Start-up de la semaine : Hadina Rimtic, l’incubateur de la tech mauritanienne
La start-up fondée par Mariem Kane et Dahaba Djibril Diagana se rêve en technopole des jeunes pousses en Mauritanie. La plateforme accueille déjà cinq projets résolument tournés vers l’utilisation des technologies de l’information et de communication.
Mariem Kane, 29 ans et Dahaba Djibril Diagana, 28 ans, sont deux jeunes mauritaniens. L’une a été formée en France où elle a obtenu un diplôme d’ingénieur dans le domaine des télécommunications. L’autre a décroché son parchemin d’ingénieur informatique à l’université Gaston Berger de Saint-Louis au Sénégal. Tous deux auraient pu rouler leur bosse pour des multinationales. Pourtant, ils ont choisi de rentrer au bercail et de s’attaquer à une problématique nouvelle : l’écosystème des start-up.
Le MauriApp Challenge s’est fait un petit nom dans le pays
Et il y a fort à faire. L’innovation des entreprises n’est pas l’atout premier de la Mauritanie, bien plus connu pour ses gisements de fer et ses côtes poissonneuses que pour ses start-up technologiques. « Nous étions plusieurs à avoir la même idée. Dahaba Djibril Diagana aussi, que j’ai rencontré en février 2014 lors d’un forum des jeunes mauritaniens. Nous avons décidé ainsi de mettre en place un incubateur pour outiller les porteurs de projets à donner vie à leur entreprise », explique à Jeune Afrique, Mariem Kane.
Hadina Rimtic a ainsi vu le jour en 2014 sous la forme d’une organisation à but non lucratif. Comme la poule qui couve patiemment ses œufs, Hadina, ou la couveuse en arabe, fait éclore des jeunes talents de entrepreneuriat en Mauritanie. Doté d’un budget annuel de 10 millions de ouguiyas, soit environ 25 000 euros apportés en partie par l’Ambassade de France et le ministère Mauritanien en charge de l’Emploi, Hadina RIMTIC revendique le statut de premier incubateur d’entrepreneurs en herbe en Mauritanie.
Les start-up peuvent exister ici
Depuis, l’incubateur organise annuellement un concours, le MauriApp Challenge, qui s’est fait un petit nom dans le pays.
« Nous sommes partis d’un constat simple : il y a un problème de culture entrepreneuriale en Mauritanie. Mais, en organisant la première édition [du concours], nous avons constaté qu’il existe un énorme potentiel. Un engouement confirmé lors de la deuxième édition de la compétition qui a enregistré une centaine de candidatures, avec des projets variés utilisant les technologies pour résoudre une problématique sociale et d’entreprises. Nous avons donc compris que les start-up peuvent exister ici », confie Dahaba Djibril Diagana, co-fondateur et chargé de communication de Hadina.
Les projets sont sélectionnés selon des critères de rentabilité et surtout de faisabilité. Les dix meilleurs candidats au concours sont soumis à une formation intensive visant à renforcer leurs capacités managériales. Elle porte sur les technologies de développement d’applications ou le bootstrapping [lancer son entreprise sur des fonds propres limités sans faire appel à du financement extérieur].
« L’incubation dure six mois, ponctuée de formation hebdomadaire », souligne Mariem Kane, précisant que celle-ci porte entre autres sur le marketing et la communication, l’appui juridique, la gestion financière et la recherche de partenariats. « Ce qui nous motive, poursuit-elle, c’est de faire quelque chose de nouveau. Nous voulons montrer aux jeunes mauritaniens qu’il est possible d’entreprendre et d’innover ».
Une plateforme de financement participatif par SMS pour donner du crédit à Hadina ?
Lors de la finale du concours, le samedi 4 juin à l’Institut Français de Nouakchott, cinq projets avaient été retenus, ceux qui sont actuellement incubés. Il y a Léo In Mauritania, un jeu vidéo 100% mauritanien qui a reçu le premier prix. Topsis a décroché le deuxième prix pour sa solution numérique qui vise à interconnecter les structures scolaires, les parents et les élèves dans une perspective de meilleure gestion. Ce dernier participera aux African Rethink Awards de Paris des 21 au 23 octobre prochains.
Quant à Lemghany, c’est une application mobile sur la poésie leghna, poésie orale traditionnelle, qui donne accès à une base de données de poètes et poèmes mauritaniens. Mais le plus avancé des projets primés est sans doute le Goomfund, une plateforme de financement participatif via SMS, développée par trois jeunes Mauritaniens en collaboration avec l’opérateur télécoms, Mauritel.
Son objectif est d’aider à lever des fonds pour les besoins de croissance des start-up. « Nous avons démarré le développement de la plateforme avec 400 000 ouguiyas. L’incubation chez Hadina nous a permis de disposer de ressources matérielles et techniques, et même de formation en management et business plan. Ce soutien nous a donné plus de crédibilité auprès de partenaires », se réjouit Ismael Diop, cofondateur de Goomfund. Le lancement des activités de cette plateforme est prévu en janvier 2017, selon ses initiateurs, qui nourrissent l’ambition de s’étendre en Afrique de l’Ouest.
Un démarrage qui signera peut-être le premier succès de Hadina et aidera à donner de la voix à la tech mauritanienne.
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