Afrique du Sud : ouverture d’une conférence mondiale sur les espèces menacées
La Convention internationale sur le commerce d’espèces sauvages menacées d’extinction (Cites) s’est ouverte samedi à Johannesburg en présence de milliers de défenseurs de l’environnement et de représentants de gouvernements, pour débattre des restrictions commerciales visant quelque 500 espèces.
La lutte contre le trafic des éléphants, rhinocéros et autres pangolins, menacés par un braconnage vorace largement nourri par la demande de l’Asie, dominera les débats de cette conférence mondiale, organisée tous les trois ans pour réglementer le commerce des animaux et des plantes.
Environ 3.500 délégués sont attendus lors de cette rencontre qui s’achèvera le 5 octobre. Les débats ont été ouverts par le président sud-africain Jacob Zuma.
La Cites est un accord international destiné à protéger la faune et la flore menacées par la surexploitation commerciale. Ce traité, signé par 182 pays plus l’Union européenne, est entré en vigueur en 1975. Il protège, à des degrés divers, 5.600 espèces animales et 30.000 plantes.
« Restrictions commerciales d’environ 500 espèces »
« Nous entamons la rencontre la plus large des 43 ans d’histoire de la Cites », a souligné samedi le secrétaire général de la Cites, John Scanlon, à l’ouverture de la conférence.
« Nous allons étudier les restrictions commerciales d’environ 500 espèces d’animaux sauvages et de plantes » en particulier « l’éléphant africain, le rhinocéros, le pangolin » (mammifère insectivore et nocturne aux singulières écailles), a-t-il ajouté. D’âpres débats sont aussi attendus autour de la protection du bois de rose et des requins.
L’enjeu de cette nouvelle réunion est capital, selon les ONG.
« Au moment où tant d’espèces sont gravement menacées par un braconnage insatiable et le commerce, la réunion aura un pouvoir de vie ou de mort sur des animaux emblématiques comme les éléphants, les rhinocéros, les lions et les pangolins », a prévenu Teresa Telecky, de la Humane Society International.
Soit les 182 pays de la Cites « s’entendent pour les protéger au maximum », soit « ils risquent de disparaître », met-elle en garde.
Ce trafic de faune sauvage est « perpétré à un stade industriel, alimenté par des groupes criminels transnationaux organisés », avait dénoncé plus tôt M. Scanlon.
Samedi, le directeur du Programme des Nations unies pour l’environnement, Erik Solheim, a appelé les pays signataires à en faire plus pour protéger les espèces menacées.
« Les défis sont énormes et c’est pourquoi cette conférence est si importante. Nous devons en faire plus pour protéger les éléphants, les rhinocéros, les orangs-outans », a-t-il déclaré.
Trafic extrêmement lucratif
Le braconnage alimente un trafic extrêmement lucratif évalué à 20 milliards de dollars par an, selon la Cites, ce qui en fait le quatrième commerce illégal sur la planète après celui des armes, de la contrefaçon et des êtres humains.
Rhinocéros et éléphants, prisés respectivement pour leurs cornes et leur ivoire, paient le prix fort. Trois rhinocéros sont tués chaque jour pour leurs cornes, selon l’organisation mondiale de protection de la nature WWF. Ces huit dernières années, plus de 5.000 d’entre eux, soit le quart de leur population mondiale, ont été tués en Afrique du Sud, qui abrite à elle seule 80% de ces mammifères encore en vie.
Leurs cornes sont très recherchées en Asie, où la médecine traditionnelle leur prête des vertus thérapeutiques et aphrodisiaques. Sur le marché noir, le kilo se monnaie plus cher que l’or.
De son côté, la population des éléphants vivant dans les savanes d’Afrique a décliné de 30% entre 2007 et 2014, elle aussi victime pour l’essentiel du braconnage, selon un recensement récent.
Le commerce international de cornes de rhinocéros et d’ivoire est officiellement interdit depuis respectivement 1977 et 1989. Mais ces mesures n’ont pas réussi à enrayer les massacres. Au point que certains envisagent désormais de légaliser certains commerces, seule façon selon eux de réduire le braconnage.
Le petit royaume du Swaziland va ainsi proposer de lever l’interdiction du commerce de corne de « ses » rhinocéros, mais cette proposition est fermement combattue par les ONG.
Le Zimbabwe et la Namibie doivent de leur côté demander la levée de l’interdiction du commerce de l’ivoire pour pouvoir vendre sur le marché leur stock d’ivoire confisqué ou provenant d’éléphants décédés de mort naturelle.
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