Législatives au Maroc : les notables sahraouis en force à Laâyoune

Comme à chaque scrutin électoral, la capitale du Sahara sera disputée par les seigneurs locaux. Soutenus par une légitimité tribale, une manne financière et la confiance du Makhzen, ils tenteront d’élargir leur domination sur la ville.

Hamdi Ould Errachid, homme d’affaires, député et maire de Laâyoune. Ici, à Rabat, le 15 octobre 2015. © Vincent Fournier/JA

Hamdi Ould Errachid, homme d’affaires, député et maire de Laâyoune. Ici, à Rabat, le 15 octobre 2015. © Vincent Fournier/JA

ProfilAuteur_NadiaLamlili

Publié le 5 octobre 2016 Lecture : 2 minutes.

Aux oubliettes, le duel PAM/PJD ! À Laâyoune, les enjeux sont autrement plus sensibles pour trois raisons principales. D’abord, elle est le chef lieu du Sahara, au statut international encore en suspend, sous surveillance étroite des autorités marocaines qui cherchent à y éviter tout débordement social.

Le Sahara, un territoire à part

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Ensuite, contrairement aux autres villes du royaume, les duels électoraux sont des batailles d’influence entre les grandes tribus du Sahara (les Rguibat à Laâyoune, les Ould Dlim à Dakhla et les Tekna dans les régions berbérophones) et non des batailles idéologiques. C’est pourquoi, tous les partis politiques veillent à mettre des sahraouis autochtones en têtes de listes.

Et enfin, le Sahara est une région qui vote massivement grâce à la forte mobilisation tribale, réalisant la moyenne la plus élevée de tout le territoire national : + 70% dans des provinces comme Assa Zag, Tarfaya, Boujdour ou encore Aousserd, en 2011.

Dans le paysage électoral marocain, il y a donc bien une exception sahraouie qui sera matérialisée, le 7 octobre, par une confrontation entre le clan de l’istiqlalien Hamdi Ould Errachid, membre influent de la tribu des Rguibat, le pamiste, Mohamed Salem Joumani, et l’usfpéiste Hassan Derham. Dix-neuf listes électorales, totalisant 57 candidats, sont en lice pour pourvoir les trois sièges réservés à cette province de 259 000 habitants.

Les seigneurs du désert

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Parmi les trois candidats, celui qui est le plus en vue est Hamdi Ould Errachid, maître absolu de Laâyoune. Député-maire de la ville, il est également président de la région Laâyoune Saquia El Hamra. Fervent défenseur de l’unité des sahraouis autour du trône alaouite, il a rendu de bons et loyaux services à Rabat qui en a fait un porte-parole pour convaincre tous ceux qui désirent entendre le bien-fondé de sa position de la bouche d’un sahraoui. Son frère n’est autre que Khalihenna Ould Errachid, président du Conseil royal consultatif des affaires sahariennes (Corcas) et ancien de ministre des affaires sahariennes sous Hassan II.

Son adversaire direct est le candidat socialiste Hassan Derham, patron de la première compagnie de distribution d’hydrocarbures dans le Sahara, Atlas, mais aussi de plusieurs compagnies agricoles et d’une importante flotte de véhicules de transport routier et maritime. Issu d’une famille de commerçants, il a su tisser de solides relations d’affaires avec les îles Canaries et dirige également le club de foot local, le club de la Jeunesse sportive d’Al Massira (JSM). Transfuge du Rassemblement national des indépendants (RNI), qui ne lui a pas porté chance dans les élections communales de 2015, il vient de réintégrer son parti d’origine l’Union socialiste des forces populaires (USFP).

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Entre les deux, le candidat du PAM, Mohamed Salem Joumani, issu de la tribu des Rguibat comme les Ould Errachid et dissident du Mouvement populaire (MP), tentera de se faire une place dans une ville où son parti n’a jamais encore eu de siège parlementaire.

Un opposant, nommé PJD

Les autres partis ont plutôt joué la carte de la jeunesse à l’instar du Rassemblement national des indépendants qui a désigné l’actuel président de la commune rurale de Foum El-Oued, Mohamed Ayach, à Laâyoune, ou du PJD qui a nommé Brahim Daïf.

Jouant les trouble-fêtes, le secrétaire provincial du PJD occupe aussi le poste de conseiller communal à la mairie de Laâyoune. Depuis  2015, il mène une opposition farouche à Hamdi Ould Errachid au sein du Conseil l’accusant d’ »hégémonie» et de « pratiques anti-démocratiques ».

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