Patrice Talon : pourquoi le Bénin investit davantage dans la santé

Il y a cinq mois, j’ai été élu à la présidence de mon pays, le Bénin. C’est un privilège auquel je ne pensais pas pouvoir prétendre, moi, le fils d’un travailleur des chemins de fer. Plus jeune, j’ai été confronté à bien des difficultés auxquelles se heurtent principalement les personnes les moins privilégiées, au premier rang desquelles se retrouve presque toujours la maladie.

Le président béninois Patrice Talon ici à l’Élysée, à Paris le 16 avril 2016. © Michel Euler/AP/SIPA

Le président béninois Patrice Talon ici à l’Élysée, à Paris le 16 avril 2016. © Michel Euler/AP/SIPA

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Publié le 30 septembre 2016 Lecture : 4 minutes.

Cela explique pourquoi j’en suis venu à croire que la santé joue un rôle primordial dans la prospérité des communautés. En tant que chef d’entreprise, j’ai pu voir à quel point la santé des salariés était fondamentale pour la réussite des entreprises et des économies. Les entreprises ne pourront jamais prospérer si elles ne dotent pas leurs salariés des compétences voulues et si elles ne prennent pas soin de leur bien-être.

Les preuves s’accumulent pour démontrer que les investissements dans la santé peuvent fortement consolider la croissance économique en jetant des bases solides, en ouvrant de nouvelles perspectives pour les individus et en améliorant leur bien-être. Il est ressorti des travaux d’une Commission du Lancet sur l’investissement dans la santé, en 2013, que dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire, 24 pour cent de la croissance totale des revenus entre 2000 et 2011 sont imputables aux améliorations dans le domaine de la santé. De même, en septembre 2015, 267 économistes issus de 44 pays ont lancé un appel aux décideurs politiques de la planète afin qu’ils accordent la priorité à la couverture sanitaire universelle, considérée comme un fondement essentiel du développement.

Notre objectif est de faire du Bénin un modèle dans la sous-région

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La Commission du Lancet a également estimé que la valeur de l’éradication du sida en Afrique était équivalente à la production économique annuelle du continent – 800 milliards de dollars US – voire nettement supérieure. Des chiffres semblables ont été avancés pour la tuberculose et le paludisme. Tous les éléments de preuve dont nous disposons étayent l’idée selon laquelle la fin des grandes épidémies entraînerait des progrès économiques énormes.

Il est essentiel d’investir dans la santé non seulement pour en finir avec la pauvreté extrême, mais également pour favoriser une croissance économique stable. C’est pour cette raison que mon gouvernement prend des mesures primordiales en investissant dans la santé. Notre objectif est de faire du Bénin un modèle dans la sous-région en investissant massivement dans la santé et dans l’éducation, le but étant d’améliorer la vie de notre population et d’encourager la croissance et le développement.

Il y a quelques semaines, j’ai annoncé une contribution de 2 millions de dollars US au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. D’aucuns s’interrogent sur les raisons pour lesquelles le Bénin devrait investir dans le Fonds mondial. La réponse est simple : il incombe à toutes les nations, quel que soit leur niveau de revenu ou de développement, d’assumer la part qui leur revient des investissements consentis pour supprimer ces maladies de la liste des menaces pesant sur la santé publique. Non seulement est-ce juste, mais cela relève également de notre propre intérêt.

Le principe de partenariat est l’une des caractéristiques fondatrices du Fonds mondial et l’une des clés de son succès. Il rejette le modèle classique donateur/bénéficiaire et permet aux autorités publiques, au secteur privé et aux organisations locales de contribuer à hauteur de leurs moyens et de leurs compétences. Cette année, le Bénin rejoint un groupe de plusieurs pays, à l’image du Sénégal, du Togo, du Kenya, de la Zambie et de la Thaïlande, qui font une promesse de dons et continueront à mettre en œuvre des programmes soutenus par le Fonds mondial.

Le Bénin se montrera solidaire des autres pays pour en finir pour de bon avec ces maladies

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Au travers de l’action que soutient le Fonds mondial, la communauté internationale a accompli des progrès phénoménaux ces dix dernières années dans la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme, ce qui a permis de sauver des millions de vies et de redynamiser les économies. Le Bénin se montrera solidaire des autres pays pour en finir pour de bon avec ces maladies et investir dans des systèmes de santé capables de riposter aux futures flambées épidémiques.

Rien qu’au Bénin, notre partenariat avec le Fonds mondial a fourni un traitement antirétroviral contre le VIH à 26 000 personnes, soigné 22 400 personnes de la tuberculose et distribué 6 millions de moustiquaires imprégnées d’insecticide destinées à protéger des familles du paludisme.

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Outre un investissement direct dans le Fonds mondial, nous engageons également des ressources nationales considérables pour lutter contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Ainsi, depuis 2012, le Bénin a alloué 36 millions d’euros à la riposte à ces maladies dans le cadre de sa contribution financière nationale. Cet investissement devrait largement contribuer à la réussite des objectifs que le Bénin s’est fixés en matière de santé, en sauvant de nombreuses vies et en garantissant de nouvelles perspectives et la prospérité au plus grand nombre.

Nous nous réjouissons du succès de la cinquième conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial a eu lieu les 16 et 17 Septembre 2016. En plus de sauver des vies, ces ressources contribueront à accélérer le développement économique de mon pays et celui de nombreux autres pays à faible revenu et à revenu intermédiaire.

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