Algérie : un ancien lieutenant du chef d’AQMI abattu par les forces spéciales
Djamel Hanneb, un proche du chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique, Abdelmalek Droukdel, a été tué jeudi par l’armée algérienne. Depuis un an, cette dernière multiplie les assauts contre les terroristes aux quatre coins du pays.
L’armée algérienne a-t-elle fait un nouveau pas dans la traque d’Abdelmalek Droukdel, chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) ? Dans l’après-midi du jeudi 6 octobre, une unité des forces spéciales a abattu un terroriste, Djamel Hanneb, lors d’une opération de ratissage menée dans la région de Boumerdès, à 90 km à l’est d’Alger.
Vétéran des maquis qu’il avait rejoints au milieu des années 1990, à l’époque où les groupes islamiques armés faisaient régner la terreur dans le pays, cet activiste est présenté comme un des anciens bras droit de Droukdel.
Auteur de plusieurs attaques et massacres, maintes fois condamné à mort par contumace par la justice algérienne, Djamel Hanneb serait chargé des recrutements et des finances au sein d’AQMI.
Une semaine plus tôt, cinq terroristes avaient été éliminés lors d’une opération menée dans la zone montagneuse près de Batna (450 km au sud-est d’Alger), indiquait un communiqué du ministère algérien de la Défense.
Les coups de filet se multiplient
Depuis le départ à la retraite en septembre 2015 du général major Mohamed Médiène dit Toufik, patron du DRS (Département du renseignement et de la sécurité, dissous en janvier 2016), l’armée semble avoir adopté une nouvelle stratégie dans la lutte antiterroriste. Du moins, au niveau de la communication.
Il ne se passe un jour sans que le ministère de la Défense ne fasse état de l’élimination d’activistes islamiques aux quatre coins du pays. Ces opérations sont souvent accompagnées d’importantes saisies d’armes légères ou lourdes, notamment au niveau des frontières avec la Tunisie, la Libye ou les pays du Sahel.
Selon le commandement militaire algérien, près de 110 terroristes ont été ainsi abattus depuis le début de l’année en cours, plus d’une trentaine se sont rendus et 80 éléments actifs dans les réseaux de soutien ont été neutralisés. Durant la même période, quelque 280 caches et ateliers de fabrication d’armes et d’explosifs ont été découverts.
Présence terroriste éparpillée
Cette stratégie de traque, d’encerclement et de neutralisation des groupes armés accrédite la thèse d’un terrorisme résiduel. Au milieu des années 1990, à l’apogée de sa puissance, la nébuleuse terroriste comptait près de 23 000 hommes. Vingt ans plus tard, ils seraient moins de 800 activistes, selon des sources concordantes. Ils sont essentiellement présents dans l’Est, en Kabylie, dans le Centre, dans le Sud ainsi que dans certaines régions de l’Ouest.
« Ce sont des groupuscules dotés d’armes légères et qui se déplacent constamment, expliquait en juillet dernier un ex-commando des forces spéciales qui s’exprimait sous le sceau de l’anonymat. Ils ont perdu l’environnement sociétal qui faisait autrefois leur force. Les moyens d’écoute et d’interception déployés sur l’ensemble du territoire rendent l’usage des téléphones portables presque impossible. Dès que les terroristes entrent en action, ils sont très vite repérés et éliminés. » Résultat : les attentats et les attaques contre les forces de sécurité se font de plus en plus rares.
Disparu des radars
La mort de Djamel Hanneb, ce jeudi 6 octobre, pourrait-elle rapprocher davantage les forces de sécurité du repaire où se terre l’émir national d’AQMI ? Traqué depuis 2004, date à laquelle il est intronisé chef du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), puis d’Al-Qaïda au Maghreb, Abdelmalek Droukdel, 45 ans, a totalement disparu des radars. Il ne communique plus par téléphone de peur d’être rapidement repéré par les services d’écoutes et d’interception et ses sorties audio ou vidéo se font de plus en plus rares.
Donné pour mort à plusieurs reprises, il a réussi à déjouer plus d’une vingtaine de tentatives d’arrestation ou d’élimination. Certaines sources estiment que ce vétéran de la lutte armée se cacherait quelque part dans les montagnes de Kabylie.
Le déploiement massif des militaires dans cette région ainsi que les opérations qui avaient suivi l’assassinat du touriste français Hervé Gourdel, décapité en septembre 2014 par un groupe qui avait fait allégeance à Daesh, rend sa présence dans ces massifs montagneux de Kabylie très peu probable. Ces massifs étant désormais sous le contrôle et la surveillance des forces de sécurité, Droukdel aurait trouvé refuge dans les maquis de Tébessa, près des frontières avec le voisin tunisien.
Connexion tunisienne
Selon des renseignements militaires, il avait échappé en février dernier à un raid mené par l’armée américaine contre un camp de l’organisation État islamique, près de la ville de Sabratha, à 70 km de Tripoli. Pour les Américains, ce camp abritait notamment le cerveau des attentats du Bardo et de Sousse, en Tunisie, dans lesquels 60 touristes européens ont été tués en juin 2015. « Droukdel devait se rendre dans ce camp, mais il n’a pas pu sortir du territoire algérien », indique un spécialiste algérien en matière de défense et de sécurité.
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