Gabon : le nouveau gouvernement sera formé dimanche
Après avoir nommé le nouveau Premier ministre de son gouvernement d’ouverture mercredi, Ali Bongo Ondimba s’apprête à choisir ses futurs ministres, a indiqué le ministre de la Communication Alain-Claude Bilie-By-Nze. Un retour à la normale politique qui n’empêche pas Jean Ping et ses partisans de continuer de contester l’élection.
C’était l’une de ses premières grandes décisions depuis sa réélection contestée. Mercredi, Ali Bongo Ondimba a désigné Emmanuel Issoze Ngondet, son ancien ministre des Affaires étrangères, comme chef de son nouveau gouvernement. Une nomination accompagnée de messages qui se voulaient conciliants pour le chef de l’État, qui a prêté serment mardi.
Ce dernier a en effet déclaré vouloir construire un « gouvernement d’ouverture » avec l’opposition, dont la composition sera rendue publique dimanche 2 octobre, a-t-il fait savoir après sa prise de fonctions.
Pas de quoi amadouer le camp de Jean Ping, qui a répliqué sur un ton lapidaire par l’intermédiaire de son directeur de cabinet John Nambo : « Je m’en fiche. Cela ne change rien. Il doit partir. »
Le candidat malheureux à la présidentielle du mois d’août dernier prendra la parole ce jeudi après-midi, presque une semaine après la validation de la victoire d’Ali Bongo Ondimba par la Cour constitutionnelle. Depuis, Jean Ping continue à contester la légitimité du résultat : il parle de « déni de justice » et se proclame toujours seul vainqueur crédible du scrutin.
Les opposants toujours dans le collimateur
Bien que la vie des institutions ait repris son cours au Gabon, la situation n’est pas encore tout à fait revenue à la normale. Outre les contestations de Jean Ping, de nombreux opposants, arrêtés depuis le vote du 27 août dernier, sont toujours entre les mains de la justice. Parmi eux, l’ex-patron du renseignement, Léon-Paul Ngoulakia, cousin du président passé à l’opposition, « vient d’être libéré », a indiqué son avocat français Eric Moutet. « Il est en liberté provisoire le temps de l’instruction du dossier ».
« D’autres personnes ont été arrêtées la semaine dernière mais je n’ai pas encore les mandats », a poursuivi Eric Moutet, qui est également l’avocat de Jean Ping. « Les gens commencent à avoir peur. Il y a une espèce de chape de plomb qui est en train de s’installer sur le Gabon », selon lui. Une « cellule des disparus » au QG de Jean Ping a par ailleurs enregistré « 26 décès déclarés par des parents, qui ont identifié les corps. Tous ont été tués par balles entre le 31 août et le 4 septembre », a déclaré l’une de ses responsables mercredi.
Retour d’Internet
Du côté des libertés publiques, pour la première fois depuis le 31 août, internet était accessible aux Gabonais après 18 heures mercredi soir. Depuis un mois, le réseau était coupé jusqu’à 6 heures 30 le matin, sans qu’aucune explication officielle n’ait jamais été donnée. Ce qui devrait permettre aux activistes toujours engagés contre Ali Bongo Ondimba comme les militants de la campagne « Tournons la page » de faire entendre leur voix plus facilement.
Cette campagne exige « la libération » de « tous les détenus politiques », ainsi qu’ « une enquête internationale indépendante sous égide des Nations unies pour faire la lumière sur les massacres, les disparitions et les arrestations arbitraires ». Animée par un acteur de la société civile gabonaise, Marc Ona, et le Secours catholique en France, « Tournons la page » demande aussi à la communauté internationale « de ne pas reconnaître le gouvernement d’Ali Bongo Ondimba ». Signe que le retour définitif à la normale n’est pas pour tout de suite.
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