Développement : la Cnuced appelle les États à (re)prendre leurs responsabilités
Dans son 36ème rapport, la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (Cnuced) appelle à mettre l’accent sur l’industrie dans la modernisation des économies émergentes. Pour le responsable des politiques macroéconomiques de l’institution onusienne, Alfredo Calcagno, le rôle des Etats est essentiel dans ce processus.
La Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (Cnuced) vient de sortir son rapport 2016 sur l’état du commerce et du développement dans le monde. Pour cette 36ème édition, publiée le 21 septembre, l’organisation onusienne s’est intéressée à la transformation structurelle des économies en développement, via notamment leur industrialisation.
Vaste sujet, qui a déjà fait l’objet de multiples documents, de plusieurs centaines de pages chacune, tous mieux documentés les uns que les autres, sans pourtant qu’aucune avancée notable n’ait pu être constatée jusqu’à aujourd’hui, à de trop rares exceptions, notamment en Afrique.
Dans le contexte mondial post-crise que connaît la planète économique depuis 2008, caractérisée par une stratégie de financiarisation de plus en plus marquée des investissements, une stagnation des échanges commerciaux, une augmentation des inégalités sociales et une explosion des dettes publiques, les défis s’annoncent difficiles à relever. Surtout que les pays en développement sont frappés par plusieurs évolutions : le ralentissement de la croissance chinoise, la baisse des cours de nombreuses matières premières, etc. Selon les chiffres de la Cnuced, leur croissance ne devrait pas dépasser 4,5 % en moyenne en 2016, soit 2,5 % de moins que ces dernières années.
Transformation des matières premières, intégration régionale pour optimiser la taille des marchés, renforcement des capacités humaines, la recette est connue, mais reste encore largement à appliquer. « Il faut une vision et une réel engagement des pouvoirs politiques pour assurer la modernisation nécessaire des économies en développement », plaide Alfredo Calcagno, responsable du département macroéconomique de la Cnuced et grand ordonnateur de cette étude de 200 pages.
S’appuyer sur ses points forts
La Cnuced appelle à un véritable changement de paradigme après des décennies marquées par une libéralisation et une dérégulation tout azimut. « Cette approche basée sur le court-terme a définitivement montré ses limites », constate Alfredo Calcagno.
Ce dernier rappelle que les pays en développement qui, jusqu’à présent, ont le mieux résisté à l’ouragan, sont ceux qui ont su industrialiser leur économie. « Pas forcément en développant le secteur secondaire. Chaque pays doit s’appuyer sur ses points forts, dans le primaire avec l’agriculture, dans le tertiaire autour de services modernes et générateurs de richesse et d’emplois ».
Pour cela, il faut donc que les États rejouent leur rôle pour soutenir le tissu économique et plus uniquement les acteurs financiers. À eux de travailler avec le secteur privé, dans le cadre de vrais partenariats bien plus étendus que les actuels PPP (partenariats public-privé) signés aujourd’hui au coup par coup sur des projets d’infrastructures définis.
« Tout le monde doit travailler ensemble pour définir de nouveaux outils de crédits, pour généraliser l’éducation et la formation, pour faciliter les transferts de compétences et de technologies. Le tout dans un cadre macroéconomique apaisé, avec une politique budgétaire raisonnable et non plus coercitive comme cela est aujourd’hui le cas », détaille Alfredo Castagno, qui défend donc une évolution en profondeur par rapport à la situation actuelle, avec en porte-étendard la Cnuced, qui remplacerait l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Presque une révolution.
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