Elle ne s’exprime pas beaucoup et cultive la discrétion. Mais quand cette femme de 44 ans prend la parole, tout le monde écoute. Respectée pour sa pondération et son franc-parler, Wided Bouchamaoui est la première femme à avoir été désignée, en 2011, à la tête de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica).

Originaire de Gabès, la patronne des patrons n’a depuis cessé de surprendre par sa détermination, poussant les entrepreneurs tunisiens à se tourner vers les marchés africains et maghrébins et n’hésitant pas à appeler à la création d’un marché unique et d’une zone de libre-échange total entre la Tunisie et l’Algérie.

Son principal fait d’armes remonte à 2012 : à l’occasion des négociations sociales, elle court-circuite le gouvernement, se rapproche de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) et obtient le retour d’une certaine paix sociale. Cet accord va plus loin et prend une dimension patriotique : aujourd’hui, les deux centrales, en tant qu’instances de la société civile, sont l’ancrage du dialogue national qui a sorti le pays d’un blocage institutionnel et politique sans précédent en 2013.

Héritière d’une famille d’entrepreneurs (pétrole, textile, BTP, industrie), Wided Bouchamaoui a reçu en 2014 le prix de l’ONG norvégienne Business for Peace Foundation pour ses prises de position fortes et singulières.

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© Infographie : Elena Blum pour Jeune Afrique