des Francophonies au Théâtre de l’Union, le grand théâtre de Limoges. 

Un rade de Port-au-Prince

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Guidés par le comédien et poète Marc Vallès, un petit public de curieux se rend dans le bar de l’établissement, transformé ce jeudi… en rade de Port-au-Prince, avec sa foultitude de chaises et de tables recouvertes de nappes à carreau et ses bruits de ville. Comme le regrette pendant la performance l’auteur Guy Régis Junior, le lieu manque un peu de couples adultères, de disputes sans fondement, de salsa et d’alcool pour rendre complètement l’ambiance des bistrots du pays.

Un peu de la folie créative des artistes de l’île

Mais ce premier spectacle bricolé donne tout de même à entendre et à voir un peu de la folie créative des artistes de l’île. Le guitariste Wooly reprend Brassens en créole, le plasticien Maksaens Denis projette des vidéos d’hommes qui se frôlent et s’embrassent (sujet tabou à Haïti) et le poète James Noël décrit les nuits chaudes de la capitale.

L’année dernière les Francophonies avaient investi une rue pour donner un aperçu de ce que pouvaient être les Récréâtrales, festival de théâtre au Burkina Faso qui se joue dans les cours des maisons familiales. Cette année c’est donc Haïti qui est à l’honneur et son événement pluriculturel, le festival des Quatre Chemins, passablement fauché, qui est accueilli à bras ouverts à Limoges.

Se réinventer malgré un budget resserré 

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Les artistes de l’île, qui sont habitués à se débrouiller sans scène de théâtre, sont bien décidés créer des « Désordres dans la ville ». Derrière cet intitulé, des plasticiens (Beatriz Santiago-Munoz, Jean-Christophe Lanquetin…) s’empareront de la place Saint Pierre vendredi 23 septembre, pour y créer des installations et projeter des vidéos. Il y aura aussi des lectures d’auteurs comme James Noël ou Lyonel Trouillot sous la tente berbère du festival, des expositions aux quatre coins de la ville…

Même si les « Francos » ont dû resserrer leur budget (1,4 million d’euros cette année), elles n’ont ainsi rien perdu de leur faculté à se réinventer, toucher un public large (la moitié des quelque 50 propositions au programme sont gratuites) et rester exigeantes. Pour cette 33e édition commencée mercredi et qui se clôturera le 1er octobre, une dizaine de pays francophones ont été invités, avec un joli casting : le chorégraphe Salia Sanou (Burkina Faso), le metteur en scène Elemawusi Marc Agbedjidji (Togo) et le collectif Zavtra associé à Julien Mabiala Bissila et DeLaVallet Bidiefono (Congo-Brazzaville) dont le spectacle « Trans » est déjà annoncé comme le temps fort du festival.

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Jusqu’au premier octobre dans toute la région « Nouvelle Aquitaine » (jusque dans Bordeaux). Tél. : 05 55 10 90 10
www.lesfrancophonies.fr

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