Maroc : ambiance festive pour la campagne de M’barka Bouaida au Sahara

Le Rassemblement national des indépendants (RNI) a débarqué en force mercredi à Guelmim, au sud du Maroc, pour soutenir la candidature d’une des stars du parti : la ministre M’barka Bouaida. Jeune Afrique a été du voyage.

M’barka Bouaida lors d’un meeting à Guelmin, le 6 octobre 2016. © RNI

M’barka Bouaida lors d’un meeting à Guelmin, le 6 octobre 2016. © RNI

fahhd iraqi

Publié le 6 octobre 2016 Lecture : 4 minutes.

Mercredi 5 octobre. Par voie aérienne, « la porte du Sahara » marocain ressemble à un petit hangar dans une base aérienne militaire. Le souffle chaud qui vous accueille sur le tarmac, accentué par l’hélice d’un hélicoptère qui atterrit, laisse humer un petit air de campagne électorale différente : le genre de campagne particulière aux provinces du Sud, avec la mixité ethnique en prime.

Bienvenue à Guelmim, à 730km de Rabat, où le Rassemblement national des indépendants (RNI) a choisi de sortir le grand jeu pour son avant-dernier meeting de la campagne électorale qui s’achève ce 6 octobre à minuit. Le choix n’est pas fortuit : Guelmim est le fief de la famille Bouaida, un des clans les plus influents du parti de la colombe et qui a l’habitude de contribuer au compteur du RNI en élus.

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Aux régionales de 2015, c’est un des aînés de la famille, Abderrahim Bouaida, qui a décroché de justesse la présidence de la région Guelmim Oued Noun. Alors, pour ces législatives, il laisse la politesse à sa cousine pour défendre les couleurs du parti. Il faut reconnaître que M’barka Bouaida est encore plus connue que lui. C’est une des stars de la politique marocaine.

À 41 ans, cette sahraouie, formée à l’anglaise, a déjà derrière elle un mandat de députée, une présidence de commission parlementaire et surtout, une demie-législature au gouvernement Benkirane en tant que ministre déléguée aux Affaires étrangères, sous l’aile de Salaheddine Mezouar, président du RNI.

Un festin en pré-meeting

Pour rejoindre le fief de M’barka Bouaida, il faut traverser toute la ville de Guelmim. Une affaire de 5 minutes chrono (si ce n’était le détour forcé), juste le temps d’entrevoir quelques affiches publicitaires des 16 listes en compétition dans cette circonscription. À la sortie de la ville, une route moyennement praticable mène jusqu’au douar de Laqsabi, situé à une dizaine de kilomètres.

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C’est ici, dans la maison de son grand-père, que M’barka Bouaida reçoit pour cette journée cruciale de sa campagne. Un déjeuner y est organisé en présence de plusieurs membres du bureau politique du RNI. Parmi eux, une revenante : Nawal El Moutawakil, ancienne ministre des Sports qui, après l’organisation des Jeux olympiques de Rio, est rentrée au bercail, en première de la liste nationale des femmes du RNI.

À la centaine de convives, présentés comme des notables locaux et des chefs de tribus sympathisants du parti, la championne olympique – comme son président Mezouar et la candidate Bouaida – distribue sourires, bises et compliments en faisant le tour des tables. Aux quelques journalistes « embedded » dans la caravane RNI à Guelmim, ils distillent les déclarations avec des éléments de langage bien rodés : « Nous sommes confiants, nous avons une base derrière nous », martèlent-ils en substance. Après un festin à la grandeur de l’événement, comme le veulent les coutumes électorales, les invités forment un cortège pour prendre la route en direction de la salle couverte de Guelmim.

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Discours & partition

Dans cette infrastructure de la ville où est prévu le rassemblement populaire, un cérémonial d’accueil digne des us makhzéniens attend l’état-major du RNI : des notables se mettent en rang pour saluer le président Mezouar et son bureau, des fillettes leur servent du lait et des dattes.

Le tout, face à une demi-douzaine de cavaliers de fantasia qui ont du mal à maîtriser leurs montures. Mais quand ils font leur entrée dans la salle, Mezouar et les têtes d’affiches du jour, sont accueillis par une salve d’applaudissements des 1 500 personnes qui remplissent les gradins. Vient alors le temps des discours où chacune des figures du RNI joue sa partition : Bouaida joue sur la fibre locale et l’unité nationale, son colistier se lance dans les promesses de construction d’infrastructures dans la région ; Nawal El Moutawakil est d’ailleurs là pour rappeler que c’est elle qui a lancé le projet de cette salle couverte ; la tête de liste des jeunes RNI disserte en arabo-amazigh de la diversité culturelle de cette région ; et enfin, c’est au président Mezouar qu’on laisse la politesse pour tailler des croupières aux partis concurrents.

Tout le séquentiel de discours est ponctué par des intermèdes en live, de chants, musiques et danses berbères et hassanis. Après tout, la campagne électorale doit être un peu la fête. Une fête justement qui se poursuit dans les rues de Guelmim.

Dure, dure la concurrence

À la sortie de la salle couverte, deux bus touristiques à toit ouverts (ramenés de Marrakech) accueillent les stars du RNI et leurs invités VIP pour une tournée de distribution de tracts dans la ville. Les hauts parleurs embarqués vocifèrent une mélodie spécialement produite pour ces élections. Elle chante les louanges de la candidate et du parti. Au détour d’un carrefour, les bus du RNI – suivis d’une kyrielle de triporteurs et véhicules utilitaires où les militants ont pris place – croise un autre cortège électoral. Les deux camps se lancent alors dans une bataille de jet de tracts. Rien de méchant, mais ça en dit long sur la concurrence qui règne dans cette circonscription.

À la fin de la tournée, M’barka Bouaida l’admet elle-même  : « Ça ne va pas être facile, l’USFP joue la carte de la division dans cette circonscription qui compte des tribus sahraouis et autres amazighs. Le PJD, lui, mène un travail de proximité depuis de longues années qui peut s’avérer payant cette fois-ci ». Mais bien évidemment, sa victoire, elle y croit toujours…

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