Sans datacenters performants, les groupes panafricains ne prendront pas leur envol
Généralisation de la 4G, arrivée de câbles internationaux, explosion du mobile banking, la révolution digitale a déjà éclaté en Afrique et ne compte pas s’arrêter. En 2050, un quart des données informatiques mondiales seront africaines. Tout va plus vite, plus fort, plus loin. Mais nos infrastructures technologiques et nos ressources en matière de gestion de l’information permettent-elles vraiment d’accompagner l’envol de champions africains ? Sommes-nous technologiquement prêts pour l’émergence ?
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Ange Kacou Diagou
Ange Kacou Diagou est le directeur général de NSIA Technologies, fournisseur de services d’Ingénierie Informatique et filiale du groupe de bancassurance fondé par Jean Kacou Diagou.
Publié le 5 octobre 2016 Lecture : 3 minutes.
Portée par des taux de croissance supérieurs à 5 % par an depuis le début des années 2000, l’Afrique subsaharienne se transforme à grande vitesse et consolide son secteur privé. Selon les estimations, d’ici 2050, la population africaine avoisinera les 2 milliards d’habitants, soit un quart de la population mondiale. Cette croissance et cette démographie impliquent une quantité astronomique de données qu’il faudra stocker, gérer et exploiter par tous et à tout moment. Il en va de notre souveraineté économique.
Toutefois la dernière étude publiée par Deloitte Côte d’Ivoire interpelle par l’une de ses principales conclusions. Les experts du cabinet d’audit international jugent ainsi que le niveau de maturité moyen des entreprises ivoiriennes « reste assez bas relativement aux attentes d’une économie numérique ivoirienne en plein essor« .
Que penser de cette conclusion alors que la Côte d’Ivoire devient une plateforme de l’innovation en Afrique de l’Ouest ? Qu’en est-il dans les autres pays de la zone ? Dans une journée, combien de fois prenons-nous des VTC à l’instar de ceux d’Africab, réservons-nous des vols sur des plateformes comme Jumia ou utilisons les services de mobile money des opérateurs de téléphonie mobile ?
Face à l’augmentation du nombre de données, les datacenters (centre de données) de nos entreprises africaines doivent être capables de relever les futurs défis qui nous attendent. Je me félicite que le secteur dans son ensemble réalise l’urgence qui est face à nous. Tout comme NSIA Technologies, le français Orange, l’américain IBM ou le tunisien Poulina ont investi dans des datacenters de grande envergure. Chacun avec son superlatif associé. Ces opérations témoignent de la manière avec laquelle le continent africain devient immensément stratégique pour les opérateurs du secteur de l’information. Mais je pense qu’il est temps pour l’Afrique subsaharienne de s’approprier ses innovations.
« Leapfrog africain »
La 12e édition du salon Africa Telecom People, qui s’ouvre cette semaine à Abidjan, sera consacrée à l’avènement africain des objets connectés. Car désormais, la transformation numérique touche tous les domaines d’activités : santé, assurance et banque, transport et logistique, sécurité, éducation, tourisme, BTP, mines, pétrole, énergie… Et ce qu’on appelle désormais le « leapfrog africain » [l’avantage du dernier arrivé] fait peser sur les organisations et les administrations des challenges importants. Tous doivent pouvoir accéder à l’information et la traiter de manière efficace, rentable et sécurisée pour garantir le meilleur service, qu’il soit public ou commercial.
Cette information dont il est question, c’est en réalité des millions de téraoctets de données. Les centres de données s’imposent donc comme des piliers de l’émergence du continent, au même titre que les infrastructures routières ou sanitaires. Leur installation permet le stockage, la sauvegarde, le traitement et la transmission rapide de vastes quantités de données informatiques au niveau local, mais également d’offrir une meilleure connexion aux réseaux internet et intranet… et de garantir l’utilité des objets connectés.
Il est difficile à présent de croire que sans datacenters, nos pays peuvent prétendre attirer des investisseurs ou faire émerger des champions africains, tous secteurs confondus. Il est vrai que la transition informatique est une phase délicate pour une organisation, elle n’en demeure pas moins un investissement stratégique dont les effets sont appréciables rapidement par le plus grand nombre.
Aujourd’hui, nous avons une nouvelle fois la possibilité de créer notre modèle, et d’en assurer la souveraineté et la sécurité. Le continent africain n’est désormais plus à l’abri des attaques virtuelles, et en sera avec certitude la cible demain. L’économie de l’information s’impose donc bel et bien comme l’un des principaux moteurs de notre croissance. Attention à ne pas manquer le coche.
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