En toute simplicité

Alors que se profilent les traditionnelles ventes aux enchères de la haute joaillerie organisées en novembre à Genève, la maison de Grisogono dévoilait mi-septembre l’une de ses récentes acquisitions, The Constellation, une pierre de 813 carats – soit 162,6 g pour 6 cm de diamant brut – extraite d’une mine botswanaise et achetée au canadien Lucara Diamond pour la bagatelle de 63 millions de dollars (56 millions d’euros).

Vue de Genève. © Patrick Nouhailler/CC/Flickr

Vue de Genève. © Patrick Nouhailler/CC/Flickr

CECILE-MANCIAUX-2024
  • Cécile Manciaux

    Journaliste à Jeune Afrique depuis 2008, Cécile Manciaux est rédactrice en chef adjointe, responsable de la section « Grand format » de l’hebdomadaire. Ses principaux centres d’intérêt : l’aménagement et le développement urbain, le droit électoral, les religions, les trésors linguistiques.

Publié le 13 octobre 2016 Lecture : 3 minutes.

Le Palais fédéral à Berne, siège du gouvernement et du Parlement. © Photononstop
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Suisse-Afrique : être à la hauteur

Discrétion, influence, rigueur et neutralité… Des qualités que la Suisse cultive pour renforcer ses relations avec le continent. Notamment en matière de business.

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Un record. En mai, la PME genevoise, portée depuis 2012 par des investisseurs étrangers (dont Sindika Dokolo, l’époux d’Isabel dos Santos, fille du président angolais), avait déjà réalisé un gros coup en achetant le 404, un diamant de 404 carats découvert en Angola. Avant de la faire travailler et sertir dans son atelier de la commune de Plan-les-Ouates, Fawaz Gruosi, fondateur et directeur artistique de la maison, n’avait pas manqué de présenter la pierre à la jet-set, lors d’une soirée VIP à l’Eden-Roc de Cannes, en plein festival.

De quoi faire blêmir ses concurrents et compatriotes, pour la plupart au moins aussi épris de discrétion, de mesure et de finesse qu’ils sont soucieux de faire rayonner le savoir-faire et la qualité suisses à l’étranger. Un trait de caractère d’ailleurs largement partagé par les milieux d’affaires comme par les dirigeants de la Confédération.

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Car, certes, ses pierres précieuses, son or, ses grandes fortunes, ses hôtels de luxe, ses banques et ses ports francs font fantasmer toute la planète. Mais la Suisse, c’est avant tout un énorme capital de simplicité – assortie de l’efficacité qui va avec. Des palais bernois aux ateliers d’horlogerie de La Chaux-de-Fonds, des jeunes pousses de la « Crypto Valley » de Zoug aux laboratoires des écoles polytechniques fédérales de Zurich et de Lausanne, on est disponible, prêt à écouter, à innover… « Service ! » comme on dit en Suisse. Et c’est avant tout cette image que donnent de leur pays les 21 600 citoyens helvétiques établis en Afrique (contre 17 000 au début des années 2000).

La plus grande partie de l’aide au développement suisse s’adresse au continent.

Si ses relations avec le continent ont évolué depuis, la Confédération continue de mettre en avant les principes de neutralité et de solidarité prônés par Max Petitpierre (qui la dirigea de 1945 à 1961) pour préconiser une politique active, et promouvoir l’aide publique au développement. Officiellement, ou officieusement, la Suisse est encore régulièrement sollicitée au Sahel, en Afrique du Nord, en Afrique de l’Est pour offrir ses bons offices en matière de médiation. Pour enquêter, observer.

Aujourd’hui encore, la plus grande partie de son aide au développement s’adresse au continent, où ses actions et financements dans le domaine de la coopération économique montent en puissance. Ils portent sur la réalisation d’infrastructures, l’essor du secteur privé local, la gestion et la gouvernance avec pour pays prioritaires, ces deux dernières années, le Ghana, la Tunisie, l’Afrique du Sud, l’Égypte et le Burkina Faso.

Au-delà de l’importance de sa place financière et de ses activités liées au négoce de matières premières, en particulier de l’or et des pierres précieuses, la Suisse cultive d’autres spécificités dans ses relations d’affaires avec l’Afrique, où ses fleurons de l’industrie, de l’ingénierie ou des transports et de la logistique sont présents depuis des décennies, à l’instar de Novartis, Nestlé, Andritz Hydro, Panalpina, etc.

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Outre ses légendaires transferts de technologies et de savoir-faire, ses premiers postes d’exportation demeurent – par poids décroissant – ceux de la pharmacie et de la chimie, des machines et de l’électronique, de l’horlogerie et des instruments de précision. Autant de « spécialités suisses » pour lesquelles les entreprises de la Confédération se sont attelées à trouver de nouveaux débouchés sur le continent, en travaillant petit à petit avec leurs collaborateurs sur place, avec de nouveaux partenaires suisses et africains, publics et privés, en adaptant leurs produits et leurs coûts aux marchés… Une souplesse et une réactivité qui devraient enfin rendre les Suisses bien visibles.

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