Mauritanie : la défense fait appel de la condamnation à mort pour apostasie

Les avocats d’un jeune Mauritanien incarcéré depuis près d’un an pour un écrit considéré comme blasphématoire envers le prophète Mahomet et condamné à mort cette semaine pour apostasie par un tribunal du nord-ouest de la Mauritanie ont interjeté appel, a indiqué à l’AFP dimanche une source judiciaire.

Le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, (g) à Nouakchott le 19 décembre 2014. © AFP

Le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, (g) à Nouakchott le 19 décembre 2014. © AFP

Publié le 28 décembre 2014 Lecture : 2 minutes.

Les défenseurs de Mohamed Cheikh Ould Mohamed, 29 ans, ont saisi vendredi la Cour d’appel de Nouadhibou, ville où il est détenu depuis le 2 janvier, a précisé sous couvert d’anonymat cette source jointe sur place.

M. Ould Mohamed – également identifié comme Cheikh Ould Mohamed Ould Mkheitir – a été reconnu coupable d’apostasie et condamné à mort le 24 décembre par la Cour criminelle de Nouadhibou. Le tribunal lui reprochait d’"avoir parlé avec légèreté du prophète Mahomet et enfreint aux ordres divins" dans un article publié brièvement sur des sites Internet mauritaniens en janvier 2014.

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Avant et durant son procès, il s’est repenti tout en niant l’accusation à son encontre, selon des sources judiciaires. Devant la cour, il a expliqué qu’il n’avait pas l’intention de critiquer le Prophète, mais de défendre une composante sociale "mal considérée et maltraitée", la caste des forgerons ("maalemines"), dont il est lui-même issu, traditionnellement au bas de l’échelle sociale.

Ses avocats, commis d’office, sont très discrets sur leurs activités autour de ce procès dont le verdict a provoqué des manifestations de joie.

En interjetant appel, la défense espère obtenir "une application moins rigoureuse des textes, surtout que le Code pénal prévoit des conditions atténuantes en cas de repentir", a indiqué la source judiciaire jointe dimanche.

Une source proche du parquet de Nouadhibou a toutefois mis en doute la sincérité de la contrition formulée par M. Ould Mohamed. "Le prévenu n’a pas exprimé un repentir en bonne et due forme. Un repentir au conditionnel n’en est pas un au regard de la loi", a-t-elle dit à l’AFP dimanche.

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Pour elle, ces "différences d’appréciation de la forme du repentir au regard du Code pénal mauritanien et leurs conséquences pour l’avenir jurisprudentielles risquent de constituer l’essentiel des débats qui marqueront le procès en appel" dont la date reste à fixer.

La Mauritanie est une République islamique où la charia (loi islamique) est en vigueur mais dont les sentences extrêmes comme les peines de mort et de flagellation ne sont plus appliquées depuis environ trois décennies.

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La peine de mort n’y est pas officiellement abolie mais la dernière éxécution remonte à 1987, selon Amnesty International.
 

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