Reportage – Algérie : retour à Oran réussi pour Air France
Après avoir repris avec succès ses vols vers la seconde ville d’Algérie, la compagnie française s’apprête à ouvrir une nouvelle destination africaine dans les prochains mois. Mais la situation économique du groupe Air France reste préoccupante.
Plus de vingt ans après sa fermeture, Frédéric Gagey, le directeur général d’Air France, a officiellement inauguré le 25 septembre la réouverture de la ligne Paris-Oran. Il était notamment accompagné au sein de la délégation de Frank Legré et de Marc Verspyck, respectivement directeur général Afrique et directeur adjoint chargé des finances de la compagnie. À leur arrivée, les responsables d’Air France ont été accueillis par le wali (préfet) d’Oran.
Si les vols commerciaux ont repris depuis le 27 juillet les mercredis, vendredis et dimanches, l’état-major de la compagnie a voulu, à l’occasion du déplacement du directeur général, réaffirmer l’importance qu’il accorde à cette destination.
« Grâce à cette nouvelle offre, Air France propose aujourd’hui 32 vols hebdomadaires vers l’Algérie via Air France, à raison de 27 vols à destination d’Alger et trois vers Oran, et sa filiale low-cost Transavia, avec deux vols par semaine reliant Lyon à Alger », explique Frédéric Gagey. Les premiers résultats commerciaux sont satisfaisants. Air France annonce 92% de taux de remplissage durant la période de pointe. L’objectif est d’atteindre 80 % sur l’année.
Capter la diaspora algérienne
Interrompues en 1994 après le détournement du vol Alger-Paris, puis redémarrées en 2003, les liaisons vers l’Algérie étaient restées circonscrites à la capitale faute de droit de trafic disponible côté français. Suite à la mise en liquidation d’Air Méditerranée début 2016, Air France a pu obtenir de nouveau l’autorisation d’atterrir à Oran.
Outre le trafic point à point entre Paris et Oran, deuxième ville du pays, la compagnie française essaiera de capter la clientèle venant et repartant vers le Canada, où réside une forte diaspora algérienne, via son hub de Charles de Gaulle. Selon Air France, déjà un quart des clients de la ligne sont des passagers en correspondance à Paris. D’ici quelques semaines, le nombre de vols hebdomadaires réalisés sur des Airbus A320 devrait passer de trois à quatre. Si les résultats sont satisfaisants, Air France prévoit une desserte quotidienne à partir du mois de mars. Le pavillon français restera néanmoins dans la position du challenger face à Air Algérie, Turkish Airlines et Aigle Azur notamment.
« Air France est resté trop longtemps absent pour que l’attente soit forte », confirme un voyagiste algérien basé en France. « Le retour d’Air France va offrir à Oran une ouverture vers le monde grâce à son réseau de correspondances dans le monde entier », estime pour sa part Franck Legré. À l’occasion de l’inauguration de la ligne, la compagnie a annoncé un tarif promotionnel de 20 000 dinars (160 euros) pour un aller-retour Oran-Paris du 28 septembre au 28 octobre.
Expansion en Afrique
Outre Oran, Air France ouvrira en février une nouvelle ligne vers Accra, au Ghana. Cette destination déjà desservie par KLM, intéresse de plus en plus la clientèle d’affaires française. Une liaison que la compagnie espère aussi remplir avec des passagers venus d’Allemagne et d’Italie.
Si le pavillon français maintient ses ambitions sur le continent où il demeure l’un des leaders, l’extension de son réseau s’opère dans un contexte difficile. Le groupe Air France-KLM doit faire face à une concurrence féroce des compagnies asiatiques et du Golfe, mais est également menacé par de nouveaux entrants sur le marché du low-cost long courrier. Et la nette baisse de la recette unitaire (-5,6% au deuxième trimestre 2016) dans un contexte de terrorisme en Europe et de surcapacité ne le laisse guère optimiste pour les mois à venir malgré de bon résultats en 2015. Air France-KLM, avec 26,1 milliards d’euros de chiffre d’affaires pour près de 90 millions de passagers transportés, avait en effet connu sa première année bénéficiaire depuis 2008.
Pour gagner en compétitivité, le groupe poursuivra ses efforts de réduction des coûts. Le plan Perform 2020 prévoit environ un milliard d’euros d’économies sur la période 2015-2017. Par ailleurs, sa direction fait aussi face à des enjeux sociaux extrêmement forts après la grève des pilotes et des personnels navigants commerciaux d’Air France, qui en 2016 ont coûté environ 130 millions d’euros et terni l’image du pavillon français. Afin de mobiliser l’ensemble des salariés du groupe autour d’un projet commun, Jean-Marc Janaillac, nommé en juillet président directeur général d’Air France-KLM présentera début novembre un plan nommé « Trust Together » (« Confiance ensemble »).
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