Ebola en Sierra Leone : le président Koroma appelle à une semaine de prières et de jeûne
Le président sierra-léonais Ernest Bai Koroma a appelé jeudi, dans un discours du Nouvel An, à observer une semaine de prières et de jeûne pour lutter contre l’épidémie d’Ebola dans son pays, où un nombre record de cas a été enregistré.
"Avec l’accord des chefs religieux, nous appelons à sept jours de prières, de jeûne et de charité à partir d’aujourd’hui" jeudi, a indiqué le dirigeant sierra-léonais dans ce discours à la Nation.
"Je demande à tout le monde de faire des actions de grâce et de clémence", a ajouté M. Koroma dont le pays compte 60% de musulmans, 10% de chrétiens et 30% d’animistes.
En Sierra Leone comme dans beaucoup de pays d’Afrique, les populations participent sans distinction à toutes les fêtes religieuses.
M. Koroma a annoncé que selon ses instructions, "le ministre de l’Education nationale mettait en place les modalités pour rouvrir le plus rapidement possible les écoles et collèges" fermés depuis l’instauration de l’état d’urgence fin juillet. "Les dates de réouverture et leurs modalités seront annoncées le moment venu".
M. Koroma s’en est pris à ceux qui voudraient profiter de l’épidémie d’Ebola "pour faire de l’argent": "Ce sont des gens qui ne sont pas impliqués dans l’élévation des connaissances sur Ebola mais par la levée de fonds pour leurs fins égoïstes".
Il n’a toutefois pas spécifiquement évoqué les agents de santé actuellement en grève illimitée, dans un hôpital public dans le nord du pays, pour réclamer des primes de risque.
Cet appel est lancé alors que de nouveaux foyers d’Ebola sont apparus ces derniers jours dans trois chefferies de Kono (est) – Kamara, Nimikoro et Nimiyama -, selon des responsables locaux et des habitants.
Campagne de porte à porte
Une vaste campagne de porte-à-porte dite "Operation Western Area Surge", entamée le 17 décembre pour freiner la progression de la maladie dans l’Ouest, comprenant Freetown, s’est terminée mercredi. Le bilan n’était pas connu jeudi.
Pour contenir l’épidémie dans le Nord, la population avait été confinée du 24 au 28 décembre.
Ebola a fait en un an au moins 7.890 morts sur un total de 20.171 cas enregistrés dans les trois pays les plus touchés, la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone, selon un dernier bilan.
Ce dernier pays, qui enregistre le plus grand nombre de cas, a fait état de 9.446 cas dont 2.758 mortels.
Pour contenir la progression de l’épidémie, le gouvernement a interdit les rassemblements publics pour Noël et le Nouvel an.
Beaucoup d’habitants ont suivi à la radio et à la télévision les messes de minuit. Nombre d’entre eux ont soutenu cette interdiction.
"Jamais de ma vie je n’ai connu une telle quiétude qui m’a permis de savoir ce que Noël et le Nouvel an signifient", a affirmé à l’AFP Cyril Smith, un retraité de 85 ans à Freetown.
"Pas de bals masqués, pas de vols de téléphones portables et de sacs à main de femmes. Le gouvernement devrait penser à instaurer ces mesures (d’interdiction des rassemblements publics) en permanence", a-t-il dit.
L’interdiction m’a donné "une rare chance de passer le temps avec ma famille, réfléchir sur la vie et me rappeler ceux qui sont morts d’Ebola", et sans cette mesure, "il y aurait de nombreux accidents et des conduites en état d’ivresse", a indiqué, Morlai Kamara, joint à Makeni, un chef-lieu de département dans le nord du pays. Selon lui, c’est "une sage" décision.
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