Congo-Brazza : le budget 2017 réduit d’un quart
Qualifié de « prudent et de vigilant », le Conseil des ministres du Congo-Brazzaville a adopté vendredi soir un projet de loi de finances marqué par un fort ralentissement de ses ressources (-27%) et de ses dépenses, a fait savoir lundi matin l’exécutif. Il table sur une croissance de l’économie de +3,4% en 2017, contre +2,6% en 2016, et doit encore être voté par le Parlement.
Présenté deux jours après un accord sur une baisse de la production des pays membres de l’Opep, le budget 2017 du Congo-Brazzaville, très tributaire des exports d’hydrocarbures (3/4 des recettes publiques et plus de 80 % de ses exportations), ne témoigne pas d’un embellissement.
Bien au contraire : le projet de loi de finances adopté par le Conseil des ministres vendredi soir prévoit des recettes budgétaires de 1 680 milliards de francs CFA en 2017 (2,56 milliards d’euros). Soit une baisse de 27% par rapport aux 2 333 milliards de F CFA inscrits dans la loi de finances initiale 2016, qui avait déjà été revue à la baisse à 2 121 milliards de F CFA mi-juin.
Production pétrolière en baisse malgré le démarrage de nouveaux gisements
Dans sa communication de lundi matin sur l’adoption de de ce budget, qui doit encore être soumis au vote du Parlement, le gouvernement congolais rapporte que les ressources de cette année atteignent 1 817 milliards de francs CFA, encore en deçà des prévisions amendées.
La production pétrolière est, elle aussi, attendue à la baisse à 93,5 millions de barils de pétrole en 2017, contre un objectif de 94,125 millions de barils qui était encore visé pour 2016 dans le budget rectificatif de mi-juin. Les recettes non fiscales sont fixées à 510 milliards dont 476 milliards de recettes pétrolières, contre 544 milliards de F CFA de revenus pétroliers dans la loi rectificative 2016, et 754 milliards de F CFA espérés dans la loi de finances initiale.
Dans ce contexte, la croissance du PIB anticipée par Brazzaville, qui s’attend à un bond de +3,4% de son PIB, contre une progression de 2,6% encore escomptée en 2016, paraît curieuse. Elle est justifiée par la mise en production du champ Moho Nord et par me démarrage du champ de Lianzi , à même d’enclencher « un regain d’activité du secteur pétrolier », indique le gouvernement dans sa communication.
Un « moment difficile »
Un « moment difficile » selon les propres termes du président Denis Sassou Nguesso, dont c’est le premier budget après sa réélection contestée le 20 mars 2016 pour un troisième mandat présidentiel. Un moment difficile qui se fait aussi très clairement sentir du côté des charges financières anticipées en 2017, dont le mot d’ordre est à la réduction du train de vie de l’État.
Ainsi les charges budgétaires prévisionnelles s’établissent 2 107 milliards de francs CFA, bien en dessous 2 608 milliards de F CFA prévus l’an dernier. Mi-juin, dans la loi de finances rectificative, ce montant avait déjà été ramené à 2 396 milliards de F CFA. Un objectif qui ne semble pas avoir été tenu puisque l’exécutif congolais parle désormais de charges de 2 454 milliards de francs CFA en 2016.
Ces prévisions de charges incluent une revalorisation des salaires des fonctionnaires – gelés de 1994 à 2011 – et tout ou partie des coûts de l’organisation des dernières élections présidentielles, selon la communication gouvernementale.
Déficit
À 427 milliards de F CFA l’an prochain, le déficit se situerait autour de 2% du PIB (35,2 milliards de dollars en 2015), en ligne avec les -2,3% du PIB sur la période 2015-2018 attendus par l’agence de notation financière américaine Standard & Poor’s, contre un excédent moyen de +8,2% en 2010-2014.
Début août, les tensions de trésorerie du pays sont apparues au grand jour, lorsque l’État n’a pas honoré le paiement d’une échéance de l’emprunt obligataire contracté en 2007 dans le cadre de la restructuration de sa dette. Les autorités congolaises s’en sont finalement acquittées, renvoyant à une « erreur administrative ».
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