Afrique du sud : violents heurts entre policiers et étudiants à Johannesburg
La police a de nouveau tiré mardi à Johannesburg des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes pour disperser des étudiants réclamant une éducation gratuite pour tous. Ce mouvement national de contestation agite depuis des semaines les universités sud-africaines.
Les échauffourées ont éclaté mardi 4 octobre sur le campus de la prestigieuse université de Wits, à Johannesburg, où les cours devaient reprendre après deux semaines d’interruption.
« Il y a eu des tentatives de perturber les cours à Wits aujourd’hui. La police disperse actuellement les étudiants avec des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes », a indiqué l’université dans un communiqué.
Des blessés
Plusieurs policiers et étudiants ont été blessés lors de ces heurts, selon des images diffusées par la chaîne de télévision sud-africaine ANN7.
« L’université veut nous arrêter au lieu de nous écouter », s’est indigné un étudiant en droit, Patrick Shabalala, 21 ans. « Nous voulons étudier et ne pas avoir à rembourser des prêts sans fin au gouvernement. C’est la raison pour laquelle on manifeste », a-t-il expliqué à l’AFP.
Hausse des frais universitaires limitée à 8%
Le 19 septembre, le gouvernement sud-africain avait donné son aval à une augmentation des frais universitaires limitée à 8%, soit une hausse supérieure à l’inflation annuelle de 6%. Cette décision avait déclenché de nouvelles manifestations sur les campus, un an après un mouvement similaire qui s’était soldé par un gel des frais universitaires pour 2016.
Lundi, le président sud-africain Jacob Zuma a prévenu que la police avait reçu l’ordre « d’arrêter ceux qui profitent des doléances sincères des étudiants pour commettre de graves infractions sur les campus ». « Les problèmes de financement de l’éducation ne peuvent pas justifier la violence et les destructions de biens », a-t-il insisté.
La gratuité de l’enseignement en débat
Les manifestants réclament une éducation gratuite pour tous, conformément, selon eux, à la Charte sud-africaine des libertés. La plupart des exigences de ce document clé – adopté pendant l’apartheid en 1955 par le Congrès national africain (ANC), aujourd’hui au pouvoir – sont incluses dans l’actuelle Constitution du pays.
Mais l’interprétation de la Charte varie. L’ANC affirme ainsi qu’elle ne prévoit pas en tant que telle l’éducation gratuite pour tous, mais seulement pour les « pauvres ».
Le gouvernement s’est engagé à prendre en charge pour 2017 l’augmentation des frais universitaires pour tous les étudiants issus de foyers gagnant moins de 600 000 rands par an, soit 40 000 euros. Une mesure qui n’a pas suffi à calmer la grogne estudiantine.
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