Législatives au Maroc : quelles alliances possibles ?

À une semaine des législatives du 7 octobre, le duel PJD-PAM a poussé certains partis à choisir leur camp. Mais rien n’est encore joué.

Le chef du gouvernement marocain Abdelilah Benkirane lors d’un meeting du Parti justice et développement (PJD) le 14 juillet 2012 à Rabat. © Paul Schemm / AP / SIPA

Le chef du gouvernement marocain Abdelilah Benkirane lors d’un meeting du Parti justice et développement (PJD) le 14 juillet 2012 à Rabat. © Paul Schemm / AP / SIPA

ProfilAuteur_NadiaLamlili

Publié le 30 septembre 2016 Lecture : 3 minutes.

La scène politique marocaine se partage largement entre le Parti justice et développement (PJD) et le Parti authenticité et modernité (PAM). Mais le mode de scrutin des législatives (liste à la proportionnelle avec un seuil électoral de 3%) devrait favoriser une certaine balkanisation du paysage politique marocain, comme lors des précédents scrutins de ce type, rendant difficile la constitution d’une majorité gouvernementale.

Le PJD favori, mais quelles alliances ?

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Le scénario qui a le plus de chances d’aboutir, estime le politologue Mustapha Sehimi, est celui d’une arrivée en première position du PJD, comme lors du scrutin de 2011. Mais, même dans ce cas de figure, il aura de grandes difficultés à réunir les 198 sièges nécessaires pour obtenir la majorité absolue du Parlement et pouvoir ainsi former un gouvernement. « Car il est exclu que la majorité gouvernementale actuelle soit reconduite telle qu’elle est en raison des nombreuses fissures qui la traversent », estime Mustapha Sehimi.

À part le Parti du progrès et du socialisme (PPS) avec qui Abdelilah Benkirane a signé une alliance « indéfectible » en mai dernier, le PJD n’a pas le soutien explicite de ses autres alliés. Le Rassemblement national des indépendants (RNI), dirigé par Salaheddine Mezouar, tient une position de plus en plus critique à son égard. Il l’accuse « d’hégémonie » et « de proférer à son égard un discours violent et immoral ».

Depuis l’arrivée du RNI au gouvernement en 2013 pour remplacer l’Istiqlal, parti rejoindre l’opposition, les relations entre cette formation et le PJD n’ont jamais été au beau fixe. Au sein du gouvernement, Mezouar était plus un adversaire pour Benkirane qu’un allié. Et pour ne rien arranger, la relation entretenue par le RNI avec le PAM, l’ennemi juré du PJD, n’a jamais été un secret sur la scène politique.

En revanche, Benkirane rencontrera moins de difficultés avec le Mouvement populaire (MP) de Mohand Laenser, autre membre de la majorité actuelle, qui a estimé que rien ne l’empêchera de rééditer sa participation au gouvernement, si le PJD venait à remporter les élections. Mais également « avec tout parti qui gagnera les élections ». Rien de nouveau sous le soleil. Le MP a été de quasiment tous les gouvernements du Maroc. Il répondra volontiers présent si les islamistes l’invitent.

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L’Istiqlal imprévisible, l’USFP clairement anti-PJD

Benkirane pourrait également convaincre l’Istiqlal, qui est idéologiquement le parti le plus proche de lui. Les deux ont le même référentiel conservateur, mais son secrétaire général, Hamid Chabat, est imprévisible. Il a déjà claqué la porte du gouvernement en 2013 après une bataille à couteaux tirés avec Benkirane.

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Quant à l’USFP, il a clairement annoncé son hostilité à l’égard des islamistes au pouvoir. Le 24 septembre, son secrétaire général Driss Lachgar a même prévenu « qu’un scénario à la syrienne » pourrait se produire au Maroc si jamais le PJD gagnait les élections.

Résultat : si le PJD rempile, il sera appelé à faire des concessions pour satisfaire les ambitions ministérielles de ceux qui accepteront de le suivre. Mais le Maroc partira encore une fois sur une majorité fragile, menaçant de se rompre à tout moment. 

Le PAM, leader de l’opposition ?

Le clivage PJD-PAM étant clair et assumé par les deux partis, il est fort probable que le second dirige l’opposition, pronostiquent les analystes. Il est arrivé quatrième lors des législatives de 2011 et il serait improbable qu’il arrive à décrocher la première place dans ce scrutin. Dans l’opposition, il pourra ramener vers lui les forces politiques ayant affiché leur hostilité aux islamistes comme l’USFP, le RNI et l’Union constitutionnelle (UC), mais aussi la myriade de partis politiques qui va accéder au Parlement grâce au taux très bas du seuil électoral. « Ne spéculons pas ! », se défend un cadre du PAM. « Nous partons avec l’idée de gagner les élections et il est encore tôt pour se prononcer sur les futures alliances », poursuit-il. Les amis d’Ilyass El Omari concèdent cependant qu’ils vont « naturellement » s’allier avec les forces progressistes

Un outsider nommé FGD

Dans cette bataille PJD-PAM, il faudra compter avec un outsider. La Fédération de la gauche démocratique (FGD), dont la figure de proue Nabila Mounib propose une « troisième voie » capable de mener le Maroc vers le changement. Mais cette formation est, pour le moment, trop petite pour pouvoir influer sur les futures alliances électorales.

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